Depuis le 8 août 2018, au lendemain de la réception du prix d’excellence du meilleur établissement financier de l’année en Côte d’Ivoire, Nsia Banque a découvert et dénoncé une opération de détournement de fonds sur Cartes Visa prépayées, et d’abus de confiance de certains de ses agents.
Le piratage informatique des cartes Visa prépayées a coûté la plus grosse somme, à savoir au moins cinq cent cinquante cinq millions ( 555 384 430 F ) CFA au moment de la plainte, et de la découverte des faits. Ce montant a été actualisé ensuite et dépasserait aujourd’hui un milliard de Fcfa. Dans la plainte adressée à la police (datant du 9 août 2018), l’on apprend que c’est le mercredi 8 août 2018 que le service de la banque électronique a découvert le scandale, à travers un écart « significatif » sur les comptes des agences.
« Le mercredi 8 août 2018, à la reprise du service après le week-end de la fête de l’indépendance, lors du contrôle quotidien réalisé par monsieur O. Giles, agent au service de la banque électronique, il a constaté des écarts significatifs sur les comptes des agences. Il a aussitôt étendu les investigations et a informé sa hiérarchie, la chef de service monétique, des dysfonctionnements enregistrés. Poursuivant les investigations, il est ressorti qu’une demande d’approvisionnement du compte global de monnaie électronique, à hauteur de 555 384 430 F CFA a été effectuée le mardi 7 août 2018, à 14h 03mn. (…) Plusieurs rechargements de cartes ont été initiés à partir des comptes de monnaie électronique des agences avec les identifiants de certains de nos collaborateurs, en plus des identifiants de certains de nos caissiers, le montant cumulé des chargements à partir des agences est de 548 423 821 F CFA», écrit la banque. La plainte dit ensuite que Nsia s’est assurée d’avoir bloqué l’ensemble de cartes prépayées, ainsi que les comptes d’approvisionnement, à titre de «dispositions conservatoires ».
[L’employé de NSia banque détourne 5,6 millions F CFA à 3 jours de son mariage religieux]
Le détournement, lui, est le fait d’un agent de la banque. Chef du département Partenariat d’assurance à la Direction de la clientèle des particuliers, H. Abyoro a racheté, frauduleusement, trois contrats ( au moment de la plainte et avant la découverte de l’ampleur du préjudice ) qui lui ont permis de soutirer à la banque, la somme de 5,6 millions F CFA. Dans un autre courrier adressé à la Direction de la police économique et financière, l’on apprend que l’indélicat a rattaché un contrat de pension en son nom et dont la valeur s’élève à 1,25 millions F CFA. Il a viré sur son compte, 1,6 million F CFA. Il a aussi viré la somme de 750 mille F CFA sur le compte de son épouse le deuxième contrat, puis une somme de 3,25 millions F CFA qu’il a transférée sur le compte d’un certain B. Diomandé, ex-agent de la banque, qui lui a ensuite retourné 2,5 millions F CFA. H. Abyoro a perpétré ce coup, trois jours avant son mariage religieux.
[Intrusion dans un système informatique et vol ou détournement de fonds privés]
NSia Banque Côte d’Ivoire a déposé au total trois plaintes contre X, dont deux à la police économique et financière, respectivement les 16 et 27 août 2018. Elle avait déjà saisi la police scientifique, depuis le 9 août 2018. La plainte à la police scientifique a été portée pour “Intrusion dans un système informatique“. Les deux autres plaintes déposées à la police économique et financière portent respectivement sur les faits de “Vol ou détournement de fonds privés, par intrusion dans un système informatique“ et sur “ Faux et usage de faux en écriture privée de commerce ou de banque, détournement et abus de confiance“.
[Une alerte suspecte au piratage des cartes Visa ]
Dans les plaintes, la banque précise avoir été alertée sur les risques de piratage de son système informatique. Des inquiétudes dont elle avait fait part à la police, mais également, à son fournisseur américain qui, lui, avait vite fait de lever l’alerte. « Le samedi 14 juillet 2018, aux environs de 16h, un agent de la banque en charge des opérations banque électronique (cartes prépayées) a reçu un appel anonyme l’informant que notre système avait été infiltré et qu’une fraude sur les cartes prépayées était imminente. Selon l’informateur anonyme, après l’infiltration de notre système de rechargement des cartes prépayées, une fois, les cartes rechargées, des retraits devaient intervenir dans les différents guichets automatiques disponibles. Notre agent a immédiatement alerté sa hiérarchie et instruit l’opérateur technique, une société de droit américain, à l’effet d’effectuer les vérifications nécessaires sur le réseau. Le système de rechargement a été suspendu par l’opérateur technique pour les vérifications à effectuer, mais aucune anomalie n’a été décelée. L’alerte a donc été levée et le système a été relancé pour permettre à nos clients d’effectuer leurs transactions. Cependant, estimant que cette alerte n’était pas fortuite, nous avons pris le soin d’alerter la police scientifique (Ditt) pour une enquête à l’effet de nous prémunir contre ce risque potentiel porté à notre connaissance. Ce courrier a été enregistré par la Ditt sous le numéro 591/DGPN/DGA-CPS/ DITT du 24 juillet 2018. C’est dans l’attente de l’enquête des résultats de l’enquête que le 8 août 2018, à la reprise du service après le week-end, de la fête de l’indépendance, lors du contrôle quotidien réalisé par notre service Banque électronique, il a constaté les dégâts», a expliqué la banque dans l’un de ses courriers à la police.
[Des arrestations opérées ]
Selon nos informations, dans le cadre de la fraude sur les cartes Visa, aucun agent de la banque n’a été arrêté. Les arrestations opérées dans l’entreprise concernent des virements frauduleux réalisés, et des opérations effectuées pour un montant actualisé de près de 150 millions Fcfa. Toutefois ex-collaborateur de la banque qui a eu à gérer les cartes magnétiques a été entendu, et arrêté par la police, suite à des indices. Cet ex agent avait été embauché par GTP, le partenaire américain de Nsia. C’est d’ailleurs lui qui disait avoir reçu l’alerte à la fraude. Il avait ensuite démissionné de Nsia Banque, juste une semaine après. Sur les cartes magnétiques, les avoirs des clients ne sont pas concernés. Ce sont les ressources de la banque qui ont été touchés à près d’un milliard Fcfa.
[Les avoirs des clients sécurisés]
Des informations font état de ce que les cas de fraude aux assurances, aux moyens de rapides sont récurrents, mais la banque Nsia n’est pas plus exposée que d’autres établissements similaires de la place, ou d’ailleurs dans le monde. Le préjudice de l’ensemble des transactions frauduleuses (un milliard Fcfa) rapporté au bilan de la banque (1000 milliard Fcfa), est maigre, et ne devrait pas affecter les résultats et performances de Nsia.
« C’est la banque qui a subi un préjudice et non les clients. La solution a été de dire, on suspend les rechargements jusqu’à ce qu’on sécurise davantage le système. On a décidé de cela pour mettre les clients à l’abri », a expliqué une source au sein de la banque.
Elle ajouté que les rechargements suspendus devraient reprendre à partir du 1er octobre 2018 pour les cartes préparés, mais pour les cartes salaire, cela a déjà déjà repris.
[ Une progression et une performance qui dérangent et pas sans risques ]
Nsia banque est passée d’une trentaine d’agences à 80, et de 400 emplois à 1200, en l’espace de 5 ans. Elle a obtenu en l’espace de trois ans, deux pris d’excellence de l’État ivoirien. Des performances qui peuvent susciter des convoitises.
« Nous sommes un établissement à qui il faut faire confiance et qu’il faut accompagner. Nous souffrons souvent d’une personnalisation excessive, alors que de nombreuses entités, notamment les travailleurs et d’autres privés, ont des intérêts dans la banque. La banque subit un procès en légitimité de façon continue », a plaidé notre source dans la banque.
[Intoxication et manipulation contre la banque déplorées]
Cette source et d’autres observateurs ont même déploré une campagne d’intoxication entreprise par les suspects arrêtés ou non. Ces personnes arrêtées, et les autres suspects éventuels, sont soupçonnés de tenter à travers les réseaux sociaux et les médias, de retourner la situation en leur faveur, et de culpabiliser sans raison, ni preuve la banque.
« On leur a donné du travail. Ils ont détourné de l’argent. Ils n’ont pas voulu faire des transactions et faire des propositions de remboursement. Ils ont pensé que la peur des révélations ferait reculer la banque, et suspendre les poursuites. Nous n’avons pas cédé au chantage. Nous ne céderons pas. Ils sont pour le moment en prison. Les autres qui sont suspects, tentent de brouiller les pistes, et perturber l’enquête en jetant à tort le discrédit sur la banque. Mais cela a totalement du mal à prendre, car les clients nous maintiennent leur confiance. L’essentiel à retenir, est que nos clients n’ont subi aucun préjudice. Aucun centime n’a été perdu par les clients de la banque, suite à tous ces événements », a conclu la source.
Avec Afrikipresse