Produire dans l’intérêt de tous est un autre défi à relever. Notamment, pour l’Afrique qui compte 60% des terres cultivables. Le problème, c’est que les cultivateurs africains utilisent très peu ou très mal les engrais, selon les constats faits par les experts.
Alimentation: Nourrir 2 milliards de personnes d’ici 2050, un pari tenable ?
Plus que 35 ans pour atteindre 2050. Pourtant, ce sont 2 milliards de personnes en plus que va compter la planète. 2 milliards de bouches à nourrir en plus des 7 milliards d’habitants d’aujourd’hui, un « grand défi » que se préparent à relever dès maintenant les professionnels de l’agriculture.
Réunis en mai dernier, à l’occasion du 3e Symposium international sur l’innovation et la technologie dans l’industrie des phosphates (Symphos), ils n’ont pas manqué d’évoquer la question. Pour le groupe marocain Ocp, un leader mondial de l’industrie phosphatique, « l’innovation sera au centre de la solution. On a besoin d’approches innovantes pour avancer parce que les solutions classiques ne sont pas forcément les plus efficaces », estime Iliass Elfali, directeur de l’un des sites de production.
Concrètement, le groupe Ocp se vante d’avoir « une approche qui repose sur une action de proximité, une action de terrain », afin de relever le défi de 2050. « Nous avons lancé plusieurs initiatives qui ont déjà été réalisées. Par exemple, les caravanes agricoles, les écolo-centres. En Côte d’Ivoire, nous avons eu une initiative qui a très bien marché: celle des écolo-centres », précise M. Elfali.
« Les écolo-centres, ce sont des centres où nous fournissons du conseil, un accompagnement aux petits agriculteurs pour les sensibiliser, pour les former à l’utilisation, non seulement des engrais mais aussi de tous les intrants qui leur permettent d’améliorer leur productivité afin de garantir le développement d’une agriculture qui soit dans l’intérêt de tout le monde », explique-t-il.
Produire dans l’intérêt de tous est un autre défi à relever. Notamment, pour l’Afrique qui compte 60% des terres cultivables. Le problème, c’est que les cultivateurs africains utilisent très peu ou très mal les engrais, selon les constats faits par les experts. Pour ceux du groupe Ocp, il faut imposer une « utilisation raisonnée » des engrais. C’est-à-dire en mettre « là où il faut et les quantités qu’il faut ».
Sincère profession de foi ou parole uniquement commerciale? « Il n’est dans l’intérêt de personne ni de l’Ocp, ni de la communauté des producteurs d’engrais d’utiliser les engrais d’une façon qui ne soit pas raisonnée », répond Iliass Elfali. Aussi, son groupe propose-t-il « le développement de cartes de fertilité pour définir réellement le besoin de chaque culture, relativement au sol, au type de culture ». « Ceci va permettre d’apporter le produit qu’il faut, avec les quantités qu’il faut, afin que cette application apporte le maximum de valeur à l’agriculteur, tout en préservant la planète », ajoute-t-il.
Le groupe Ocp compte deux sites, à savoir un site de transformation et un autre de production d’engrais à base de phosphate à partir du minerai. Le site que dirige M. Elfali en est le second. Ce site emploie 3000 personnes avec 1,4 million de tonnes de production annuelle. Il produit 850.000 tonnes d’engrais Tsp (engrais de base) par an.