Le président ivoirien a créé la surprise ce dimanche 10 septembre en faisant élire Henriette Dagri Diabaté comme présidente du Rassemblement des Républicains (RDR), tant était attendue – et annoncée – l’arrivée d’Alassane Ouattara à ce poste. Une autre femme, Kandia Camara, devient secrétaire générale du RDR.
Au Rassemblement des Républicains (RDR), le pouvoir est désormais un mot qui se conjugue au féminin. Dans l’arène du Palais des Sports d’Abidjan pleine de plusieurs milliers de militants, Alassane Ouattara a déjoué tous les pronostics. Ce troisième congrès ordinaire – le premier depuis 2008 – devait être le sien, celui de son grand retour à la tête de son parti. Mais après un discours grave et déterminé de plus d’une heure, le président ivoirien a décliné la proposition des congressistes, proposant qu’Henriette Dagri Diabaté prenne à sa place les rênes du RDR.
La Grande chancelière, fondatrice du RDR, a aussitôt été élue par acclamation par la salle. « C’est avec un grand honneur », a-t-elle déclaré. « Le RDR, c’est notre vie! Vous pourrez compter sur nous. » Alassane Ouattara a néanmoins assuré les militants qu’il resterait « très proche ».
Figure historique du RDR et alliée de longue date d’Alassane Ouattara, Henriette Diabaté, âgée de 82 ans, a notamment été ministre de la Justice de 2002 à 2005, tout en tenant le rôle d’opposante et de chef du RDR – elle a notamment occupé le poste de secrétaire générale pendant les années d’opposition – pendant l’absence d’Alassane Ouattara.
Kandia Camara devient secrétaire générale
La nouvelle secrétaire générale du parti est elle aussi une femme : Kandia Camara, ministre de l’Éducation nationale, prend les rênes du parti présidentiel. Visiblement surprise, elle a fondu en larmes à cette annonce.
Il s’agit de renforcer la cohésion au sein du RDR et de l’amener vers la création d’un parti unifié.
Elle a en effet été préférée à quatre hommes – Adama Bictogo, Amadou Soumahoro, Ibrahim Cissé Bacongo et Gilbert Koné Kafana – qui s’étaient portés candidats. Elle va avoir la lourde tâche de conduire le parti jusqu’à la prochaine élection présidentielle de 2020.
« C’est un sentiment de joie et de fierté mais j’imagine bien l’ampleur de la tâche. Il s’agit de rendre le RDR encore plus grand, plus fort, plus uni, plus conquérant. Il s’agit de renforcer la cohésion au sein du RDR et de l’amener vers la création d’un parti unifié. Le RDR doit tout mettre en œuvre pour gagner toutes les prochaines échéances électorales », a-t-elle déclaré à la presse.
Alors que la bataille pour la présidentielle de 2020 est d’ores et déjà engagé, le défi est important : le RDR fait face à des tensions internes – notamment avec les partisans de Guillaume Soro – et externes. Son alliance avec le Parti démocratique (PDCI) de Côte d’Ivoire semble semble également battre de l’aile.
Bédié et moi nous sommes ensemble !
Mais Alassane Ouattara a balayé toutes les rumeurs de frictions : « À tous ceux qui se font des illusions, je veux dire : Bédié et moi nous sommes ensemble! Nous savons ce que nous avons vécu et nous savons ce que nos incompréhensions ont eu comme conséquences pour le pays », a-t-il déclaré, rappelant les quatre mois vécus côte à côte à l’hôtel du Golf. « Nous sommes alliés et nous serons unifiés », a-t-il poursuivi, insistant sur son ambition de voir la création de ce parti unifié effective avant la fin de l’année.
Amadou Gon Coulibaly devient 1er vice-président
Aux côtés de Kandia Camara trois secrétaires généraux délégués ont été désignés : les ministres Maurice Bandaman et Anne Ouloto et Mamadou Touré, le secrétaire d’État chargé de l’enseignement technique et de la formation professionnelle.
Alassane Ouattara a aussi renforcé la place d’Amadou Gon Coulibaly. Le premier ministre, vu par beaucoup comme son dauphin, est 1er vice-president. Vingt autres vice-presidents seront nommés dans les jours qui viennent.
Avec jeuneafrique