Le dollar a terminé hier soir en baisse car à Wall Street les doutes se font jour sur l’adoption de la réforme fiscale de Donald Trump, ce qui a entrainé des prises de bénéfices. Mais les trois grands indices demeurent à des niveaux records, soulignant l’attractivité des marchés financiers par rapport aux marchés de matières premières. Sur le marché pétrolier, les cours du brut ont nettement progressé jeudi suite à l’annonce par l’Arabie saoudite de son intention de réduire ses exportations en décembre.
CACAO – CAFÉ – CAOUTCHOUC –COTON – HUILE DE PALME – RIZ – SUCRE
Une semaine en fanfare pour le cacao, avec quatre jours consécutifs de hausse, l’échéance mars touchant un plus haut depuis le mois de janvier, à $ 2 197 sur le marché à terme de New York. La moyenne mobile sur 50 jours a été supérieure à celle sur 200 jours, attirant des achats techniques et renforçant la tendance haussière mercredi.
New York a terminé à $ 2 185 la tonne et Londres à £ 1 632. Vendredi dernier, ils cotaient respectivement $ 2 056 et £ 1 559.
C’est la Côte d’Ivoire qui inquiète. Neuf exportateurs interrogés par Reuters estiment que la production nationale pourrait être en baisse de 12% à fin décembre, en raison notamment des maladies survenues suite aux fortes pluies en juin et juillet. A fin décembre, ils estiment que les arrivages seraient de 830 000 t contre 938 000 t sur la même période l’année dernière. Les arrivages hebdomadaires de fèves aux ports d’Abidjan et de San Pedro sont inférieurs à ceux de l’année dernière à pareille époque.
La production en Côte d’Ivoire devrait donc baisser tandis que la demande mondiale est bonne, notamment en Asie. Aussi, la campagne 2017/18 devrait-elle être plus équilibrée que la précédente qui s’est caractérisée par un large excédent. On envisage pour cette année un petit déficit ou un petit excédent mondial, ce qui permet aux prix de bien se maintenir mais dans une fourchette basse, a souligné le directeur financier de Barry Callebaut, Victor Balli.
Un sentiment haussier booster par l’annonce, cette semaine, des résultats financiers de Barry Callebaut qui a fait part de bénéfices nets en hausse de 40% sur son exercice fiscal 2016/17 (lire nos informations). Si ses ventes mondiales de confiseries ont été stagnantes, ses bons résultats ont émané d’une part d’industries alimentaires majeures qui outsourçaient leur production de chocolat, d’autre part d’un marché gourmet en pleine expansion.
Enfin, notons que sur les neuf premier mois de l’année calendaire, la Russie a importé pour 36 000 t de fèves de cacao, représentant $ 93,5 millions, soit une hausse des volumes mais une baisse en valeur par rapport à la même période en 2016 (32 100 t; $ 108,4 millions), reflétant ainsi l’évolution du marché mondial.
Mauvaise semaine pour le Robusta qui, mercredi, a touché les $ 1 799 la tonne. Jeudi, il a clôturé à $ 1 824 la tonne contre $ 1 865 vendredi dernier. En revanche, l’Arabica a grimpé en valeur, terminant hier soir à $ 1,264 la livre (lb) parti de $ 1,2395 vendredi dernier. En effet, le Brésil n’a exporté que 2,48 millions de sacs de 60 kg (Ms) de café vert (Arabica et Robusta) en octobre, son plus faible volume depuis 2013, selon l’association brésilienne des exportateurs Cecafé.
Un marché du Robusta qui a eu cette semaine les yeux rivés sur le Vietnam, n°1 mondial de cette variété de café, alors que le typhon Damrey touchait le pays, notamment dans ses régions productrices. En définitive, les dégâts sur les caféiers seraient mineurs. Par ailleurs, notons que le Vietnam a exporté 79 000 t (1,32 millions de sacs -Ms) de café en octobre, selon les douanes.
En Indonésie, le café s’est traité à prime de $ 50 sur Londres sur l’échéance janvier, alors que la surcote n’était que de $ 20 à $ 30 la semaine précédente. En tout état de cause, il reste très peu de café dans le pays.
Quant au Brésil, sa production atteindrait 55 à 57 Ms en 2018/19, soit bien en-deçà des chiffres de 60 à 62 Ms avancés précédemment. La Colombie, quant à elle, a produit 1,07 Ms d’Arabica lavé en octobre, en baisse de 23% par rapport à octobre 2016, selon la Fédération nationale des planteurs. Les exportations ont totalisé 1 155 995 sacs, en baisse de 6%.
Mardi, l’Organisation internationale du café (OIC) a relevé ses estimations de production mondiale sur 2016/17 à 157,4 millions de sacs de 60 kg, essentiellement suite à la révision à la hausse des récoltes d’Arabica au Mexique et en Amérique centrale, notamment au Honduras : l’OIC estime maintenant leurs productions à 20,3 Ms contre les 17,7 Ms avancés précédemment et en hausse de 16,3% sur la campagne dernière. La production mondiale d’Arabica est estimée à 101,6 Ms contre les 97,3 Ms avancés précédemment et 14,7% de plus qu’en 2015/16. La production de Robusta, en revanche, a été révisée légèrement à la baisse, à 55,9 Ms contre une estimation antérieure à 56,6 Ms ; cette production serait 12,2% en dessous de la campagne précédente.
Ainsi, le marché mondial serait excédentaire en 2016/17, faisant suite à deux campagnes consécutives déficitaires : les récoltes excéderaient de 2,38 Ms la consommation. Une consommation légèrement révisée à la baisse, de 0,3%, à 155,1 Ms.
Ainsi, en ce début de campagne 2017/18, le marché mondial est bien approvisionné, avec des stocks abondants. Une situation qui laisse à penser que les potentialités à la hausse des prix du café sont faibles.
Aux Etats-Unis, les stocks de café vert ont commencé à se contracter dès les mois d’août et la tendance s’est poursuivie en septembre, après avoir atteint leurs niveaux les plus élevés depuis au mois 16 ans.
La Russie a importé 136 500 t de café de janvier à septembre pour une valeur totale de $ 459,8 millions, en belle hausse par rapport à la même période en 2016 ( 121 700 t ; $ 351,3 millions).
Côté entreprises, Nestlé poursuit sa route dans le café. Il a racheté Chameleon, la marque leader aux Etats-Unis de café glacé après avoir pris une part majoritaire en septembre dans Blue Bottle Coffee. Nestlé qui, rappelons-le, possède Nescafé et qui entend ouvrir 53 nouvelles boutiques Nespresso d’ici la fin de l’année.
Après quatre séances de hausse, les cours du caoutchouc ont chuté mercredi, une baisse confirmée jeudi. Ils ont clôturé 203,1 yens ($1,79) le kilo pour le contrat d’avril contre 199,8 yens le kilo jeudi dernier, le Tokyo Commodity Exchange étant fermé vendredi. Rebond du marché de Shanghai, baisse du yen – à un plus bas de près de huit mois par rapport au dollar – et des problèmes d’approvisionnement en raison des inondations dans le sud du Vietnam qui ont endommagé les plantations ont été les facteurs de hausse du marché du caoutchouc cette semaine. La chute du marché de Shanghai ensuite a abaissé les cours. Une baisse accentuée par la prise de bénéfices après que les cours aient atteint un plus haut d’un mois mardi à 207 yens.
L’International Rubber Consortium (IRCo), qui regroupe la Thaïlande, l’Indonésie et la Malaisie, réunit la semaine dernière estime que plusieurs éléments contribuent à avoir un sentiment favorable sur l’évolution de la demande en caoutchouc : une croissance de l’économie mondiale de 3,6% en 2017 contre 3,2% en 3016 ; l’amélioration des ventes d’automobiles dans les principaux marchés Chine, UE et Japon avec une croissance respective de 4,8%, 3,7% et 7,1% sur la période de janvier à septembre 2017 par rapport à la même période en 2016 ; le renforcement des prix du pétrole et d’autres matières premières et l’accroissement de l’usage du caoutchouc dans la construction des routes et les autoroutes pour les trois pays de l’IRCo. Du côté de l’offre, le consortium indique que La Nina, les fortes pluies et la saison hivernale devraient réduire l’offre de caoutchouc sur le marché mondial.
Au cours des dix premiers mois de 2017, l’offre mondiale de caoutchouc naturel a augmenté de 5%, à 10,429 millions de tonnes (Mt), tandis que la demande mondiale a atteint 10,730 Mt, en hausse de 1,1% en glissement annuel, selon les dernières statistiques communiquées par l’Association of Natural Rubber Producing Countries (ANRPC).
Les stocks de caoutchouc brut dans les ports du Japon se chiffraient à 5 784 tonnes au 20 octobre, en hausse de 9,1% par rapport à la dernière date d’inventaire, ont montré jeudi les données de l’Association japonaise du caoutchouc.
La Chine a lancé une enquête antidumping sur les importations d’un caoutchouc synthétique appelé caoutchouc nitrile en provenance de Corée du Sud et du Japon, a annoncé jeudi le ministère du Commerce dans un communiqué.
Les cours du coton ont évolué dans une fourchette étroite sur la semaine sous revue clôturant jeudi en baisse à 68,54 cents pour le contrat de mars suite à la publication du rapport sur l’offre et la demande des produits agricoles (WASDE) du département américain de l’Agriculture (USDA).
Un rapport qui marque une hausse inattendue de la production américaine de coton à 21,4 millions de balles en 2017/18 suite à la hausse des rendements. Les stocks américains sont aussi revus à la hausse à 6,1 millions de balles. Révision aussi de la production mondiale à un record de cinq ans à 121,5 millions de balles ainsi que de la consommation mondiale au plus haut depuis 2009/10 suite à l’augmentation de la demande de l’Ouzbékistan, de la Chine et du Bangladesh.
La Chine démarrera ses ventes aux enchères de coton le 12 mars 2018 a annoncé La Commission nationale pour le développement et la réforme (NDRC). Jusqu’à la fin août, la Chine mettra en vente chaque jour 30 000 tonnes de coton de sa réserve. Sur son site web, la NDRC indique que Beijing envisagera d’augmenter le quota mis en vente chaque jour, de prolonger la date limite des enchères et d’autres mesures dans l’hypothèse d’une hausse soudaine des prix du coton ou d’une hausse des ventes de plus de 70% durant trois jours consécutifs au cours d’une semaine.
Les importations de coton du Vietnam en 2016/17 ont atteint 1,2 million de tonnes (Mt), en hausse de 20% par rapport à 2015/16, selon le département américain de l’Agriculture (USDA). Pour la campagne 2017/18, l’USDA table sur une progression de 15% à 1,38 Mt. Le coton américain détient une part de marché de 53,5% en 2016/17, contre 42% en 2015/16. Pour 2017/18, l’USDA estime que les exportations américaines devraient progresser de 20% à 730 000 tonnes. La Côte d’Ivoire est le cinquième fournisseur de coton du Vietnam en 2016/17 avec 19 000 tonnes. Les autres principales origines sont l’Inde (103 000 tonnes), le Brésil (106 000 tonnes) et l’Australie (98 000 tonnes).
En Côte d’Ivoire, le prix au producteur de coton a été reconduit à FCFA 265 le kilo pour 2017/18 (cf. nos informations). Le Conseil du coton et de l’anacarde estime que la Côte d’Ivoire devrait retrouver son niveau de production d’avant guerre de 400 000 tonnes de coton en 2018/19. Par ailleurs, 40 exportateurs ont reçu leur agrément pour la campagne 2017/18 (cf. nos informations ).
Au Bénin, l’usine d’égrenage de coton de Nikki de Marlan’s Cotton Industries (MCI) a été rachetée au cours d’une vente aux enchères par la Société de développement de coton (Sodeco) pour un montant de FCFA 3 milliards (cf. nos informations).
Evolution en dent de scie cette semaine des cours de l’huile de palme, qui ont mis fin mardi à trois séances de baisse consécutives aux attentes d’une production et de stocks en hausse, ont été confortés mercredi par un marché du soja soutenu pour à nouveau chuter jeudi avec des perspectives d’une demande plus faible, un ringgit plus fort et la baisse du soja. Globalement sur la semaine sous revue, les prix se sont légèrement affaissés clôturant jeudi sur la Bursa Malaysia à 2 809 ringgits ($668,01) contre 2 818 ringgit vendredi dernier.
Lors de la Conférence indonésienne sur l’huile de palme (IPOC) à Bali la semaine dernière, les spécialistes et analystes ont chacun donné leur perception du marché et des prix. L’analyste Dorab Mistry a une vision assez optimiste du marché, estimant que le prix de l’huile de palme va progresser d‘environ $735 la tonne aujourd’hui à $800 la tonne d’ici le mois de janvier et ce en dépit d’une production élevée en septembre et en octobre mais avec des stocks demeurés plus bas que prévu. « Le pic de production a passé […] Nous allons entrer dans une période de resserrement des stocks, et par conséquent, de prix plus élevés », a-t-il déclaré. Il a ajouté que les prix pourraient atteindre $850 tonne d’ici mars prochain en raison de stocks serrés suite notamment à des perturbations de la production d’autres huiles végétales. En effet, les climatologues ont mis en garde contre une possibilité de La Nina, marquée par de fortes pluies, en 2018 ce qui pourrait affecter la production de soja aux États-Unis et en Amérique du Sud. Les estimations de prix de Dorab Mistry sont basées sur un prix du brut Brent entre $45 et $60 le baril et un dollar plus fort face aux devises des pays tels que le Brésil, l’Argentine et l’Inde.
En revanche, Fadhil Hasan, membre de l’Association indonésienne des palmiers à huile (GAPKI) situe les prix de l’huile de palme entre $710 et $720 en moyenne la tonne en 2018, donc relativement stables. En ce qui concerne la demande, il table sur une hausse des exportations indonésiennes à 29 millions de tonnes (Mt) en 2018, contre 28 Mt en 2017. Quant à la consommation domestique, elle ne progressera que modestement à 10 Mt (9,7 Mt en 2017). Quant à James Fry, président de LMC International, il envisage un prix de 2 950 ringgits ($697) la tonne en janvier avant de tomber à 2 600 ringgits la tonne si les prix du pétrole augmentent au deuxième trimestre.
Toujours lors de la conférence à Bali, le ministre du Commerce, Enggartiasto Lukita, s’est dit prêt à faire face à la guerre commerciale déclenchée par les pays européens sur l’huile de palme et a appelé toutes les parties prenantes de l’industrie de l’huile de palme d’Indonésie à s’attaquer conjointement à cette campagne négative. « Nous devons être offensifs et pas défensifs », a-t-il suggéré. Sur les mesures concrètes envisagées par l’Indonésie, le ministre a déclaré que le gouvernement était prêt à arrêter les importations de lait en poudre qui, selon lui, entravaient la production domestique de vaches laitières mais aussi que l’Indonésie arrête ses exportations d’huile de palme vers l’UE pendant un mois.
Aux Etats-Unis, le département du Commerce a fixé jeudi définitivement les droits compensatoires sur les importations de biodiesel en provenance d’Argentine et d’Indonésie, les principaux producteurs de biocarburant du monde. Il a relevé les droits pour l’Argentine et abaissé ceux de l’Indonésie.
Ainsi les droits varient de 71,45 à 72,38% pour le biodiesel à base de soja en provenance d’Argentine contre des droits compensatoires préliminaires de 50,29% à 64,17% fixés en août. Le président argentin, Maurico Macri, a déclaré mardi que son gouvernement ferait appel à l’OMC. Quand au biodiesel à base d’huile de palme en provenance de l’Indonésie, les droits compensatoires sont fixés à 34,45% à 64,73% contre 41,06% et 68,28% établis en août.
En 2016, les importations de biodiesel en provenance d’Argentine et d’Indonésie ont représenté respectivement $1,2 milliard et $268 millions, estime le département du Commerce.
Les prix du riz en Thaïlande se sont stabilisés cette semaine grâce aux initiatives gouvernementales visant à stimuler le marché intérieur, tandis que les prix des céréales de base en Inde ont baissé en raison de la faiblesse de la demande et des approvisionnements.
En Thaïlande, le Thaï 5% s’échangeait à $375-$387 la tonne contre $382-$386 la tonne la semaine dernière. Le ministère du Commerce du pays a mis en place des politiques prévoyant des paiements de 1 500 bahts ($45) la tonne aux agriculteurs pour les encourager à stocker le riz dans les entrepôts afin d’éviter une offre excédentaire. Certains négociants en riz se sont félicités de ce changement, tandis que d’autres étaient sceptiques quant à son succès en raison de capacités insuffisantes des entrepôts. Le ministère thaïlandais de l’Agriculture a aussi tenté de promouvoir le riz thaïlandais en s’associant à Alibaba Group Holding Ltd en Chine pour vendre son riz via la plate-forme en ligne du géant du commerce électronique. Toutefois, en dépit de ces efforts, la demande reste relativement faible selon des négociants.
En Inde, le prix du riz étuvé 5% a baissé de $3 à $400 la tonne en raison de la faiblesse de la demande et du début de la nouvelle campagne dans le sud de l’Inde. « Les acheteurs africains sont sur la touche », a déclaré un exportateur basé à Kakinada dans l’Etat d’Andhra Pradesh. En revanche, le Bangladesh a signé un accord avec le PEC en Inde pour importer 100 000 tonnes de riz étuvé à $455 dollars la tonne CAF selon les autorités indiennes.
En dépit d’ accords signés avec plusieurs pays exportateurs de riz, dont le Vietnam, le Cambodge et le Myanmar, le Bangladesh se bat encore pour reconstituer ses réserves, qui ne sont que de 411 000 tonnes, bien en dessous du niveau normal d’environ 1 million de tonnes. Le ministère américain de l’Agriculture (USDA) prévoit une production de riz pluvial au Bangladesh de 13,1 millions de tonnes, soit environ 350 000 tonnes de moins que l’année dernière.
Au Vietnam, le Viet 5% est inchangé $405 la tonne. Les inondations causées par le typhon Damrey ont submergé plus de 9 300 hectares de riz dans les provinces du centre, a indiqué l’agence de prévention des catastrophes du Vietnam. Toutefois, le typhon n’a pas touche la principale région de production de riz, le delta du Mékong.
Les sucres ont terminé en belle hausse sur la semaine, le roux à New York cotant jeudi soir 14,88 cents la livre et le blanc à Londres $ 389,60 la tonne. Vendredi dernier, les deux sucres étaient respectivement à 14,38 cents et $ 377,50.
Un marché, rappelons-le, certes excédentaire mais qui suit deux campagnes consécutives déficitaires. En outre, chacun s’attend à d’importants changements dans le mix énergétique brésilien, à la faveur de l’éthanol, ce qui signifie moins de canne disponible pour la fabrication de sucre et donc moins de disponibilités en sucre du n°1 mondial. Ainsi, les stocks mondiaux seraient plus étroits qu’attendus, laissant peu de marge, en définitive, si un aléa climatique devait surgir.
Autre facteur impactant les prix, la récente hausse des cours du pétrole à leurs plus hauts niveaux en deux ans et demi. Ceci soutient les prix du sucre car plus le pétrole est cher, plus le Brésil ( 40% du marché mondial du sucre) consacre de la canne à sucre à produire de l’éthanol et non du sucre, réduisant les volumes de ce dernier et donc soutenant à la hausse son prix. Selon le consultant Datagro, le mix énergétique au Brésil connait effectivement d’importants et rapides changements en faveur de l’éthanol : en 2018/19, 44% de la canne irait à la production de sucre contre 47% durant l’actuelle campagne. Notons que la production de sucre est attendue à 32,6 Mt dans le centre-sud, région majeure de production, contre 36,4 Mt en 2017/18.
Quant à l’excédent mondial, le directeur de l’unité sucre Biosev de Louis Dreyfus, Enrico Biancheri, l’estime, tant en 2017/18 qu’en 2018/19, à 3 Mt. La production sera en baisse de façon significative dans le centre-sud du Brésil, confirme-t-il, mais en hausse en Europe, en Inde et en Thaïlande. Pour sa part, Datagro a fortement révisé à la baisse ses estimations d’excédent mondial pour 2017/18, à 430 000 t (valeur roux) contre 2,95 Mt avancés précédemment en raison, là encore, de la forte baisse de production dans le centre-sud brésilien.
S’agissant de l’éthanol, les Etats-Unis continueront à exporter d’importants volumes au Brésil en 2018 malgré l’instauration par Brasilia d’une taxe de 20% à l’importation. Des exportations, toutefois, en baisse, estimées par l’analyste Platts Kingsman à 1,7 milliard de litres d’éthanol en 2018 contre 1,8 milliard cette année. Le Brésil est et demeurera un importateur net d’éthanol, selon S&P Global Platts. Les Etats-Unis ont 30% de parts du marché brésilien et devraient grimper à 40% en 2018. Un marché brésilien qui a connu un essor sans pareil ces dernières années, important 400 millions de litres en 2014 et 1 milliard en 2016.
Toujours sur ce segment, en France, l’essence contenant jusqu’à 10% d’éthanol est le meilleur performer du marché, souligne Bioethanol Collective. Sur les 9 premiers mois de 2017, le SP95-E10 a représenté 38,2% du marché de l’essence contre 37,5% pour le SP95. Depuis son lancement en 2009, le SP95-E10 est maintenant distribué dans plus d’une pompe à essence sur 2 en France; il est aussi 4 à 5 centimes moins cher que le SP95 grâce à une incitation fiscale.
Sur 2018/19 (octobre/septembre), certains entrevoient une campagne record en Inde, de l’ordre de 29 à 30 Mt contre 25 Mt cette campagne 2017/18, ce qui laisserait un excédent national de 4 à 5 Mt en fin de saison prochaine, rapporte Business Standard. Les capacités de broyage en Inde devraient fortement augmenter, 80 usines de coopératives devant être opérationnelles ces prochains mois.
Sur les 9 premiers mois de l’année calendaire, la Russie a importé 11 400 t de sucre roux et 196 000 t de sucre blanc, en chute drastique par rapport aux 242 700 t et 34 900 t respectivement sur la même période en 2016, selon les derniers chiffres des douanes russes.
Côté entreprises, Associated British Foods a mis en garde cette semaine : ses bénéfices dégagés sur son segment sucre baisseront cette année en raison des faibles prix européens, ce qui a terni l’impact de son annonce d’une hausse de 20% des revenus du groupe sur l’exercice 2016/17. De moins bons résultats sucriers à attendre, donc, pour l’année prochaine car si les volumes seront plus élevés et les coûts de production plus faibles en 2017/18, les prix seront bien inférieurs.
Avec commodafrica