Dans un marché local toujours en berne, la filiale d’Italcementi se bat pour rester numéro deux. Et permettre au groupe italien de poser ses premiers jalons au sud du Sahara.
Le 13 avril se tenait à Casablanca l’assemblée générale de Ciments du Maroc. L’occasion pour les actionnaires du numéro deux du marché d’interpeller le tout nouveau directeur général, Mario Bracci, qui a pris ses fonctions fin février. Dans un marché du ciment en repli pour la troisième année de suite (- 5,4 % en 2014), la filiale marocaine d’Italcementi affiche sans surprise un chiffre d’affaires en ligne avec l’évolution du secteur, soit 3,44 milliards de dirhams (environ 320 millions d’euros), en recul de 5,1 %. Quant à son résultat net, il est en léger retrait (- 0,8 %), à 74 millions d’euros. Un recul partiellement compensé, selon Mario Bracci, par « l’amélioration de l’efficacité industrielle, en particulier l’utilisation accrue des combustibles de substitution ».
Cette situation difficile, marquée par un essoufflement du BTP (dans les logements sociaux en particulier), n’a pas empêché l’entreprise de mener à bien certains projets. L’an dernier, 15 millions d’euros ont été investis dans le nouveau centre de broyage de Jorf Lasfar, et près de 3 millions d’euros dans le parc thermo-solaire d’Aït Baha, en partenariat avec Airlight Energy et Italgen Maroc Ener. En juin, Ciments du Maroc a opéré la fusion par absorption de sa filiale béton, Bétomar. Enfin, face à une concurrence exacerbée, la firme mise sur le déploiement d’une marque commune à tous ses produits, i.nova, et d’un réseau de points de vente pour se rapprocher de sa clientèle.
Pas question pour autant de s’attendre à un miracle en 2015. Le cimentier parie au mieux sur une stabilisation du marché. En attendant des jours meilleurs, Ciments du Maroc entend bien défendre sa part de marché (24 %). Surtout implantée dans le sud et le centre du pays avec trois usines – à Aït Baha (Agadir), Safi et Marrakech – et deux centres de broyage – à Laayoune et Jorf Lasfar -, la firme se tourne aussi vers le nord. Un centre de broyage d’une capacité de 500 000 tonnes doit être mis en service d’ici à fin 2016 près de Tanger, pour un investissement de 3 millions d’euros. Avec cette opération, Ciments du Maroc devient un acteur national et met surtout un pied sur les terres de Lafarge. La réponse du berger à la bergère, au moment où le groupe français développe un projet de cimenterie dans la région d’Agadir.
Guinée
Plus au sud, l’opérateur commence également à poser des jalons. Déjà présent en Mauritanie et en Gambie, Italcementi veut s’appuyer sur sa filiale marocaine pour poursuivre son développement en Afrique de l’Ouest.
« Dans cette région, la plupart des pays ne disposent pas de calcaire. Nous allons installer des broyeurs alimentés par du clinker [constituant du ciment] importé du Maroc », indique Mario Bracci. Plusieurs projets ont déjà été identifiés, le plus avancé étant une unité de broyage en Guinée, dont les travaux débuteront avant la fin de l’année pour une mise en service prévue au début de 2017.
Cependant, Ciments du Maroc n’est pas seul à prendre les devants en Afrique subsaharienne. Détenue par Anas Sefrioui, le PDG du groupe Addoha, numéro un de la promotion immobilière au Maroc, la société Ciments de l’Afrique (Cimaf) accélère de son côté son développement au sud du Sahara. D’ici à 2016, quinze cimenteries doivent être mises en route. Un nouveau champ de bataille pour les cimentiers marocains.
Pme pmi magazine avec jeuneafrique