Le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) et le gouvernement ivoirien, entendent accélérer le retour des quelque 50.000 réfugiés de la crise postélectorale de 2010-11 qui ne sont pas encore rentrés au pays et lutter contre la “manipulation” politique dont certains feraient l’objet.
Le gouvernement et le HCR qui se sont réunis pendant trois jours à Abidjan afin de trouver des “solutions durables” veulent atteindre le chiffre de “25.000 retours par an” mais se heurtent à plusieurs obstacles: des problèmes de logistique pouvant être facilement résolus comme en Guinée, où la frontière terrestre est fermée en raison d’Ebola, mais surtout des problèmes politiques, liés aux “réticences” des réfugiés du Ghana et du Togo, majoritairement pro-Gbagbo.
D’après le HCR, plus des deux tiers des 300.000 Ivoiriens ayant fui leur pays pendant ou après le conflit (2002-2011) sont déjà rentrés chez eux. Il resterait notamment 20.000 réfugiés au Liberia, 7.000 en Guinée ainsi que 11.000 exilés pro-Gbagbo au Ghana et environ 2.000 au Togo. Ces derniers avaient majoritairement fui après la crise postélectorale de 2010-2011 qui a fait plus de 3.000 morts en cinq mois.
Le retour des réfugiés est un enjeu majeur pour la réconciliation nationale, et l’une des priorités du président Alassane Ouattara, plus de cinq ans après la fin de la crise provoquée par le refus de l’ex-président Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire de son rival. “Pour le Liberia, il y a plus d’engouement avec plus de 16.000 retours.
Alors que pour le Ghana, en dehors des ministres (un ancien ministre et trois personnalités sont rentrés le 30 juin, ndlr), il n’y a que deux personnes qui s’étaient portées volontaires pour rentrer sur les 11.000. Sur le Togo, c’est 9 personnes sur 2.000… On sent la réticence de réfugiés du Ghana et du Togo”, souligne Liz Kapam Ahua, la représentante régionale du HCR.
“Les réfugiés évoquent le problème sécuritaire. Ils ont peur (…) de représailles parce que pendant la crise, il y a eu des crimes commis. Il ont peur d’être attaqués par leur voisins et il souhaiteraient être plus rassurés”, a-t-elle expliqué. Selon elle, une minorité de 2% estime être des réfugiés politiques et “non humanitaires” : “Il y a un petit groupe qui dit
+On ne peut pas rentrer tant que l’ancien président (Laurent Gbagbo, actuellement jugé à la CPI) n’est pas de retour+”. “Il y a une pression, une manipulation” de certains radicaux pro-Gbagbo pour convaincre les réfugiés de ne pas rentrer, a-t-elle rappelé promettant de
“mener des activités de sensibilisation” et “d’organiser des visites au pays par des réfugiés” afin qu’ils puissent ensuite “aller transmettre le message de ce qu’ils ont vécu”.
Avec Abidjan.net