Carton plein. Elles ont réussi leur premier défi: convaincre. Ahlam Jebbar, fondatrice et directrice du journal électronique Tourisma Post, et son équipe ont célébré, jeudi soir à Rabat, le lancement officiel du Club des femmes du tourisme. Une aventure dans laquelle se sont embarquées des personnalités connues du secteur, venues nombreuses, à l’occasion, exprimer leur soutien.
Animé par la volonté de donner à la femme la place qu’elle mérite dans les différents métiers du tourisme, le Club a suscité un mouvement dans lequel se sont mobilisés les patrons du secteur. Le directeur de l’Office national marocain du tourisme (ONMT), Abderrafie Zouiten, le président de la Confédération nationale du tourisme (CNT), Abdellatif Kabbaj, le vice-président d’AccorHotels Afrique et président du Centre régional du tourisme à Marrakech, Hamid Bentahar, sont quelques-unes des personnalités présentes à cette cérémonie. L’invité de marque a été incontestablement le conseiller du roi André Azoulay venu saluer l’initiative.
Parrainé par le célèbre opérateur touristique Mohamed Benamor, président du Conseil du développement et de la solidarité (CDS), le Club est présidé par la non moins connue Fathia Bennis, PDG de Maroclear.
Association à but non lucratif, le Club a élu, hier avant la cérémonie, lors d’une assemblée constitutive, les membres de son bureau composé de 8 femmes. La vice-présidente, Ahlam Jebbar, parle d’un projet qui a mûri au bout d’un an et demi de gestation. « Tout a commencé le 8 mars 2016, à l’occasion de la journée de la femme, Tourisma Post avait alors décerné les trophées des femmes du tourisme sélectionnées suite à un sondage auprès des professionnels », raconte-t-elle au HuffPost Maroc. Cette reconnaissance symbolique avait suscité l’admiration de plusieurs. « On nous a ainsi proposé de réfléchir à un projet dédié aux femmes du tourisme », ajoute-t-elle.
Briser le plafond de verre
Aussi simplement qu’un déclic, l’idée a évolué vers des objectifs pour aboutir enfin à la création du Club des femmes du tourisme. Sa mission: contribuer au développement de l’industrie du tourisme, œuvrer pour l’amélioration des conditions de travail des femmes du secteur et leur représentativité (25,9% en moyenne nationale contre 50 à 85% dans les pays européens). Le Club veut ainsi valoriser l’image de la femme exerçant dans le tourisme. « Les femmes n’arrivent toujours pas à accéder au plafond des métiers du tourisme et, dans notre société, certains métiers dans l’hôtellerie comme la femme de ménage ou la réceptionniste sont considérés comme ‘h’chouma’ (honte) », regrette Ahlam Jebbar.
La représentativité des femmes doit changer et le Club compte agir par la communication en premier. « Nous avons établi un plan d’actions dont la première initiative sera le lancement d’une campagne de communication pour la valorisation des métiers du tourisme de la femme. Nous allons réaliser des capsules à partir de témoignages de success-stories que nous partagerons sur les réseaux sociaux », explique l’initiatrice du projet.
Communication rime avec formation, au Club des femmes du tourisme. Action tout aussi prioritaire: des cycles de formations seront organisés au profit de femmes en situation précaire dans le cadre d’un partenariat entre associations, organismes spécialisé et groupes hôteliers. « Une fois formées, nous irons voir nos partenaires pour qu’ils leurs offrent des contrats de travail », lance Ahlam Jebbour en s’adressant aux PDG des groupes hôteliers présents à la cérémonie.
« Discrimination positive »
Le Club n’hésitera pas à frapper aux portes pour faciliter l’insertion professionnelle des femmes dans les métiers du tourisme, leur donner l’occasion de s’affirmer, mais aussi d’évoluer. Pour cela, il est prêt à brandir « la discrimination positive », pour se faire entendre, prévient la présidente dans son discours, Fathia Bennis.
Ahlam Jebbar ne veut pas, toutefois, que le Club prête à une quelconque confusion: « Nous ne sommes pas un Club de féministes, mais de femmes! Nous voulons être un complément aux efforts des professionnels et nous imposer comme force de proposition ».
Mener une réflexion sur l’évolution du secteur, apporter des idées et proposer des changements, l’ONG est déterminée à apporter son eau au moulin du tourisme marocain. Le Club a ainsi créé des relais à travers les villes du royaume pour être à l’écoute de la femme du secteur. Des rencontres de réflexion au niveau régional sont au programme.
Avec huffpostmaghreb.com