Ces 5 dernières années, les secteurs coton et anacarde ont connu un développement spectaculaire sur lequel le premier responsable des 2 filières agricoles est revenu dans des échanges avec les éditeurs de presse de Côte d’Ivoire. C’était hier 25 octobre, dans le verdoyant cadre de l’Ivoire golf club, à Abidjan.
L’anacarde
S’agissant de l’anacarde, des changements structurels ont été opérés depuis sa réforme en 2013. Un programme national de recherche sur le produit est mis en œuvre. L’innovation majeure reste la traçabilité des noix dans la chaîne de commercialisation intérieure. Ce, après leur ramassage dans les champs jusqu’à leur vente et le transport jusqu’au port d’Abidjan avant leur exportation. Le mouvement des camions chargés d’anacarde suit une trajectoire verticale. Sens Nord-Sud. Pas l’inverse. Ce dispositif a l’avantage de lutter contre l’exportation frauduleuse des produits par voie terrestre vers les pays limitrophes. Notamment le Ghana (à l’Est) et le Burkina Faso (au Nord).
En vue de la professionnalisation de la filière, le Conseil du coton et de l’anacarde (CCA) – l’organe de régulation, apporte un appui en termes d’équipements aux organisations interprofessionnelles agricoles. Leurs membres reçoivent des formations liées aux bonnes pratiques de production, de conservation et de préservation de la qualité des noix brutes.
Le directeur général du CCA a relevé la mise à disposition de sacherie spécifique aux acteurs de la filière : une pour les producteurs et acheteurs, une autre pour les exportateurs. Par ailleurs, des cadres de promotion et de coopération internationale ont vu le jour. Ce sont le CICC [Conseil international consultatif du cajou] et le SIETTA [Salon international des équipements et des technologies de transformation de l’anacarde] dont la 3ème édition est prévue du 8 au 10 novembre prochain.
Ces changements intervenus dans le secteur anacarde ont hissé la Côte d’Ivoire en tête des pays producteurs au monde avec plus de 700.000 tonnes par an. Le cajou est devenu le 3ème produit d’exportation après le cacao et les produits pétroliers. Le prix d’achat minimum aux producteurs a connu des hausses graduelles. Passant de 200 francs CFA le kilogramme en 2013 à 500 francs CFA en 2018. « En 2017, la commercialisation des noix a rapporté 508 milliards de francs CFA aux producteurs », a souligné Adama Coulibaly.
Pour cette campagne 2018 toujours en cours, 738.000 tonnes ont déjà été commercialisées pour plus de 591.000 tonnes exportées. Vers des pays asiatiques particulièrement. Mais tout n’est pas rose. « Environ 18.000 tonnes n’ont pas été achetées », se désole le directeur général de la filière. Le faible niveau de transformation des noix brutes demeure le talon d’Achille du pays. Environ 7% de sa production sont transformés. Cependant, la volonté étatique ne fait pas défaut. La capacité industrielle installée a augmenté à 178.000 tonnes. Le potentiel opérationnel évalué à 116.000 tonnes en 2018.
Le coton
L’instauration d’une organisation interprofessionnelle appelée INTERCOTON qui fonctionne sans sons discordants, et l’attribution de zones exclusives d’intervention aux sociétés cotonnières (zonage) : les grands changements intervenus dans la filière « or blanc ». Fruits de la réforme de 2013, ces bouleversements structurels sont accompagnés par une mutualisation du processus de production, de multiplication et de distribution des semences aux producteurs. Un mécanisme inclusif d’identification des fournisseurs d’intrants chimiques et de détermination du prix de cession aux producteurs a été mis en place. Tout comme un dispositif unique de classement de la fibre de coton conforme aux normes internationales.
Le patron de l’organe de régulation s’est réjoui des retombées des nouvelles mesures. Entre autres, la hausse de la production de coton qui a atteint 413.205 tonnes en 2017-2018. Contre 360.000 en 2013-2014. Un accroissement du rendement moyen des surfaces (1.263 kg par hectare en 2017-2018 contre 955 kilogrammes en 2016-2017). « La meilleure performance dans la sous région Ouest africaine », a affirmé Adama Coulibaly.
Les réformes ont eu comme incidences l’augmentation du revenu du producteur évalué à 108 milliards de francs CFA en 2017. Contre 86 milliards de francs CFA en 2016. En 2017-2018, la qualité du coton ivoirien s’est améliorée avec plus de 52% de fibre de type supérieure. Contre 13% en 2014-2015.
Un secteur coton en pleine révolution. Qui explique, peut-être, la désignation de la Côte d’Ivoire pour abriter la 77ème plénière du Comité consultatif international du coton (CCIC/ICAC) sur le thème : « Défis du coton, solutions innovantes et durables ». C’est du 2 au 10 décembre 2018 à Abidjan. La toute première fois que le pays accueille une si importante réunion des géants mondiaux de l’or blanc.
De nombreuses perspectives dans les 2 filières. Dans le coton, il est prévu la constitution d’un fonds de lissage de 21 milliards de francs CFA pour soutenir les prix. La relance des industries de filature et de trituration (comme COTRAF à Korhogo) par des mesures d’appui pour l’approvisionnement en matières premières. Dans le secteur cajou, développement des technologies de transformation, des appuis au développement de l’industrie locale et à la plateforme qualité, la création de marques…
Avec financial