Nombre de divorces naissent de longues périodes de conflit où la tension monte graduellement. Au sein du couple, la colère gronde et les accrochages se multiplient, jusquʼà vous conduire à deux doigts du point de rupture.
Nous avons interrogé des auteurs et blogueurs divorcés sur la dispute clé qui, selon eux, a sonné le glas de leur union. Voici leurs témoignages.
La thérapie qui tourne mal
“Notre dernière dispute est arrivée pendant une séance de thérapie de couple. Après quatre ans, je me souviens à peine du sujet — au fond, il nʼavait pas grande importance. Ce qui mʼa vraiment marquée, cʼest cette impression dʼune impasse qui a pris possession de moi. Il mʼa presque semblé sortir de mon corps, observant de lʼextérieur ces deux personnes obstinément campées sur leurs positions: lui exaspéré de me voir me ‘donner en spectacle’ devant témoin, moi enragée par son refus de considérer mon point de vue.
“Nous avions atteint le paroxysme du conflit; impossible de revenir en arrière. À ce niveau, nos paroles comme notre langage corporel montraient clairement que nous avions perdu tout respect lʼun pour lʼautre. Non seulement lʼamour avait disparu, mais même notre capacité à nous supporter était gravement entamée. Pour moi, tout cela était symbolique de ce qui nous arrivait: atteindre un stade aussi désespéré, au bout de cinq ans de mariage, dans le cabinet dʼun des conseillers conjugaux les plus reconnus de la ville! Cʼétait ironique, et profondément significatif.” — Nicole Lavery
“Lʼargent avait toujours été un sujet sensible entre mon ex et moi. Je travaillais pendant quʼelle restait à la maison pour élever nos enfants, et je nʼarrivais pas à comprendre que notre mode de vie posé entraîne des dépenses aussi erratiques. Vu de mon bureau, notre découvert semblait gonfler un peu plus chaque jour! Cela entraînait de nombreuses prises de bec. Avec le recul, tout cela me semble tellement futile, mais cʼest bien un sujet pareil qui a fini par avoir raison de sept ans de mariage.
“Je me suis exclamé un jour: ʻComment un déjeuner pour une personne peut-il coûter aussi cher?ʼ Elle mʼa rétorqué quʼelle avait aussi invité un ami, et jʼai tout de suite voulu savoir qui. En la voyant éluder la question, jʼai complètement perdu les pédales. Cette simple conversation sʼest muée en une suite dʼaccusations et de menaces, jusquʼà ce que le mot fatal de ʻdivorceʼ soit finalement prononcé. Elle a attrapé son sac, ses clés, et a claqué la porte. Les quatre mois suivants ont été un tourbillon de visites chez lʼavocat, dʼactes de procédure et dʼaudiences au tribunal — en plus de quelques vaines tentatives pour recoller les morceaux.
“Au cas où vous vous poseriez la question, jʼai bien fini par apprendre lʼidentité du fameux ʻamiʼ. Quelque temps plus tard, en entendant mes enfants parler du déjeuner quʼelle avait offert à son nouveau conjoint pour son anniversaire, je leur ai demandé où ils étaient allés. ʻDans son restaurant préféréʼ, mʼont-ils répliqué. Cʼest là que jʼai découvert le pot aux roses, après avoir épluché mes relevés de carte bancaire…” — Kyle B
Le voyage à Paris
“Le Louvre était fermé — et évidemment, cʼest devenu ma faute. Cʼétait moi qui étais censée vérifier les horaires, après tout! Nous étions partis passer un week-end prolongé à Paris, et nʼayant encore jamais visité cette ville, mon mari voulait découvrir toute une série de monuments. Chaque journée devenait une sorte de quête, une étape dʼune grande chasse au trésor qui ne mʼintéressait en rien. Dès le premier soir, mes pieds étaient couverts dʼampoules. Je rêvais de passer des heures en terrasse, à siroter un expresso en regardant passer les gens. Mais lui nʼaimait pas le café… Et après avoir compris quʼil allait devoir renoncer au Louvre, il a semblé sʼaccrocher encore plus à sa sacro-sainte liste.
“Je lʼai suivi dʼun quartier à lʼautre, mʼefforçant dʼignorer le sentiment grandissant quʼaprès dix ans de vie commune, nous ne partagions plus du tout les mêmes goûts. Ce nʼétait pas vraiment une dispute, juste cette impression dʼêtre totalement détachés lʼun de lʼautre. Au beau milieu dʼun pays étranger et dʼune ville censée être la plus romantique du monde, cʼest une prise de conscience assez accablante.” — Tammy Letherer, auteur de “The Buddha at My Table”
Le téléphone confisqué
“Cʼest à cause de mon portable que tout a fini par exploser. Mon mari a tout simplement fait main basse dessus, affirmant quʼil accaparait trop de mon temps! Jʼétais folle de rage — toute ma vie était contenue dans cet appareil, et cʼétait lui qui me permettait de joindre nos enfants au quotidien. Je pense quʼen fait, ce simple objet symbolisait quelque chose de bien plus important: je ne pouvais plus supporter sa manie de tenter de contrôler ma vie.
“Femme indépendante et éduquée, jʼassumais plusieurs rôles à la fois: épouse, mère, employée, amante. À cet instant précis, il est devenu évident quʼaprès dix-huit ans de vie commune, les doutes de mon mari sur lʼattachement que je lui portais et mon incapacité à passer ma vie à le rassurer allaient mettre fin à notre union. Cʼétait vraiment déchirant, et tous les membres de notre famille y ont laissé des plumes. Mais quand un couple évolue de manière aussi différente, on a beau se battre de toutes ses forces, il devient très difficile de recréer le lien.” — Cherie Morris
Les éternels sujets de conflit
“Nous avons bien dû avoir cinquante fois la même dispute avant de finir par nous séparer. Les accusations ne variaient jamais: ʻJe passe tout mon temps avec les enfants.ʼ ʻOui, mais cʼest moi qui nous fais vivre.ʼ ʻTu ne mʼapprécies pas à ma juste valeur.ʼ ʻEt toi, tu ne me respectes plus.ʼ ʻTu as tellement changé…ʼ ʻOn nʼa plus rien en commun.ʼ ʻEst-ce que tu me trompes?ʼ
“Notre grand problème, cʼétait notre incapacité à communiquer vraiment. Au final, nous avons tous les deux rendu les armes. La confiance, le respect sʼétaient perdus entre nous. Je pense sincèrement que malgré nos sept années passées ensemble, ce mariage nʼavait de toute façon aucune chance… La situation semblait désespérée — trop de sujets de tension, et aucun de nous nʼétait prêt à chercher de lʼaide, ni ensemble ni chacun de son côté. Je parle dʼune aide véritable, car la thérapie de couple que nous avons tentée effleurait à peine la surface des problèmes. Pour moi, nous avons compris lʼun comme lʼautre quʼil valait mieux laisser tomber.” — Jackie Pilossoph, auteur de la rubrique “Love Essentially” dans The Chicago Tribune
La famille recomposée
“Ma femme et moi étions au lit, prêts à nous endormir, quand je lui ai dit que jʼallais embrasser ʻmes petites fillesʼ. Nous formions une famille recomposée et ce soir-là, elles couchaient toutes les trois dans la même chambre. À mon retour, elle mʼa demandé si jʼavais aussi dit bonne nuit à la première, née de mon précédent mariage. ʻBien sûr que ouiʼ, ai-je répondu. Cʼest alors quʼelle est complètement sortie de ses gonds, hurlant quʼelle en avait fini avec moi avant de claquer la porte pour aller passer la nuit ailleurs. Jʼai enfin compris que je ne pourrais pas tolérer plus longtemps sa manière de traiter ma fille aînée, ou de chercher sans cesse le conflit à son sujet. Après des années dʼun comportement franchement inacceptable, cette dernière scène a été la goutte dʼeau qui a fait déborder le vase.” — Matt Sweetwood, auteur de “Leader of the Pack”
Les dépenses du foyer
“Notre dernière dispute nʼavait rien dʼoriginal. Le sujet était revenu des millions de fois: lʼargent. Mon ex-mari aimait parier, louer une voiture hors de prix et accumuler les dépenses pour se donner lʼair dʼavoir réussi dans la vie. De nature économe et issue dʼun milieu peu favorisé, jʼavais une philosophie totalement différente. Toute personne divorcée sait bien quʼune rupture nʼarrive pas en un jour — les conflits les plus récurrents sont les plus profonds. Lʼargent est un facteur trop important dans la vie dʼun couple pour quʼon puisse tenir longtemps avec des attitudes aussi opposées. Au bout de ces trois premières années de mariage, jʼai su que nous nʼavions plus rien à faire ensemble, au moins six à douze mois avant de finir par le quitter.” — Susie Moore
Lʼéducation des enfants
“La soirée semblait parfaite: mon mari, nos deux jeunes enfants et moi, partageant un agréable dîner. Les petits étaient ravis dʼavoir leur papa pour eux, et je les regardais ensemble avec plaisir. Notre fille de deux ans a voulu descendre de sa chaise haute. Impatiente comme le sont toujours les tout-petits, elle sʼest tortillée jusquʼà parvenir à se libérer… En faisant tomber son siège et son assiette pleine! Son père sʼest levé dʼun bond et sʼest mis à lui crier dessus, avant de finir par la gifler. Elle a éclaté en sanglots. Quant à moi, jʼétais comme pétrifiée, en état de choc. Lʼespace dʼun instant, jʼai cru quʼil allait la réconforter, lui dire que tout allait bien… Mais il nʼen a rien fait — et très vite, jʼai senti ce nœud si significatif mʼétreindre le ventre.
“Regardons les choses en face: sa réaction ne mʼa pas réellement surprise. Nous avions toujours eu des idées très différentes sur la manière dʼexercer notre autorité sur nos enfants. Alors que je consolais ma fille, je lʼai entendu déclarer: ʻQui aime bien châtie bienʼ. Ce nʼétait pas la première fois quʼil les réprimandait très violemment, en sʼattirant mes foudres. Mais après ce soir-là, je nʼai plus jamais vu en lui lʼhomme avec qui je voulais passer le reste de ma vie.” — Carol Schaffer
Ces témoignages ont été revus et synthétisés.
Cet article, publié à lʼorigine sur le HuffPost américain, a été traduit par Guillemette Allard-Bares pour Fast For Word.