Satigui Koné est le Président de la Fédération des ONG de Développement de Côte d’Ivoire (FEDOCI). A quelques jours de l’ouverture du congrès des ONG d’Afrique à Yamoussoukro, il donne des précisions sur la structure panafricaine en création.
« Le congrès de l’UAOD mettra fin aux accusations de désordre contre les ONG en Afrique »
- Les ONG de Côte d’Ivoire ont annoncé un congrès pour la création d’une structure panafricaine. De quoi s’agit-il en réalité ?
Nous préparons activement le congrès constitutif de l’Union Africaine des ONG de Développement (UAOD). Il s’agit d’une organisation qui sera représentée dans chaque pays d’Afrique par un Coordinateur-Pays et onze (11) Directeurs de Réseaux. Toutes les ONG et associations d’Afrique seront organisées au sein de onze réseaux par pays. Ainsi, les projets seront menés en parfaite coordination à travers toute l’Afrique. Nous avons lancé l’idée de l’UAOD avec la conviction qu’aucun pays d’Afrique ne peut être un ilot de prospérité si le reste du continent doit demeurer un vaste désert de misère. L’unité entre les ONG et associations d’Afrique sera scellée les 18 et 19 août prochains à Yamoussoukro.
- Quel est l’écho de la mise en œuvre de l’UAOD auprès des ONG et des partenaires étatiques ?
De nombreux pays d’Afrique ont félicité les initiateurs du projet. Pour nous appuyer, un ministre africain, expert de l’agriculture a décidé de se déplacer, à ses frais, à Yamoussoukro pour animer la conférence d’ouverture du congrès. Des Africains de tous horizons ont déjà fait des réservations pour rallier la Côte d’Ivoire. L’idée a été vraiment accueillie partout avec enthousiasme. Les autorités de certains pays se sont données le temps de soupeser la crédibilité du projet avant de s’engager. C’est un peu le cas en Côte d’Ivoire par exemple. Ce qui nous a paru normal, vu que les organisations de la société civile ont été victimes souvent de mauvaises campagnes dans certains pays. A une semaine du congrès, nous avons bouclé la liste des participants. Le comité d’organisation a validé 148 délégations où les prévisions étaient de cent.
- En pratique, comment l’UAOD pourra-t-elle réussir à atteindre ses objectifs ?
Comme je le disais, nous avons décidé de rassembler les ONG au sein de grands réseaux par pays. Il y aura un Directeur par réseau. Et chaque réseau se verra attribuer une feuille de route à Yamoussoukro. Ainsi dans chaque pays d’Afrique, il sera facile de s’adresser, par exemple, au réseau en charge du genre, de l’enfance, de l’agriculture etc. Et chaque réseau complétera ses alter egos des autres pays. Nous aurons les réseaux suivants : 1- Agriculture, développement rural et élevage 2- Autonomisation de la femme et Protection de l’enfance 3- Cohésion sociale et solidarité 4- Droit de l’homme et immigration 5- Education et formation 6- Emploi, Jeunesse et sports 7- Energie, Environnement et développement durable 8- Mines et richesses du sous-sol 9- Santé et hygiène 10 -TIC, Commerce et transports 11-Tourisme et artisanat.
Un Coordinateur Pays organise la collaboration entre les réseaux du pays. Vous comprenez donc que l’Afrique des acteurs sociaux du développement va amorcer un tournant décisif pour l’intégration des peuples, les projets mutualisés et le développement intégré !
- Comment la structure sera-t-elle physiquement installée ? En termes de siège social, de direction continentale etc. ?
Le congrès de Yamoussoukro va élire le Président de l’UAOD. Il va ensuite désigner les Coordinateurs Pays et les Directeurs de Réseaux. Les initiateurs ont proposé Abidjan comme siège social. Les autorités ivoiriennes en ont été informées. Au sortir du congrès de Yamoussoukro, nous apprécierons. Dans tous les cas, chaque pays du continent a déjà commencé à s’organiser avec les autorités publiques. Des délégations seront accompagnées à Yamoussoukro par les autorités de leurs pays. C’est vous dire que des dirigeants africains ont très vite compris l’intérêt de soutenir les ONG et associations du continent dans cet important projet de structuration à l’échelle du continent.
- Les autorités ivoiriennes ont-elles donné une réponse pour que la Côte d’Ivoire puisse garder effectivement le siège de la structure ?
Nous savons que les décisions au sommet de l’Etat prennent souvent du temps, surtout à cause des procédures. Le Premier Ministre Kablan Duncan, selon nos informations, a accordé un grand intérêt au dossier UAOD. Comme nous sommes encore à quelques jours du congrès, nous travaillons à enregistrer les délégations étrangères, à prendre les attaches à Yamoussoukro. Notre pays a eu l’initiative de proposer l’UAOD afin de rassembler toutes les ONG d’Afrique et de sa diaspora au sein d’une organisation unique. C’est pour cela d’ailleurs que les ONG d’Afrique ont logiquement proposé de choisir Abidjan pour siège social de l’organisation panafricaine.
- Comment la diaspora africaine se retrouvera-t-elle dans les activités de l’UAOD ?
Vous savez que depuis deux ans, les ONG ont travaillé discrètement à mettre le projet en place. Les organisations africaines de la diaspora ont apporté leur contribution à tous les niveaux du projet. C’est d’ailleurs ce qui explique que le comité d’organisation soit présidé par Dr Moussa Abdoul Kader Diaby, intellectuel africain et cadre dans une importance entreprise d’automobile en Europe. La diaspora a vraiment envie de soutenir les pays d’Afrique dans la transparence. Mais, elle avait besoin d’avoir un cadre de rencontre pour tous les pays et de la lisibilité. L’UAOD sera ce cadre où tous les Africains, sans exclusive, vont rechercher des partenaires pour l’Afrique, apporter leur appui intellectuel et matériel au continent. Il faudra néanmoins que les dirigeants africains créent les conditions de l’émergence de cet apport inestimable de la diaspora au continent.