Adiko Jean-Marie, un autre jeune ivoirien que nous avons rencontré dans un salon de coiffure pour homme, vit à Beijing depuis 5 ans. Sans niveau d’étude ni la moindre formation, il dit s’être résolu à exercer cette activité après avoir cherché en vain un travail.
Chine: ‘‘Pas de job pour les immigrants’’
Il faut être un sacré veinard pour trouver une activité dans le secteur informel en Chine. En ce sens que la société chinoise n’offre quasiment pas de possibilités aux aventuriers « de faire le « djossi » (dans l’argo ivoirien, petits boulots). Eux-mêmes, en raison de leur nombre important et surtout de leur ingéniosité et ardeur au travail, font tous ces petits ‘‘travaux dégradants’’ que les étrangers ou immigrés font pour gagner leur pain en occident. Par exemple, à Beijing ou même dans les contrées comme Nanjing, Shenzen, Suzhou…, nous n’avons pas vu de ‘‘Black’’ en train de faire la »plonge » (vaisselle) ou de serveur noir dans un restaurant. Encore moins le gardiennage devant un magasin ».
D’où la réaction de Franck Amani, un étudiant résidant dans la capitale chinoise: « tous ces travaux sont exercés par les Chinois eux-mêmes ». Ces gens-là savent tout faire. « Ce sont des travailleurs. Ils font tous les travaux domestiques et mêmes dégradants auxquels tu peux penser. Dans ces conditions, nous les aventuriers, n’avons pas de chance », regrette-t-il. Avant d’ajouter avec un air sérieux: « Dites à mes frères et sœurs au pays qu’ici, en Chine, il n’y a pas de « djossi » (dans l’argo ivoirien, petits boulots) pour les ‘’djosseurs’’ (dans l’argo ivoirien, des personnes qui exercent de petits métiers) ».
Adiko Jean-Marie, un autre jeune ivoirien que nous avons rencontré dans un salon de coiffure pour homme, vit à Beijing depuis 5 ans. Sans niveau d’étude ni la moindre formation, il dit s’être résolu à exercer cette activité après avoir cherché en vain un travail. « J’avais un frère qui tenait un salon vers San litun. Je suis allé me débrouiller avec lui. Depuis un an, je travaille à mon propre compte », nous explique-t-il, tout en nous coupant les cheveux.
Le jeune Adiko, très ingénieux, fait aussi la coiffure à domicile. C’est-à-dire qu’il se déplace chez les étudiants étrangers et surtout chez les diplomates pour les coiffer. « Mes grands clients sont des diplomates étrangers ou personnalités africaines qui ne peuvent pas se déplacer pour venir au salon de coiffure. Je vais chez eux pour les rendre beaux moyennant 200 Rmb environ 20 000 Fcfa. Mais quand ils viennent au salon, c’est 100 Rmb, à peu près 10 000 Fcfa », se réjouit-il.
Soumahoro Aboubakar, étudiant et ‘‘business man’’ à ses temps libres, soutient que les étudiants éprouvent de réelles difficultés à se procurer de petits travaux pour satisfaire leurs petits besoins. « En Chine, il n’y a pas d’opportunités pour ceux qui vont à l’aventure. Même nous les étudiants, n’arrivons pas à avoir du travail pour se faire un peu d’argent afin de satisfaire nos besoins primaires. Nous sommes-là pour nos études et c’est ce que nous devons faire. En la matière, l’État chinois nous forme très bien », précise-t-il.
Avec fratmat