CONCEPT-CAR. Malgré la séparation de la gamme DS, Citroën ne compte pas abandonner le haut-de-gamme. L’étude CXperience pourrait annoncer la future C5.
Citroën et le haut-de-gamme, c’est une histoire longue et compliquée, faite de hauts et de bas. Au sommet se trouve bien évidemment la fameuse DS, lancée en 1955 et produite à plus de 1,3 million d’exemplaires au cours d’une carrière longue de vingt ans. Autre modèle emblématique, la SM à moteur Maserati. Si ce coupé fut un échec commercial, avec une carrière écourté par le choc pétrolier, ses lignes signées Robert Opron sont restées dans de nombreuses mémoires. Au point que ce modèle revient souvent comme un des plus marquants de l’histoire des Chevrons (lire notre essai de la Citroën SM).
A l’heure où Citroën se tourne vers son patrimoine et cherche à reconstruire son haut-de-gamme, voilà une opportunité magnifique. Oui mais voilà : ces deux autos sont désormais inaccessibles au service marketing Citroën. En cause : la sécession de la ligne DS, qui forme désormais la marque DS Automobiles. Cette griffe de luxe de PSA a reçu en héritage les deux joyaux de l’histoire de Citroën, les Chevrons devant désormais se contenter de la populaire 2CV et de la lointaine Traction, qu’il est désormais difficile de lier à un modèle moderne.
Il fallait donc trouver l’inspiration ailleurs. Si les C4 Cactus, C1 et dans une moindre mesure C3 sont parvenues à se forger une identité moderne et dynamique, leurs yeux ronds, leurs couleurs vives et leurs larges protections latérales n’ont rien à faire sur une grande berline. Il fallait donc trouver autre chose, Linda Jackson, PDG de Citroën ayant affirmé que la C5 aurait une descendance, et si possible teintée d’originalité. Dans l’histoire de la marque, il restait une source d’inspiration : la CX. Celle qui a transporté Jacques Chirac sur les Champs-Elysées au soir de l’élection de 1995 est encore dans de nombreuses mémoires et son style suffisamment singulier pour que l’on s’y arrête.
La CX comme inspiratrice
Pour autant, la CX est-elle un choix rêvé ? Pas si sûr. Nombreux sont encore ceux qui la considèrent comme ringarde, alors que les collectionneurs commencent à ne s’y intéresser que depuis quelques années. Aussi et surtout, la défunte C6 lui rendait un hommage appuyé avec son profil bicorps et sa lunette concave, avec le peu de succès commercial que l’on sait. PSA semble avoir retenu la leçon en Chine, où la nouvelle C6 est une classique berline tricorps dérivée de la Peugeot 508 et également vendue sous le blason Dongfeng (lire notre article sur la Citroën C6 chinoise). La Vielle Europe pourrait-elle succomber cette fois à une recette qui n’a guère pris une première fois ? L’avenir le dira.
Quoi qu’il en soit, le concept-car CXperience est indéniablement Citroën. Son profil à l’arrière tronqué rappelle tout autant la C6 que le concept-car C-Métisse, dévoilé au Mondial de Paris en 2006. Dix ans plus tard toutefois, la posture oublie la sportivité. Et pour cause, Citroën préfère aujourd’hui miser sur le confort, son argument historique. Ainsi, les seuils de porte de la CXperience portent-ils le label Citroën Advanced Comfort, gage que tous les efforts ont été faits pour choyer les passagers. On retrouve en toute logique les suspensions à butées hydraulique progressives que nous avions pu essayer en avant-première il y a quelques semaines.
La singularité est également poussée dans le traitement de l’habitacle. Très inspiré par le mobilier scandinave, il n’aurait pas déparé chez Volvo. Pour autant, le tissu matelassé cache des mousses de densités différentes, pour assurer un contact doux avec le fessier de son occupant. Notons que, comme c’était déjà le cas sur le concept-car Aircross, ce nouveau modèle préfère un tissu contemporain au cuir, plus classique, qui semble réservé à Peugeot et DS. Pour autant, le soin porté aux texture des matériaux et détails apparaît remarquable, avec notamment une gravure de surface des pièces en bois. Longue de 4,85 m et dotée d’un empattement généreux de 3 m, la CXperience promet une habitabilité généreuse.
Si la question du haut-de-gamme apparaît comme un serpent de mer chez Citroën, il en va de même de l’hybride rechargeable. Depuis la Numéro 9 en 2012, nombreux furent les concept-car aux Chevrons à associer le fameux quatre-cylindres essence 1.6 THP à un moteur électrique situé dans le train arrière, issu de l’architecture HYbrid 4. L’ensemble développe une puissance comprise entre 250 ch et 300 ch, dont 100 ch sont fournis par le moteur électrique, inactif sur autoroute. L’autonomie ne mode électrique est de 60 km, grâce à une batterie de 13 kWh. Voilà des données sui semblent assez proches de la série, plus en tout cas qu’une carrosserie aujourd’hui encore trop éthérée pour préfigurer une nouvelle C5, hormis à travers quelques traits et quelques éléments philosophiques…
avec challange