« Les faits sont têtus. Ceux qui semblaient réfuter jusque présent l’éventualité d’une dévaluation découplée du F.cfa CEMAC risquent d’en avoir pour leurs frais, car le spectre de cette dernière continue à planer au dessus de cette Communauté Économique Régionale, qui fait de plus en plus figure « d’exception négative » au sein du Continent africain. … » Jean-Chrios Moukala.
Une rencontre des chefs d’Etats de la CEMAC est annoncée très prochainement à N’Djamena. Elle serait en préparation à la demande du FMI, qui souhaite selon les analystes, sensibiliser les Etats de la zone monétaire sur les risques d’une dévaluation à venir, si jamais les résolutions, de la conférence de Yaoundé en 2016, n’étaient pas suivies scrupuleusement. Cependant, pour de nombreux spécialistes, la dévaluation du FCFA n’est plus qu’une question de temps: car les Etats ne pourraient s’endetter éternellement au FMI…Et ne pourraient développer un système de production conséquent sous ajustement structurel.
Le spectre d’une dévaluation plane, à nouveau, sur les économies de la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale(CEMAC). De nombreux analystes soutiennent que si en 2017, le taux de couverture extérieur de la monnaie était de 60 % contre 57% à la fin 2016, elle s’appuie essentiellement sur une légère amélioration des balances commerciales et les avances accordées dans le cadre du programme économique avec le FMI, et d’autre bailleurs de fonds (Banque Mondiale, Banque Africaine de Développement et Agence Française de Développement). Des programmes qui dureront en moyenne 03 ans, et à terme les pays sombreront à nouveau dans la crise, faute de solutions endogènes : 70% des échanges, notamment de biens et services, de la zone étant toujours réalisé avec l’extérieur.
A ce sujet, des experts de l’agence Coface affirment d’ailleurs que si « les réserves ont commencé à se stabiliser, elles demeurent, cependant, faibles et leur évolution pourrait retrouver une tendance baissière, si le FMI ne parvient pas à conclure un accord avec la République du Congo et la Guinée Équatoriale », précisent-ils. D’où la rencontre annoncée dans la capitale tchadienne, entre les chefs d’Etats de la CEMAC, le FMI et des représentants du Trésor public français.
Pour le FMI, il est surtout question d’entrainer la Guinée Equatoriale et le Congo à se soumettre au programme sous-régionale d’ajustement structurel, lancé il y a 02 ans à Yaoundé. Faute de quoi, l’embellie actuelle des réserves de change du pays pourrait se transformer, très vite, en une baisse perpétuelle qui conduirait systématiquement à une dévaluation du FCFA. Une mesure que conteste formellement le président équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, qui demande plutôt que les revers annoncés des réserves extérieurs soient portés par le compte d’opération, logé au Trésor français ; Et son mécanisme qui, pendant plusieurs décennies à largement profité à la France.
La France prête à dévaluer le FCFA
De nombreux analystes affirment, cependant, que pour la France, la dévaluation du FCFA d’Afrique centrale n’est plus qu’une question de temps : car les Etats ne pourraient s’endetter éternellement au FMI…Et ne pourraient développer un système de production conséquent sous ajustement structurel. En juillet 2017, un rapport du Trésor public français envoyé à l’Elysée précisait déjà qu’en « important tout, les pays de l’Afrique centrale ont épuisé rapidement leurs réserves dans le compte des opérations ». Une utilisation excessive des devises dopée par l’ouverture douanière du Cameroun – première économie de la sous-région – aux exportations européennes, à travers les accords de partenariat économiques(APE). Le trésor proposait alors au chef de l’Etat Emmanuel Macron d’envisager la dévaluation du franc CFA XAF (de la CEMAC) au taux de 1 Euro = 1300 francs CFA XAF.