A l’occasion de la Journée internationale des forêts le 21 mars dernier, la FAO a lancé un programme qui vise à renforcer le rôle des forêts dans l’amélioration de la qualité de l’eau.
Le programme veut principalement évaluer la relation étroite entre les forêts et l’eau, pour améliorer la sécurité de l’eau dans huit pays d’Afrique de l’Ouest : Gambie, Guinée, Guinée Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Sierra Leone.
Il est basé sur le plan d’action global sur les forêts et l’eau lancé en 2015 à Durban lors du congrès mondial des forêts.
“Le secteur forestier n’est pas toujours en compétition avec l’agriculture ; mais qu’au contraire, il peut résoudre les problèmes d’eau et de sécurité alimentaire tout en favorisant la résilience des paysages”
FAO
Thomas Hofer, géographe, coordonnateur général du programme à la FAO, explique que “le but principal est d’améliorer notre compréhension des interactions entre les forêts et l’eau, et d’intégrer ces connaissances interdisciplinaires dans les axes politiques et dans les pratiques”.
Le programme débutera par la mise en place d’un cadre de suivi forêt-eau afin d’aider les pays à évaluer les bénéfices potentiels des forêts en termes de ressources hydriques.
Des indicateurs de suivi et des méthodes de terrain serviront à comprendre comment les interventions en matière d’aménagement forestier contribuent ou non à l’amélioration de la quantité et de la qualité de l’eau dans les cours d’eau ou dans les zones de ruissellement.
Ces données seront ensuite utilisées pour développer des pratiques plus appropriées et des politiques visant à libérer pleinement le potentiel des forêts afin d’améliorer l’approvisionnement en eau.
Ce cadre de suivi sera expérimenté dans le massif du Fouta Djalon où certains cours d’Afrique de l’ouest prennent leurs sources : Gambie, Sénégal et Tinkisso (affluent du Niger).
Installer des indicateurs
Dans les huit pays, le travail se fera avec les communautés locales pour installer des indicateurs montrant les relations entre le reboisement et l’écoulement de l’eau.
Pour Thomas Hofer, “les principaux bénéficiaires sont les communautés locales, qui seront formées et sensibilisées sur le reboisement et ses impacts positifs sur l’écoulement, la quantité et la qualité de l’eau.”
“Le second groupe de bénéficiaires comprend les acteurs nationaux avec les gouvernements qui doivent veiller à reconnaitre et à intégrer dans lespolitiques publiques le lien eau – forêt”, ajoute-t-il.
Selon la FAO, le suivi se fera sur plusieurs années même si le programme dans cette phase ne porte que sur six ans.
“Nous mesurerons la qualité des sédiments dans les cours d’eau. Ces processus sont longs, des mesures constantes et régulières sont nécessaires pour pouvoir quantifier et documenter les résultats positifs de ces interventions, car il y a aussi la variabilité naturelle à prendre en compte”, prévient Thomas Hofer.
Sites pilotes
Dans chaque pays, il a été délimité des sites pilotes où les points focaux coordonnent ce travail d’amélioration de la gestion des ressources naturelles.
Cheikh Tidiane Ndiaye, ingénieur des eaux, forêts et chasses, coordonnateur national du programme au Sénégal, signale que les activités prévues comprennent notamment l’implantation de 20 agroforêtséquivalant à 15 hectares (ha), l’aménagement de 28 ha de bas-fonds rizicoles et le développement de fermes piscicoles.
Selon lui, les autorités sénégalaises sont très intéressées par ce programme régional qui est en parfaite harmonie avec le plan Sénégal Emergent, le document phare de planification nationale.
Au Mali, il s’agira de la protection des sources des cours d’eau et des bassins versants par le système de plantation de vétivers, d’eucalyptus, decaïlcédrat.
L’une des principales préoccupations de la FAO est de montrer que le secteur forestier n’est pas toujours en compétition avec l’agriculture ; mais qu’au contraire, il peut résoudre les problèmes d’eau et de sécurité alimentaire tout en favorisant la résilience des paysages.