Créée en 2014 par le Français David Gurlé, la start-up a levé 63 millions de dollars, propulsant sa valorisation au dessus du milliard de dollars. Sa messagerie instantanée et sécurisée a séduit 200.000 traders, contestant la suprématie de Bloomberg.
La start-up Symphony est atypique à plus d’un titre. Créée en octobre 2014, elle a su séduire très vite, pour se financer, plusieurs grandes banques américaines et françaises et même Google lors d’un précédent tour de table de 100 millions d’euros fin 2015.
Ensuite, elle a été fondée par David Gurlé, qui fait partie des rares entrepreneurs français ayant séduit à la fois Wall Street et la Silicon Valley. Le siège de son entreprise se situe à Palo Alto en Californie, avec des bureaux à New York, Hong Kong, Singapour et Londres.
Enfin, en un peu plus de deux ans d’existence, sa valorisation atteint 1 milliard de dollars selon le Wall Street Journal, à la suite de la nouvelle levée de fonds de 63 millions de dollars finalisée à la mi-mai 2017.
Un nouveau tour de table mené par BNP Paribas
BNP Paribas a mené ce tour de table, la majorité des actionnaires actuels de Symphony ayant également remis de l’argent au pot, notamment Google et le fonds Blackrock.
Pourquoi les investisseurs ont-ils les yeux de Chimène pour cette start-up peu connue? Parce que son service de messagerie instantanée (“chat”) s’immisce dans le quotidien des salles de marché, activité stratégique des banques.
Le système permet aux traders d’envoyer des messages privés à leurs clients, d’échanger de façon confidentielle sur des analyses financières et des stratégies de courtage ainsi que sur des ordres d’achat. Le tout fonctionne en temps réel avec des fonctions de surveillance des échanges, intéressant au plus haut point les directions des banques.
Le succès croissant de Symphony, qui a su séduire 200.000 utilisateurs, brise aussi le monopole qu’exerce Bloomberg sur les banques auxquelles ce dernier fournit de multiples services (notes de recherche, analyses, données, informations…).
Sur le modèle marketing du low cost, l’alternative que représente Symphony s’appuie sur une stratégie de prix agressifs. En proposant pour quelques dizaines de dollars par mois et par personne de s’abonner à sa messagerie instantanée, la société a bousculé Bloomberg qui fait payer plusieurs milliers de dollars par mois l’accès à son écosystème, lequel est en outre très fermé.
Symphony vise les 300.000 utilisateurs fin 2017
La jeune société est arrivée sur le marché au bon moment. Les grandes banques réduisent leurs coûts et veulent renforcer la surveillance de leurs traders à la suite de nombreux scandales, comme les manipulations du marché des changes. Symphony s’est ainsi engagée à permettre au régulateur des services financiers de New York (DFS), qui s’inquiétait du cryptage des données promis aux clients, d’accéder aux relevés des échanges de traders en cas de soupçons de malversations.
La start-up dirigée par David Gurlé a réalisé en 2016 un chiffre d’affaires de 25 millions de dollars, prévoit d’atteindre la barre des 300.000 utilisateurs fin 2017 et entend présenter une trésorerie positive en 2018. La prochaine grande étape stratégique du parcours, pour l’instant sans faute, de la jeune pousse, sera l’introduction en Bourse. Mais rien n’est décidé pour l’instant.