Les entreprises des marchés émergents ont besoin de talents pour être compétitives sur le marché mondial. Elles ont fait beaucoup de progrès pour les attirer. Il y a dix ans à peine, la plupart des jeunes diplômés brillants de Chine et d’Inde préféraient aller travailler pour des entreprises occidentales. Ces entreprises payaient mieux et offraient plus de possibilités d’évolution professionnelle et d’avancement.
Les choses ont changé. Aujourd’hui, les entreprises des marchés émergents peuvent attirer certains des meilleurs talents, localement et à l’international. En 2016, Alibaba a lancé la Global Leadership Academy pour proposer aux jeunes cadres aspirants des États-Unis et d’Europe un séjour de 16 mois au sein de son siège social. La société a déjà braconné certains dirigeants de sociétés technologiques et financières bien établies. Dr Reddy, une multinationale pharmaceutique indienne, remporte régulièrement des prix aux États-Unis grâce à son statut d’excellent employeur.
Natura, du Brésil, Belcorp, du Pérou, et Falabella, du Chili figurent désormais sur la dernière liste des 25 meilleures entreprises pour lesquelles travailler établie par le magazine Fortune. Ces entreprises se sont consacrées à attirer et à soutenir les talents pendant des années.
Cependant, certains défis restent à relever. L’attrait que représente le fait de travailler pour une entreprise occidentale est encore profondément ancré dans les cœurs et les esprits des diplômés universitaires et des managers en milieu de carrière dans les marchés émergents. Beaucoup croient encore que les rémunérations, les primes et les promotions sont plus attrayantes que dans les entreprises locales. Pour les managers en herbe dotés de compétences essentiellement techniques, cette hypothèse reste vraie.
Mais il en va autrement pour ceux qui possèdent des compétences managériales plus générales, comme la capacité de négocier ou de travailler efficacement dans des équipes multiculturelles, en complément d’une base de connaissances financières ou marketing. Alors que le secteur des services se développe en Asie, au Moyen-Orient et en Amérique latine, la demande de talents dans les soins de santé, les industries créatives et les services professionnels va monter en flèche.
Prenons l’exemple de la Corée du Sud, qui, après avoir été un centre de production essentiellement manufacturière, est déjà devenue une économie de services plus diversifiée. Le pays a créé plus de quatre millions d’emplois hautement qualifiés au cours de la dernière décennie. La Chine vit une transition similaire et aura besoin d’au moins 40 millions de professionnels formés rien que dans les 25 plus grandes villes. Dans l’économie indienne, qui dépend beaucoup moins du secteur manufacturier pour sa croissance, la demande pour ce type de talent est encore plus grande.
La Chine a l’avantage de disposer d’un système universitaire dynamique qui recrute le plus grand nombre de diplômés de tous les pays du monde. Mais il lui manque le dynamisme de la population jeune de l’Inde, qui semble avoir un nombre presque illimité de diplômés techniques dans un certain nombre de domaines critiques. Le Brésil et le Mexique commencent également à tirer leur épingle du jeu grâce à leurs cohortes de jeunes.
La concurrence pour attirer les talents en Chine sera féroce. Cela devrait conduire les entreprises émergentes et à croissance rapide du pays à redoubler d’efforts pour séduire les talents, y compris ceux de l’étranger. Les multinationales chinoises émergentes déclarent avoir moins de difficulté à attirer des talents pour leurs opérations internationales que pour des postes en Chine. Dans une large mesure, cela est dû aux mauvaises conditions de vie dans les grandes villes du pays. La qualité de l’air et les embouteillages dissuadent de nombreux étrangers d’envisager d’y emménager. Alors que les entreprises indiennes ont plus de travailleurs locaux qualifiés disponibles pour combler les embauches potentielles, elles seront également confrontées à des défis lorsqu’elles attireront des étrangers pour travailler en Inde.
Les stratégies futures pour le développement des talents dans les marchés émergents doivent aborder au moins cinq domaines clés :
– Allouer des ressources à l’enseignement, dans des domaines techniques et non techniques.
– Faire en sorte que les conditions d’emploi et les perspectives de carrière dans les plus grandes multinationales des marchés émergents continuent à s’améliorer, de sorte que travailler pour ces entreprises devienne au moins aussi attrayant que de travailler pour une entreprise occidentale.
– Attirer des talents étrangers vers des postes qui se trouvent aussi bien dans le pays d’origine que dans le reste du monde.
– Rendre la vie dans les plus grandes villes du monde émergent plus agréable, pratique et abordable.
– Veiller à ce que les entreprises locales n’aient pas à payer une prime pour recruter ces talents. À long terme, cela compromettrait la compétitivité des entreprises et de l’économie.
Les entreprises des marchés émergents ne peuvent pas gagner toutes seules la bataille de la séduction des talents. L’infrastructure physique, l’éducation et la qualité de vie d’un pays sont des facteurs clés. Seule une collaboration renforcée avec les gouvernements, locaux comme nationaux, permettra d’atteindre les résultats dont ces entreprises ont besoin.
Avec weforum