La pilule masculine DMAU montre des résultats très prometteurs, selon une étude présentée lors du congrès de la Société américaine d’endocrinologie. Avec une légère prise de poids et diminution du « bon » cholestérol, les effets indésirables semblent minimes.
La pilule pour homme semble être bien tolérée, selon une étude américaine qui sera présentée dimanche 25 mars 2018 à ENDO 2018, le 100e congrès annuel de la Société américaine d’endocrinologie à Chicago. Utilisée tous les jours pendant 1 mois par 83 hommes, elle a également montré des réponses hormonales compatibles avec une contraception efficace.
Une pilule masculine similaire à la version féminine
Appelée DMAU (dimethandrolone undecanoate), cette pilule combine, comme dans la version féminine, une hormone androgène (mâle) comme la testostérone et un progestatif, à prendre quotidiennement. « DMAU est un grand pas en avant dans le développement d’une ‘pilule masculine’ en une prise par jour« , a déclaré Stephanie Page, professeur de médecine à l’Université de Washington dans un communiqué de la Société américaine d’endocrinologie. « Beaucoup d’hommes disent qu’ils préfèrent une pilule à prendre quotidiennement comme contraceptif réversible, plutôt que des injections à action prolongée ou des gels topiques, qui sont également en développement« , ajoute-t-elle. D’après Stephanie Page, le développement de la pilule masculine était jusque-là entravée par la toxicité des formes orales de testostérones, qui peuvent causer une inflammation du foie, et par leur élimination trop rapide de l’organisme, nécessitant deux prises par jour. Développée par les Instituts américains de santé (NIH), la DMAU contient de l’undécanoate, un acide gras à longue chaîne, qui, selon Stephanie Page, ralentit cette élimination. Elle doit cependant être prise en même temps qu’un repas pour garantir son efficacité.
Légère prise de poids et baisse du cholestérol : de bons résultats de sécurité
L’étude se basait sur des sujets en bonne santé, âgés de 18 à 50 ans, et a eu lieu au centre médical de l’Université de Washington et au centre médical Harbor-UCLA à Torrance. Les chercheurs ont testé trois doses différentes de DMAU (100, 200 ou 400 mg) et deux formulations différentes à l’intérieur des capsules (huile de ricin et poudre). Chaque groupe était composé de cinq hommes qui recevaient un placebo inactif et de 12 à 15 autres qui prenaient la pilule DMAU. Les sujets ont ensuite pris le médicament ou le placebo quotidiennement pendant 28 jours. Ils étaient suivis par des prises de sang, des tests d’hormones et de cholestérol les premier et dernier jours de l’étude.
Résultat : à la dose la plus élevée de DMAU, 400 mg, les sujets ont montré une « suppression marquée » des taux de testostérone et de deux autres hormones nécessaires à la production de spermatozoïdes. Ces faibles niveaux, selon Stephanie Page, sont cohérents avec les données d’études à plus long terme sur la contraception masculine efficace. « En dépit de ces faibles taux de testostérone circulante, très peu de sujets ont rapporté des symptômes compatibles avec une déficience ou un excès de testostérone« , a-t-elle déclaré. Autres effets secondaires, une légère prise de poids et diminution du HDL (« bon » cholestérol »), leurs marqueurs de la fonction hépatique et rénale restant normaux. « Ces résultats prometteurs sont sans précédent dans le développement d’un prototype de pilule mâle« , a déclaré Stephanie Page. « Des études à plus long terme sont actuellement en cours pour confirmer que la DMAU pris tous les jours, bloque la production de spermatozoïdes« . Les chercheurs vont bientôt lancer une étude clinique de trois mois pour tester le nombre de spermatozoïdes chez les hommes prenant le médicament. Si ces résultats sont bons, la pilule sera testée par les couples en tant que contraception. Une bonne nouvelle pour 91% des hommes qui, dans une étude de l’institut CSA de 2012, considéraient que la contraception doit être « autant l’affaire de l’homme que de la femme« , et les 61 % qui se déclaraient prêts à prendre une pilule masculine si elle existait.
Avec sciencesetavenir