Des documents confidentiels ayant fuité des archives de l’hôpital Rangueil à Toulouse font état de graves dysfonctionnements et le site d’information Mediacités qui a obtenu ces fichiers dépeint une situation aussi catastrophique qu’emblématique.
Le média en ligne Mediacités a obtenu 26 173 fiches d’incident enregistrées par le personnel du CHU Rangueil à Toulouse depuis septembre 2013.
Selon les informations de Mediacités, qui a publié son enquête le 2 avril, la fuite de ces documents a été rendue possible par une erreur des services informatiques de l’hôpital qui les ont temporairement publiés sur l’intranet.
Les dysfonctionnements graves rapportés par le personnel de l’hôpital mettent plus que jamais en lumière l’état de délabrement avancé des hôpitaux français et leur manque de moyens.
Des messages d’alerte qui passent l’envie de se faire opérer
Un message d’une infirmière alerte : «Deux infirmières le matin pour 26 lits = danger !!!! On en a marre car ça fait deux fois dans la semaine». Un autre rapport fait état d’une coupure de courant électrique en pleine intervention chirurgicale.
Un médecin décrit également une scène inquiétante : «Lors de l’intervention chirurgicale, la pièce à main du moteur… a craché un liquide noir dans la bouche du patient… et a brûlé la lèvre et la joue gauche.»
Un cardiologue a aussi rapporté la défaillance technique d’un défibrillateur qui «ne reconnaît plus le signal au moment de choquer le patient».
«Instrumentalisation» ou cruel manque de moyens ?
BFMTV interroge la directrice par intérim du CHU de Toulouse, qui se dit «fière de l’établissement au sein duquel [elle] travaille» et évoque «une instrumentalisation, […] une recherche de sensationnel». BFMTV souligne à ce titre que «le CHU de Toulouse est souvent classé parmi les meilleurs hôpitaux de France», mais, pour sa part, Mediapart rappelle judicieusement que le ministère de la Santé a économisé 7 milliards d’euros sur le budget des hôpitaux en dix ans.
L’urgentiste Patrick Pelloux, qui accordait une interview à RT France le 20 mars, dénonçait une «pénurie» de moyens alloués à l’hôpital public et réclamait un moratoire pour que la France «arrête de fermer des hôpitaux». Plus incisif encore, l’urgentiste estimait que certaines «castes» concentraient «le pouvoir» en la matière et appelait de ses vœux un «véritable big bang politique» permettant d’annuler «la loi Bachelot et la loi Touraine pour refaire une véritable loi sur les hôpitaux».
rt