Dans un entretien accordé à connectionivoirienne, en marge d’une rencontre avec le député de Cocody Stéphane Koudougnon, la présidente du Collectif des femmes et des parents des détenus d’opinion (Cofed), Simone Datté a expliqué les missions de son organisation créée depuis 2013. Celle-ci milite, selon elle, pour la libération des prisonniers politiques et le bien-être des familles desdits prisonniers.
« Depuis 2013, nous entreprenons des actions pour la libération de nos parents. Nous avons mené des actions de grève de la faim, des marches, des meetings et sit-in. Mais nous avons aussi fait du lobbying. Nous avons rencontré des autorités, échangé avec des chancelleries, tout cela pour la libération de nos maris. Mais force est de constater que jusqu’à ce jour, près de 300 personnes sont toujours détenues sur toute l’étendue du territoire. Face à cette situation, nous rencontrons les autorités judiciaires afin qu’elles accélèrent les procédures, qui, il faut le reconnaître, sont lentes. Des personnes sont détenues depuis 2012 sans avoir rencontré le moindre juge. Des dossiers de certaines personnes détenues ont même disparu. C’est pour toutes ces personnes que nous poussons et on espère qu’elles seront enfin libérées », a-t-elle expliqué. A propos des actions diplomatiques auprès des chancelleries représentées en Côte d’Ivoire, elle révèle que la plupart des interlocuteurs de son organisation sont souvent étonnés qu’il existe encore des prisonniers politiques en Côte d’Ivoire. « il y a des chancelleries qui n’en sont pas du tout informées puisqu’elles se contentent des rapports officiels à savoir que toutes les personnes détenues ont été libérées et qu’il n’y a plus de détenus politiques. Ce qui fait que quand nous sommes devant ces responsables, ils sont à la fois gênés et étonnés de savoir qu’il y a encore des personnes en prison à ce jour », affirme-t-elle l’air dépité.
Elle juge inutile toute polémique sur l’existence ou non de prisonniers politiques dans le pays. « Je suis à la fois dépassée et peinée quand j’entends qu’il n’y a pas de prisonniers politiques en Côte d’Ivoire. On sait ce qui s’est passé ici entre 2010 et 2011. S’il y a eu la crise postélectorale, c’est du fait de la politique. Si nous avons des parents qui ont été enfermés, c’est à cause de cette crise politique. Donc de fait, ce sont des prisonniers politiques. (…) Je pense qu’il vaut mieux mettre balle à terre. Des prisonniers meurent et on n’a plus besoin de grands discours », soutient-elle.
Pour le reste, Mme Datté a plaidé pour que les prisonniers soient libérés ou à tout le moins pour que les procédures, désespérément lentes, soient accélérées et que des acquittements soient prononcés. C’est ainsi, selon elle, que le discours sur la réconciliation des autorités peut trouver un sens. Sinon, ce ne sont ni les proclamations ni les rapports déjà vus ou entendus des autorités judiciaires qui y changeront quelque chose. Mardi prochain, Simone Datté reviendra plus largement sur d’autres préoccupations du moment au cours d’une conférence de presse qu’elle organise.
Avec connectionivoirienne