Wùlu (“chien”, en bambara) est le premier long métrage du réalisateur franco-malien Daouda Coulibaly. Une coproduction franco-sénégalaise, tournée entre Bamako, Dakar et Thiès. Le film, conçu pour séduire le public du continent, bénéficie déjà d’un rayonnement international.
Un minibus rempli de passagers est arrêté à la frontière entre la Guinée et le Mali. La police a eu un tuyau : le véhicule cache une importante livraison de cocaïne. Mais les policiers ne trouvent rien et sont obligés de relâcher le conducteur, Ladji. Le jeune Malien vient de jouer son premier coup de maître en tant que dealer.
L’intrigue et la mise en scène font penser à un film hollywoodien, mais nous sommes à Bamako et les acteurs sont presque tous Africains. Quand on est jeune, pauvre et ambitieux, comment résister à la tentation du crime organisé ?
Telle est la trame de Wùlu, qui invite le spectateur à partager le parcours de Ladji, interprété par le Franco-Malien Ibrahim Koma, qui se bat pour faire fortune et sortir sa sœur (Inna Modja) de la prostitution.
Un ADN africain
Ce thriller est le premier long métrage du réalisateur franco-malien Daouda Coulibaly, qui s’est déjà illustré par deux courts métrages, “Il était une fois l’indépendance” et “Tinyè so” (la maison de la vérité).
Le film a été produit par Astou Films, basé au Sénégal et dont Eric Névé et Oumar Sy (à ne pas confondre avec l’acteur Français Omar Sy) sont actionnaires. “Avec une équipe à majorité africaine, de nombreux stagiaires, Wùlu a été l’occasion pour plusieurs jeunes de faire leurs débuts dans le cinéma”, se réjouit Éric Névé, le producteur.
Tourné entre le Mali et le Sénégal, le film apporte aussi un éclairage sur l’actualité africaine. À travers la course du héros vers le sommet du crime organisé Coulibaly dépeint l’influence des bandes sur la crise politico-militaire qui frappe le Mali depuis 2012. Il profite d’une scène pour faire un clin d’œil à l’affaire dite « Air Cocaïne », lorsqu’un avion soupçonné de transporter plusieurs tonnes de cocaïne s’est posé dans le nord du pays fin 2009. “Le trafic de drogue a servi à financer le terrorisme. Pour se procurer des armes, il faut des fonds”, rappelle-t-il.
Un ovni cinématographique
Wùlu est un des rares films à gros budget sur le continent. Le thriller à la sauce africaine a nécessité 2,5 millions d’euros, soit près de 1 625 000 000 de francs CFA, récoltés grâce à des partenariats avec la boîte de production La Chauve-Souris, basée à Paris, Orange Studio, Canal+, TV5 et ACPCultures+, et quatre années de travail, de l’écriture à la réalisation.
“C’est un film d’abord pour un public africain. Il parle de l’Afrique d’aujourd’hui, de la manière dont la jeunesse se heurte au chômage”, insiste Éric Névé.
La plupart des scènes sont tournées en langue bambara, depuis la cohue des minibus de Bamako jusqu’aux somptueuses villas de Dakar, tout en utilisant les codes d’Hollywood : courses-poursuites dans le désert, fusillades, usage hélicoptères… Le tout sur un rythme tantôt lent, tantôt accéléré. Le cinéphile est tenu en haleine du début jusqu’à la fin par les aventures du jeune Ladji.
Un rayonnement international
Londres, Hambourg, Toronto, Namur, Johannesburg… Depuis son avant-première en août dernier au Festival du film francophone d’Angoulême en France, Wùlu fait partie des sélections de prestigieuses compétitions à travers le monde.
Il faudra patienter encore pour le voir en salle, “probablement en janvier 2017”, selon le producteur Éric Névé. Mais les cinéphiles Africains le découvriront avant cette date. Une projection en avant première est prévue au cinéma Babemba à Bamako en décembre. Elle est organisée par Unifrance dans le cadre de la francophonie cinématographique.
Avec Jeune Afrique