La tour Bolloré, siège notamment du groupe Bolloré Africa Logistics, a fait l’objet d’une perquisition vendredi à Puteaux (Hauts-de-Seine) dans une enquête sur les conditions d’octroi des concessions des ports de Conakry (Guinée) et de Lomé (Togo), a-t-on appris mardi de sources policières.
Les enquêteurs de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) se sont rendus dans les bureaux du PDG Vincent Bolloré – absent lors de l’opération – du directeur général et du directeur juridique du groupe, ont expliqué ces sources, confirmant une information du Monde.
Cette perquisition était menée dans le cadre d’une information judiciaire confiée à des juges financiers et portant notamment sur des soupçons de « corruption d’agent public étranger ». Une enquête préliminaire avait été initiée en juillet 2012 par le parquet de Paris et le dossier a été transféré au parquet national financier.
« Les policiers se demandent si le groupe du milliardaire breton a utilisé son bras publicitaire Havas pour faciliter l’obtention de la gestion des ports de Conakry en Guinée et de Lomé au Togo », écrit Le Monde.
« Lors de cette perquisition, il nous a été demandé des documents sur des concessions portuaires en Afrique et nous les avons remis », a indiqué Me Olivier Baratelli, avocat du groupe Bolloré, joint par l’AFP. « Le groupe n’est nullement partie ou impliqué dans cette information judiciaire », a-t-il précisé.
De Pefaco aux activités africaines de Bolloré
C’est en enquêtant sur les relations de Francis Perez, président du groupe Pefaco, une société spécialisée dans l’hôtellerie et les jeux et très implantée en Afrique, que les enquêteurs ont été amenés à se pencher sur les activités africaines de l’industriel Vincent Bolloré. Pour l’avocat du groupe, la société Pefaco est « totalement inconnue de Bolloré et Havas ».
Selon Le Monde, Francis Perez compte parmi ses relations Jean-Philippe Dorent, salarié de la société de communication Havas (détenue à 60% par Bolloré), qui s’est « notamment occupé en 2010 de la campagne présidentielle guinéenne du candidat Alpha Condé ».
« De là à faire une corrélation avec le groupe Bolloré (et l’obtention de concessions, ndlr), ce n’est pas crédible », « cela relève du fantasme », a argué Me Baratelli. « Une concession, c’est sérieux, il faut un savoir-faire industriel, une surface financière, de la technicité », a-t-il défendu.
Dans un communiqué, le groupe Bolloré affirme qu’en matière d’activités portuaires, « il s’agit d’investissements considérables (…) pour lesquels ils sont sélectionnés, exclusivement, en fonction du montant et des qualités techniques des investissements ».
Résiliation de la convention de concession du terminal à conteneurs du port de Conakry
Le président de la République de Guinée, Alpha Condé, élu en novembre 2010, avait résilié le 8 mars 2011, par décret, la convention de concession du terminal à conteneurs du port de Conakry octroyée en 2008 pour une durée de 25 ans à Getma, une filiale de l’armateur français NCT Necotrans.
Le gouvernement guinéen avait confié quelques jours plus tard la gestion du port au groupe Bolloré, déclenchant une bataille judiciaire entre les deux rivaux. Le groupe Bolloré avait été condamné en 2013 par le tribunal de commerce de Nanterre (Hauts-de-Seine) à verser plus de 2 millions d’euros à NCT Necotrans.
Sollicité par l’AFP, un porte-parole d’Havas a indiqué que l’entreprise a « cessé toute communication politique depuis 2011 ». … suite de l’article sur Jeune Afrique
Avec duchessafromag.lu