Enquête express: Ces embouteillages qui pénalisent les populations de Yopougon
Bruits de klaxons dans tous les sens et de façon intempestive, des épaisses fumées de voiture, des pannes, des collisions. Des trottoirs pris d’assaut par des usagers, des véhicules roulant en sens interdits et mauvaises conduites. Des injures, des cris. Bref! Voilà un peu le spectacle du quotidien des populations de la commune de Yopougon qui se battent comme elles peuvent pour se rendre chaque matin qui au Plateau, qui à Cocody, Treichville ou dans les autres communes du district d’Abidjan.
Pour ceux qui se plaignaient du fait que c’était tous les lundis que l’autoroute du Nord était l’objet d’embouteillage n’ont pas semblent-ils, entièrement satisfait notre curiosité. Car les bouchons, c’est désormais tous les jours,matin comme soir, il ne serait même pas exagéré de dire chaque 2 heures. Et dire que nombreuses parmi ces personnes qui empruntent ce tronçon doivent regagner leur bureau à 7h30.
Nombreuses parmi ces personnes sont aussi des opérateurs économiques à la recherche d’une soumission d’appel d’offres, d’un rendez-vous d’affaires ou de l’exécution d’un projet dont le délai qui, s’il n’y prend garde, pourrait dépasser le timing. Du coup, on est en droit de se demander quelle est la solution pour ces travailleurs qui baignent aujourd’hui dans la dynamique de l’Ivoirien nouveau?
« Je me demande si le gouvernement est conscient des difficultés que nous vivons. Seulement une voie pour rallier Yopougon aux autres communes. C’est incroyable pour la plus grande commune. Pendant que certains quartiers de l’autre côté bénéficient chaque trimestre de nouvelle ouverture de voie pour raccourcir leur trajet », se plaint Abel Konan. Assis à bord d’un véhicule de transport en commun, inter communal, ce dernier lance régulièrement des soupirs qui expriment sûrement une souffrance qu’il vit au quotidien. Fatigué de faire sortir et rentrer la tête par la fenêtre du taxi qui le conduit, il interpelle dans une colère un chauffeur de minicar communément appelé »gbaka », qui essaie d’infiltrer un long rang de voitures qui avancent lentement en klaxonnant: « Toi, où vas-tu ? Ne vois-tu pas les véhicules devant », lance-t-il amèrement.
On transpire, on s’essuie le visage, pendant ce temps les vendeurs d’eau et de mouchoirs ont vu en cela un commerce juteux. Pour la plupart des adolescents, ils se faufilent entre les voitures pour proposer leurs produits aux usagers et passagers qui visiblement, sont en grande partie préoccupés à sortir de cet « enfer » qui peut parfois vous prendre une demie journée. « Alloh, je suis bloquée dans un embouteillage. Je dis que je suis bloquée dans un embouteillage, patientes je serai là d’un moment à l’autre ». C’est l’assurance que donne au téléphone Caroline Gomon, à un de ses collègues qui l’attend pour ouvrir l’agence de transfert d’argent qu’elle gère avec ce dernier. « Ce sont des clients qui veulent faire des opérations qui attendent mon arrivée », nous répond-t-elle, après lui avoir demandé la raison de sa colère.
Pour certains usagers, les balayeuses des voies publiques créent également trop de désagréments. « Il faut toujours ralentir pour les éviter. Entre temps, il y a des voitures qui sont derrière. Du coups, elles sont toutes bloquées », fait remarquer Koné Ibrahim (chauffeur de taxi).
Pendant que la conversation continue, nous arrivons au niveau de la station Shell situé dans le quartier Banco1. Là,une voiture se fait remorquer, car en panne. « Lorsque je partais à Yopougon tôt le matin, la voiture était immobilisée sur la route. Et c’est maintenant qu’elle est en train d’être remorquée », indique le chauffeur.
Encore un peu devant, au niveau de la bretelle qui mène vers la Caréna, une collision entre deux voitures personnelles. Les deux conducteurs discutent oubliant la longue file d’attente qu’ils ont créée. Le constat de l’accident n’avait pas encore été fait. Aucun policier ni gendarme pour régler cette situation. Pourtant, à 500 mètres du lieu, à l’entrée d’Attecoubé, se trouve un commissariat. Mais savent-ils qu’un accident vient de se produire non loin d’eux ? L’interrogation vaut la peine parce que généralement ces usagers qui sont dans le bouchon se plaignent juste pour passer, rares sont ceux qui ont le courage d’interpeller un policier. « Souvent au moment où tu appelles la police et qu’elle est en route, les conducteurs dont les véhicules sont entrés en collision peuvent se mettre d’accord et régler leur différent à l’amiable », raconte Ismaël Bamba, un autre passager.
Il est 8h, sur le tronçon des dizaines de camions poids lourds aussi circulent. Mais ils sont tellement lents, qu’ils empêchent les véhicules particuliers de circuler convenablement. « Il faut toujours avoir les pieds sur l’embrayage et le frein », ajoute M. Bamba. Qui pense même que ce sont ces véhicules qui sont les vrais auteurs des bouchons.
A l’origine, ces gros camions avaient des heures pour rouler. Mais qu’est devenue cette loi décrétée par l’ancien régime qui leur autorisait à ne rouler que dans la soirée et à stationner tôt le matin ? Une décision qui facilitait pourtant la fluidité routière. Mais cette loi semble être un lointain souvenir, puisque ces camions poids lourds ont repris du service, avec leur lot désagrément (frein coupé, poids total autorisé non respecté qui crée des renversements de engins,difficile montée sur les cotes)..
avec fratmat