Pourquoi nonobstant un taux de croissance oscillant autour des 8%, la pauvreté se fait cruellement ressentir dans les ménages ivoiriens ?
La question a été régulièrement posée, dans les forums, et synthétisée dans la célèbre boutade : « La croissance ne se mange pas ».
Ibrahima Ba, Dg de l’Institut national de la statistique (Ins), a expliqué, mardi, à Cocody, que la croissance actuelle était soutenue par les grands travaux. La question fondamentale, selon M. Ba, c’est comment faire supporter cette croissance par des activités qui, elles-mêmes, créent de la richesse. « Si la croissance que nous enregistrons aujourd’hui était due à l’activité professionnelle des populations, celles-ci auraient eu en retour des salaires qui leur auraient permis d’améliorer leurs conditions de vie », a énoncé Ibrahima Ba. Il intervenait à un atelier organisé par l’Ecole nationale supérieure de statistique et d’économie appliquée, en collaboration avec l’Ins et des instituts français, autour de la thématique : « Gouvernance, paix et sécurité en Côte d’Ivoire : un état des lieux pour éclairer les politiques ».
Ibrahima Ba, questionné sur un taux de croissance « en inadéquation avec la réalité des Ivoiriens », a défini deux manières de distribuer la richesse : soit, en partageant des espèces à tout le monde, « comme cela s’est fait dans certains pays aujourd’hui émergents » ; soit, en créant de l’emploi pour que les salariés contribuent, à leur tour, à l’accroissement de la richesse. Le Dg de l’Ins a, par ailleurs, fait observer que les grands travaux qui soutiennent la croissance actuelle, n’impliquaient pas beaucoup de nationaux, faute « d’ouvriers qualifiés ». « Dites-moi pour des chantiers importants où l’on doit faire des immeubles de plus de 10 étages, combien d’ouvriers qualifiés avons-nous en Côte d’Ivoire pour faire ce travail ? Quand il a été question de faire le pipeline d’Abidjan à Bouaké, on n’avait pas d’ouvriers qualifiés pour faire ces travaux. Tous ceux qui ont travaillé sur le projet sont venus de l’extérieur », a développé M. Ba. Il devait ajouter : « Pour ressentir la croissance dans nos assiettes, il faut qu’on y contribue. Pour y contribuer, il faut qu’on se rende employable ».
Se prononçant sur le taux de pauvreté en Côte d’Ivoire, le Dg de l’Ins a indiqué que la dernière enquête menée par l’Institut remonte à courant 2015 et donne un taux de pauvreté de 46,3%. Début 2015, la Banque mondiale situait le taux de pauvreté à 50%, un Ivoirien sur deux étant considéré comme pauvre. « Si on regarde la courbe, il y a une baisse significative du nombre de pauvres », commentait Ibrahima Ba. L’année prochaine, soit en 2017, une nouvelle même enquête sera menée. Elle permettra de voir comment la courbe de la pauvreté (…)
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