Plus de 250 statues de cire sont visibles au Musée Grévin. Minutieusement sculptées, soignées, habillées, le travail en amont est colossal. A l’occasion du cent trente-cinquième anniversaire du célèbre musée parisien, les coulisses se sont entrouvertes pour une visite privée, sous la cire du musée.
Mais avant de pouvoir côtoyer les stars, il faut que les petites mains de l’ombre s’activent pour donner vie à ceux qui resteront sages devant les visiteurs. Un travail de titan où rien n’est laissé au hasard.
Un casting collaboratif
Depuis 2014, le musée choisit les futures célébrités qui seront représentées en deux temps. Tout d’abord via internet où les internautes sont invités à choisir leur personnalité préférée selon plusieurs catégories. Une manière de créer une intimité encore plus confortable entre les visiteurs et leurs stars préférées. Le choix établi, ce sont les membres de l’Académie Grévin dirigée par Stéphane Bern et fondée en 2001, qui choisissent la célébrité française qui sera conçue pour rejoindre les autres au sein du musée. Vient ensuite le long processus de fabrication.
Passage obligé en chirurgie esthétique
Il faut compter pas moins de six mois pour réaliser une statue de cire. D’abord sculpté dans la Pastaline, une pâte à modeler, le visage de la célébrité est ensuite moulé dans du silicone, puis enfin dans de la cire d’abeille te du durcisseur. Une fois le visage terminé, les yeux et les dents en résine sont rajoutés. Vient ensuite la fastidieuse et délicate tâche de l’implantation des cheveux. La perruquière sélectionne un à un les véritables cheveux pour les implanter à la pince dans le crâne de la statue. Des jours de travail sont nécessaires pour que le rendu paraisse le plus naturel possible.
Les statues aux petits soins
Maquillées comme s’il s’agissait d’êtres vivants, les statues sont ensuite habillées sur mesure pour ressembler de manière la plus conforme possible à leur modèle. Mais la vigilance est de rigueur. Chaque jour, l’équipe vérifie l’état des statues de cire. Réparations mineures pour certaines éraflures ou retour en atelier pour les dégâts les plus coriaces, mais aussi époussetage quotidien. Clémence Suzanne, costumière, vérifie chaque jour, ciseaux à la main, qu’aucun fil ne dépasse et que les costumes ne soient pas élimés. Même si elle côtoie tous les jours les plus grandes stars, elle ne peut s’empêcher de confier, amusée : “C’est troublant quand il y a moins de lumière, ou quand on oublie qu’on a déplacé un personnage et qu’on se retourne… Quand ils sont vraiment réussis, le regard parfois est perturbant.”
Une retraite méritée
La vitesse avec laquelle certains personnages sont adulés oblige l’équipe du Musée Grévin à régulièrement changer les statues : qu’en est-il de ceux qui doivent quitter la lumière des projecteurs ? Un hangar rassemble tous les bustes et les visages des “gloires déchues”. Les corps s’entassent, mais les têtes sont minutieusement conservées dans des cartons, rangées avec précaution sur des étagères. Drôle de fin de vie pour ces figures historiques qui resteront, là, obligées de cohabiter avec d’autres au hasard des dispositions, jusqu’à la fin des temps. C’est ainsi que, dans un hangar, on refait l’histoire…