Les nouvelles manifestations de soldats mutins qui ont été signalées dans différentes villes ivoiriennes, dont la capitale économique Abidjan et les localités bassins de production du cacao, ont négativement impacté le système financier de la Côte d’Ivoire.
Par mesure de « précaution », l’Association des Banquiers et Etablissements Financiers de Côte d’Ivoire, a demandé à ses membres de rester fermés le lundi 15 mai 2017. Un mot d’ordre qui semble avoir été largement suivi et qui n’est pas allé sans créer des désagréments pour les personnes vivant à Abidjan. Certains observateurs craignent une hausse de l’inflation, corolaire d’une baisse de la confiance entre acteurs économiques, avec première ligne les plus modestes qui ont besoin de cash au jour le jour.
De son côté, la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières, le marché financier de l’UEMOA, basé à Abidjan, a connu son plus bas niveau de transactions depuis le début de l’année, avec des titres échangés, pour seulement 163,4 millions de FCFA.
Cette mutinerie vient ajouter un zeste de facteurs négatifs sur un marché financier dont l’un des principaux indices (BRVM Composite) a baissé de 2,75% au terme de la séance du 15 mai 2017, cumulant une contraction de 9,13% depuis le premier janvier 2017.
C’est la plus mauvaise performance indicielle des bourses africaines à ce jour. Ramenée sur une période de deux ans, le rendement de cet indice se présente à seulement 1,1%.
Sur le plan obligataire, les titres du trésor public de Côte d’Ivoire, qui sont cotés sur le marché financier régional, n’ont pas beaucoup bougé. Cela n’est pas une surprise compte tenu de ce qu’ils sont détenus par des institutionnels ayant un horizon d’investissement plus long.
La vraie mesure de la confiance en l’économie ivoirienne devrait venir de l’attitude des investisseurs étrangers vis-à-vis de ses obligations souveraines. Les deux eurobonds de la Côte d’Ivoire ont connu une sensible hausse de leurs rendements, témoignant d’une réaction de prudence sur le marché international des capitaux.
Le 27 avril dernier, le gouvernement a confirmé son intention d’émettre un milliard $ d’eurobonds supplémentaires, vers la fin du mois de juillet. Des analystes pensent que le pays devra servir des taux suffisamment attractifs au vu de la crise du cacao et de cette vague de mutineries que le gouvernement parvient à peine à contenir en dépit d’allocations extraordinaires.
Le seule note d’optimisme, c’est que le cours du cacao a connu une légère embellie sur le marché international. Le prix de cette matière première a de nouveau dépassé la barre des 2000 $ la tonne, tant pour les contrats du jour, que pour les accords de vente à terme.
Selon des données disponibles sur la société de bourse InterContinental Exchange (ICE), les contrats sur les livraisons du 17 juillet fixent le prix de la tonne à 2047 $ (en hausse de 1,53%). Pour les contrats de livraison à la date du mois de décembre 2018, le prix de la tonne est même fixé à 2162 $.
La question est désormais de savoir si les gains de revenus sur le principal produit d’exportation de la Côte d’Ivoire, permettront de compenser les pertes économiques des troubles que connait le pays. En attendant, la grève a paralysé les activités d’exportation. Quant à la bourse, elle risque de se remettre difficilement si ces conflits continuent de miner la stabilité du pays.
Avec agenceecofin