David Ngono et son épouse s’épanouissent en vendant leur manioc trempé à Yaoundé.
« Un hectare de manioc donne 140 sacs de 50 kg chacun»
« Je suis infographe de formation, mais l’insertion n’a pas été facile. En 2011, je me suis lancé dans l’agriculture, en cultivant le manioc à Mabongue sur des parcelles que je louais. Bien après, je me suis installé dans ma propre exploitation à Nkol-Gock, qui se trouve à environ 35 Km de Ntui dans le Mbam et Kim, région du Centre», raconte David Ngono Mvogo. Ce chef de famille a jeté son dévolu sur le manioc pour de bonnes raisons. C’est l’aliment de base dans son Centre natal, donc accessible. «Avec la farine de manioc, on peut faire le couscous, le saucisson (bâton, appellation courante) de manioc, le tapioca, des beignets», explique-t-il.
Sur un champ d’un hectare, le couple cultive le manioc en association avec les arachides et le sésame pour, dit-il, empêcher que les mauvaises herbes ne colonisent le champ. «Nous cultivons le manioc amer qu’on récolte à partir du 18ème mois et le manioc sénégalais qu’on récolte parfois jusqu’au 16ème mois», réagissent en chœur David et Marie-Thérèse. La transformation du manioc fait appel à une technique bien ancestrale. Aussitôt récolté, le manioc est creusé, épluché, lavé consciencieusement, puis noyé dans un fût, qu’il faudra ensuite fermer hermétiquement.
Des gains importants
Au bout de trois jours, le manioc se ramollit. C’est alors qu’il est extrait du fût. Mais ce n’est pas fini. La semoule est répartie dans les sacs de farine, sur lesquels sont déposés des objets lourds afin d’essorer les dit sacs. Toutefois, prévient Marie Thérèse Assouga, quand il fait froid le manioc trempé ne ramollit nullement. Par conséquent, au troisième jour, il faut le sortir du fût, le hacher en petits morceaux, conditionner le tout dans des sacs de 100 ou 50 kg en y pratiquant des petits trous pour la sortie des eaux. Après quoi, le manioc trempé est recueilli, empaqueté et prêt à la vente.
« Un hectare de manioc donne 140 sacs de 50 kg chacun», renseigne David Ngono, qui déclare que les sacs sont écoulés au marché du Mfoundi (à Yaoundé) au prix de 16.000 voire 21.000 le sac en saison de pluie. 14.000 FCFA en saison sèche. Pour réaliser leur activité, David et Marie-Thérèse, hormis les frais pour les champs, n’ont besoin que de quelques sacs de farine, du plastique, d’une dizaine de fûts, de deux ou trois autres outils. Cependant, le coût de transport des sacs pour le marché de la capitale fait le yoyo. 4500 FCFA/sac en temps de pluie contre 3000 FCFA/sac en saison sèche. En fin de compte, David Ngono assure avoir de quoi prendre soin de sa petite famille.
Aux jeunes qui voudraient marcher dans ses pas, l’infographe de formation recommande de «travailler surtout dans la savane.»
Avec La voix du paysan