Jusque-là totalement ignorée des candidats à la présidentielle, la condition animale trouve, pour l’élection présidentielle de 2017, un écho inédit.
PRÉSIDENTIELLE 2017. Les scandales révélés par l’association L214 ont permis à la condition animale de faire parler d’elle durant la campagne présidentielle. Depuis 2013, l’association L214 a diffusé plus d’une dizaine de vidéos-choc montrant la maltraitance des animaux dans des abattoirs à travers la France. Ces images, souvent insoutenables, ont eu un fort retentissement auprès de l’opinion public. Les candidats se sont donc emparés du problème durant leur campagne.
Ainsi, de Benoît Hamon à François Fillon, en passant par Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Emmanuel Macron, les principaux candidats se disent tous préoccupés par la condition animale, à des degrés divers. Face aux dérives observées dans certains abattoirs, mises en lumière par l’association de protection animale, la nécessité d’améliorer les conditions d’abattage fait l’unanimité. Ainsi, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, mais aussi Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) et Jacques Cheminade (Solidarité & Progrès) se disant favorables à l’étourdissement systématique des animaux avant leur mise à mort. Les fermes-usines, largement critiquées par les associations de protection de l’environnement, n’ont pas non plus la cote auprès des candidats à la présidentielle. Ceux du PS, de La France insoumise et du Front national condamnent fermement ces projets et souhaitent également promouvoir la recherche de solutions de remplacement à l’expérimentation animale.
Un sujet complètement absent de la présidentielle de 2012
Cette émergence de la condition animale dans le débat politique est “une nouveauté“, souligne Daniel Boy, chercheur au Centre de recherches politiques de Sciences Po Paris, pour qui le sujet était “vraiment absent” à la présidentielle de 2012. Jusqu’à présent, relève-t-il, “la question du droit des animaux, de leur bon ou mauvais traitement, était soulevée par des groupes très motivés, (…) très militants, mais qui n’avaient pas beaucoup d’audience nationale“. “Maintenant, il y a un élargissement”, notamment parce qu’ils “ont trouvé des moyens d’expression extrêmement efficaces“: “Filmer des abattoirs et diffuser les images sur Youtube et les réseaux sociaux, c’est une arme extraordinaire, le numérique rendant une cause facilement diffusable à peu de frais“, explique le chercheur.
“Avant, parler de la condition animale, c’était un peu mièvre”
Pour l’instant, seuls cinq candidats ont répondu au manifeste “Animal Politique”. Mais pour Lucille Peget, coordonnatrice du projet, “c’est déjà extraordinaire dans la mesure où il y a quelques années, ça aurait été impensable“. “Avant, parler de la condition animale, c’était un peu mièvre, mémé à chat…“, estime-t-elle, mais maintenant, “les politiques se rendent compte que c’est une question sociétale, politique“. “Plus ou moins sincèrement, ils ne font plus l’impasse sur le sujet“, confirme Christophe Marie, de la Fondation Brigitte Bardot. Cependant, le sujet demeure encore marginal dans les discours : “Que les animaux soient sous-traités n’est pas tellement étonnant, étant donné que l’environnement est lui-même sous-traité” dans les grands débats, note M. Boy.
Certains défenseurs de la cause animale ont créé leur propre parti politique
Pour mieux faire entendre leur voix, certains défenseurs de la cause animale ont créé leur propre parti politique : une poignée d’entre eux a lancé en novembre 2016 le Parti animaliste, à l’image de ceux qui existent dans plusieurs pays européens, notamment aux Pays-Bas ou encore en Espagne. Malgré “la sensibilisation croissante de l’opinion publique” à la cause animale, attestée par des sondages, “les réponses apportées sur le plan politique sont complètement insuffisantes“, explique l’une de ses fondatrices, Hélène Thouy. Le parti, qui veut créer un ministère de la protection animale et constitutionnaliser la protection animale, revendique un millier d’adhérents. Et espère présenter une centaine de candidats aux législatives.
Avec sciencesetavenir