L’ancien président brésilien Luiz Iniacio Lula Da Silva a-t-il joué de ses liens avec Teodoro Obiang Nguema pour permettre, en échange de pots-de-vin, à l’entreprise brésilienne ARG de remporter des contrats en Guinée-Equatoriale ? C’est en substance le cœur de la nouvelle affaire de corruption qui vise l’ancien président brésilien dans son pays. La justice brésilienne tente d’analyser cette «Obiang Nguema connexion» qui aurait permis à l’entreprise de BTP de gagner des marchés.
On connaissait le nom de chefs d’Etat africains cités dans des scandales de corruption. Il faudrait peut-être y ajouter le nom de Teodoro Obiang Nguema, le président de Guinée Equatoriale qui truste le palmarès des records de longévité au pouvoir avec ses 38 ans de règne. La « Panthère aux aguets», le surnom du président équato-guinéen, est la figure centrale d’une nouvelle affaire judiciaire qui vise au Brésil, son ancien président, Luiz Iniacio Lula Da Silva.
Lula, entremetteur entre ARG et Obiang?
A 74 ans, ce dernier qui purge depuis avril à Curitiba (Sud du Brésil) une peine de 12 ans de prison pour des faits de corruption, fait face à une nouvelle accusation de blanchiment d’argent en lien avec la Guinée-Equatoriale. En échange du versement d’une somme de 260.000 dollars à la Fondation Lula entre septembre 2011 à juin 2012, l’ancien président brésilien aurait joué le rôle d’entremetteur pour le compte de la société brésilienne ARG, spécialisée dans le BTP.
«En utilisant son prestige international, Lula a influé sur les décisions du président de la Guinée Équatoriale, Teodoro Obiang, obtenant ainsi le développement des affaires du groupe brésilien ARG dans ce pays africain»,écrit le parquet fédéral de Sau-Paulo dans un communiqué rendu public ce lundi 26 novembre 2018.
C’est un échange de courriels entre Rodolgo Giannetti Geo, le PDG d’ARG, Miguel Jorge, ancien ministre du Développement de Lula et Clara Ant, la présidente de la Fondation de l’ancien président qui ont particulièrement attiré l’attention des enquêteurs, comme le rapporte l’Agence brésilienne. Après avoir prévenu la Fondation que le CEO d’ARG est prêt à faire «une importante contribution financière», Miguel Jorge s’est fait le « porte-lettres» de messages échangés entre Lula Da Silva et Teodoro Obiang.
Marchés pour ARG contre entrée de la Guinée dans la CPLP
De sa plume, l’ancien président brésilien aurait loué auprès d’Obiang, les références d’ARG comme une entreprise qui «se distingue dans le domaine de la construction de routes». En échange, Obiang NGuema aurait consenti à laisser l’entreprise brésilienne continuer ses activités en échange d’une entrevue avec la président Dilma Rousseff, la successeur et dauphine de Lula, afin de faciliter l’entrée de son pays dans la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP).
«L’accusation était basée sur la rhétorique, sans aucune base sur une mauvaise conduite de la part de l’ancien président à qui on n’a pas donné la possibilité de témoigner au sujet de l’allégation présentée à nouveau dans le cadre d’une initiative du parquet », a répliqué Cristiano Zanin Martin, l’avocat de Lula qui s’attend à ce que les accusations soient retirées.
Dans tous les cas, la Guinée Equatoriale, membre observateur depuis 2006 au CPLP, peinait à obtenir le siège de membre à part entière dans cette organisation basée à Lisbonne. Le pays d’Afrique centrale avait même dû aménager sa constitution pour y intégrer le portugais comme langue officielle. La Guinée-Equatoriale n’aura son siège qu’en 2014. En partie grâce à Lula et sa connexion avec Obiang? Seule l’enquête en cours est en mesure de l’établir.
Avec la tribune afrique