La révélation la semaine dernière du Conseil présidentiel pour l’Afrique d’Emmanuel Macron a suscité beaucoup de curiosité. Mais au-delà des interrogations sur les motivations du président français, la nouvelle équipe suscite tout de même un certain intérêt. Et pour cause, sur les 11 membres, six sont des femmes et quatre d’entre elles sont africaines. Leur point commun : elles ont toutes la trentaine et des liens forts -et parfois même de sang- avec la France, avec des parcours aussi riches que différents.
Vanessa Moungar, 33 ans, Tchad
La Banque africaine de développement (BAD) a remis au goût du jour ce lundi 4 septembre la nomination de Vanessa Moungar au Conseil présidentiel pour l’Afrique, affichant sa fierté dans un communiqué de presse. Et pour cause, la jeune franco-tchadienne de 33 ans n’est autre que la directrice du département «Genre, femmes et société civile», un poste qu’elle occupe depuis juillet dernier. «Je suis particulièrement heureux de la nomination de Vanessa au Conseil. Elle apporte beaucoup de créativité et de dynamisme au travail de notre Banque et fera de même au sein du Conseil présidentiel», a déclaré le président de la BAD, Akinwumi Adesina, saluant l’initiative du président français Emmanuelle Macron, en qualifiant la nomination de jeunes personnalités au sein de ce conseil de «signe fort d’un renouveau».
Fille aînée de l’ancien Premier ministre tchadien Abdelkerim Fidel Moungar, Vanessa est titulaire d’un bachelor en administration des affaires et affaires internationales de Paris Business College-INSEEC -un cursus de 4 ans où elle sera major de sa promotion- et d’un master en General Management de Havard University. Après une expérience dans l’entreprenariat en France au travers d’AV Consulting -un cabinet de conseil visant à contribuer au développement du secteur privé en Afrique et au Moyen-Orient- elle déposera sa mallette en tant que directeur des ventes chez Terrafina (une entreprise d’agribusiness) à New York pendant 7 ans. En 2014, elle intègre le Forum économique mondial. D’abord Senior Manager pour l’Afrique, elle passe ensuite Global leadership Fellow avant de rejoindre la BAD.
Sarah Toumi, 30 ans, Tunisie
Son nom est devenu familier dans le milieu entreprenarial jeune. Sarah Toumi est en effet connue pour son travail de lutte contre la désertification et la pauvreté dans son pays d’origine. Née en France en octobre 1987 d’un père tunisien et d’une mère française, elle s’installe à Tunis en 2012 et crée Acacias for All, une entreprise à vocation sociale pour aider les agricultrices de Bir Salah (le village de son grand-père) à améliorer leurs revenus et contrecarrer la désertification grâce à la culture du moringa, une plante connue pour ses multiples vertus. Objectif : planter 1 million d’arbres d’ici 2018. Ce projet lui a déjà valu de nombreux prix internationaux, ainsi que son classement en 2016 parmi les trente meilleurs entrepreneurs de moins de 30 ans du magazine américain Forbes, dont elle était la seule arabe et africaine.
Titulaire d’un master en littérature française (spécialité femmes et voyages) de l’université Paris Sorbonne et d’un certificat en entreprenariat social de HEC, elle avait déjà démontré son aptitude à entreprendre en fondant en 2008 «Dream», un réseau d’échange et d’action pour le développement destiné aux jeunes.
Nomaza Nongqunga Coupez, 36 ans, Afrique du Sud
Elle est aujourd’hui considérée comme l’une des perles de la diaspora sud-africaine dans l’Hexagone. Entrepreneuse culturelle, Nomaza Nongqunga Coupez a vu le jour en 1981 en Afrique du Sud et réside en France depuis 2008. Au pays d’Emmanuel Macron, elle émerge depuis plusieurs années comme l’ambassadrice de l’art africain en général et sud-africain en particulier, au travers de son agence Undiscovered Canvas, fondée en 2015. Dans ses galléries et lors des événements qu’elle organise sont exposées les œuvres des plus talentueux artistes peintres et de photographes d’Afrique du Sud et d’ailleurs.
La jeune femme brille ainsi dans l’art, alors qu’à la base, elle est une scientifique diplômée en science appliquée de l’Université centrale de technologies d’Afrique du Sud.
Liz Gomis, 36 ans, Sénégal
Elisabeth «Liz» Gomis est française d’origine sénégalaise. Journaliste et réalisatrice, elle fait d’abord des études en médiation culturelle et communication à l’Université de Paris VIII, avant de décrocher un master II en journalisme audiovisuel de l’école de communication et de journalisme à Paris (IICP). Depuis 2008, elle est chroniqueuse pigiste à Radio Nova, après y avoir travaillé à plein temps pendant quatre ans. Entre temps, elle étoffe sa carrière avec plusieurs expériences de journaliste-réalisatrice et chroniqueuse chez le célèbre KM Prod, 17 Mars Productions ou encore Step by Step Productions pour des programmes destinés à France 4 notamment.
Attachée à ses racines africaines, elle n’hésite à apporter sa pierre à l’édifice de son domaine de compétence. On la retrouve notamment pour la couverture de la Biennale d’art de Dakar en 2014 avec Novaplanet.com, ainsi qu’en collaboration avec Unicef Burkina Faso en tant que formatrice vidéo de jeunes reporters.
Yvonne Mburu, 35 ans, Kenya
Pour elle, pas l’ombre d’un doute, «l’expertise africaine peut et résoudra les défis de l’Afrique». Yvonne Mburu, Kényane, est chercheuse et consultante en santé. Elle est également l’un des 20 membres de la première promotion des Young Leaders d’Africa France. Une distinction qu’elle a obtenue grâce à son projet «Med in Africa», une entreprise sociale qu’elle a co-fondée en 2016 dans le but de rassembler les scientifiques africains de la diaspora afin de combler l’écart entre la vaste ressource professionnelle qu’elle représente et le besoin de leurs compétences sur le Continent.
Diplômée en biologie et chimie de l’université York de Toronto (Canada), elle est docteur en immunologie de l’université de Pittsburgh où elle a commencé à travailler en 2005. Ses travaux de recherche sur le cancer -complétés par un passage dans les hôpitaux et centres de soins de Pittsburgh (UMPC)- lui ont valu le Prix inaugural Lloyd J. Old Memorial ainsi qu’une bourse du l’Institut de recherche du cancer de New York pour entreprendre ses études post-doctorales à l’Institut Curie à Paris sur l’immunothérapie du cancer de la vessie. Pour la petite histoire, lorsqu’elle dépose ses valises dans la mythique capitale française en 2012, Yvonne Mburu ne parle pas la langue locale. Mais aujourd’hui, la chercheuse kényane est une polyglotte qui s’exprime dans pas moins de cinq langues.
Avec latribuneafrique