© Kemi Adeosun, la ministre nigérianne des finances
Le gouvernement du Nigéria a sélectionné les groupes bancaires Citi, Standard Chartered et Stanbic ITBC (filiale du Sud-africain Standard Bank), comme arrangeurs de son eurobond d’un milliard $. Le début du procssus d’émission est finalement prévu pour janvier 2017, même si la ressource compte pour le budget de 2016.
« Nous espérons commencer le processus en janvier. Nous avons obtenu un avis de non-objection du Bureau des marchés publics pour la désignation de ces parties, retenues au terme d’un appel d’offres ouvert », a fait savoir Kemi Adeosun (photo), la ministre nigérianne des finances alors qu’elle annonçait la nouvelle.
Les analystes sont très ouverts sur l’orientation que prendra ce premier emprunt souverain du Nigéria depuis 2013. Son titre de référence sur le marché international des capitaux est celui émis en juillet 2013, et qui a une maturité de 10 ans avec un taux de 6,37%. Il se négociait vendredi 2 décembre 2016 à 93% de sa valeur d’émission, et offrait un rendement de 7,7%, selon des données de l’initiative africaine des marchés financiers de la BAD.
Dans l’ensemble, les obligations souveraines africaines ont attiré les investisseurs tout au long de l’année, notamment ceux en quête de placements stables susceptibles de les protéger contre la volatilité ambiante sur les marchés asiatiques et occidentaux. Depuis l’élection de Donald Trump, qui promet de relancer l’économie américaine au moyen de gros investissements, le dollar est reparti à la hausse entraînant peu à peu certains de ces investisseurs.
D’autres emprunts internationaux effectués en 2016 et qui peuvent servir d’indicateur pour évaluer ce que sera l’appétit des investisseurs pour les titres nigérians, sont les émissions d’IHS Nigeria et Access Bank. Elles ont reçu respectivement des taux de 9,5% (pour 800 millions $) et 10,5% (pour 300 millions $), les deux avec des maturités de 5 ans.
Le Nigéria n’est plus dans les mêmes conditions qu’en 2013. Le prix du baril de pétrole, sa principale source de revenus en devises, a fortement chuté depuis cette époque, et la production est menacée par les attaques de groupes d’insurgés dans le Delta du Niger.
Par ailleurs sa banque centrale a été contrainte de laisser le marché monétaire déterminer la valeur de sa devise (le naira) depuis la fin juin 2016, lui faisant perdre jusqu’à près 60% de sa valeur. L’inflation y a atteint un niveau élevé et sa situation macroéconomique est marquée par sa première récession depuis près de 20 ans.
Malgré ces indicateurs, Kemi Adeosun reste assez confiante. « Nous sommes optimistes de ce que nous finaliserons rapidement le processus avec une attraction significative des investisseurs. La stabilité des prix du pétrole nous aide. Actuellement, il y a de la demande pour les titres des marchés émergents. Nous nous attendons à recevoir un prix assez compétitif », a-t-elle fait savoir s’exprimant sur le sujet.
Peu de pays africains ont émis des eurobonds en 2016, en raison du durcissement des conditions sur le marché international des capitaux. Seuls l’Afrique du sud et le Ghana s’y sont essayés sur la période. Dans la suite du Nigéria, le Kenya devrait aussi émettre des obligations souveraines très bientôt. Ses responsables ont lancé un appel d’offre pour le recrutement des arrangeurs de cette opération.