“Tako kélé!” (un coup K.O!), crient en bambara des partisans du président sortant Alassane Ouattara, favori du scrutin qui vise une victoire dès le premier tour à la présidentielle du 25 octobre en Côte d’Ivoire.
À Grand-Lahou, sur la côte à une centaine de kilomètres à l’ouest d’Abidjan, hommes, mais aussi femmes et enfants ont déserté leurs villages du littoral pour converger vers la place de la mairie et accueillir « ADO », Alassane Dramane Ouattara.
Car la célèbre ville ivoirienne, dont une partie se trouve entre mer et lagune, est menacée par l’élévation du niveau de la mer et l’on compte sur ADO pour la sauver.
Le président, qui s’appuie sur un bon bilan économique et une machine de guerre électorale, fait face à sept autres candidats dont l’ex-Premier ministre Charles Konan Banny.
Un scrutin jugé crucial pour stabiliser le pays et tourner définitivement la page des violences meurtrières qui ont suivi la victoire en 2010 de M. Ouattara sur son prédécesseur Laurent Gbagbo, qui attend son jugement par la Cour pénale internationale.
Sous un soleil de plomb, les autorités coutumières, les chefs de village, les associations de femmes et de jeunesse, ont appelé tour à tour, dans une ambiance de fête et de carnaval, à « voter utile » et faire gagner leur candidat et mettre d’ »un coup K.O. » ses adversaires.
« ADO, gagne au premier tour » lance après eux, Jean Djaha, le député-maire de Grand-Lahou, sanglé dans une chemise pagne de couleur orange, à l’effigie du candidat.
« Ici, le match est fini, on ne parle plus de campagne, on parle de fête car ADO a gagné dès le premier tour », renchérit M. Djaha, casquette vissée sur la tête.
Faisant le V de la victoire, Dame Agathe Beugré, commerçante, se dit « convaincue d’une chose »: « ce scrutin sera une partie de balade », affirme-t-elle devant une large portrait sur lequel on pouvait lire: « je vote 100% ADO ».
Promesses
L’état-major de campagne de ADO ne lésine pas sur les promesses allant de l’électrification au désensablement de l’embouchure du fleuve qui se jette dans la mer à Lahou, en passant par l’amélioration de l’adduction d’eau potable.
Le projet de désensablement est une promesse phare, car la cité bâtie autrefois sur une mince bande de terre entre océan Atlantique et lagune est menacée par l’élévation du niveau de la mer et l’érosion, que certains spécialistes attribuent au réchauffement climatique.
Des dizaines de vieilles maisons coloniales qui constituaient des attraits touristiques, il ne reste que des pans du mur de l’ancien hôpital sur lequel viennent s’écraser des vagues.
« Le dernier vestige colonial de Lahou va disparaitre dans quelques mois et son histoire avec, car la mer avance dangereusement », assure Parfait Dago un habitant, pointant du doigt l’ancien hôpital ou ce qu’il en reste.
Le vieux « Lahou », ancien comptoir où des missionnaires blancs débarquèrent en 1920 pour évangéliser l’ouest ivoirien est en train d’être englouti sous les eaux, au profit du « nouveau Lahou » à 15 km à l’intérieur des terres.
A Lahou, le désensablement de l’embouchure, qui permettrait de limiter l’érosion, est perçu comme un « cadeau du ciel », assure un habitant qui ira voter pour Ouattara dans l’espoir de sauver le vieux Lahou.
Avec JeuneAfrique