14 mois après le sommet de Yaoundé marquant le retour du Fonds monétaire international, les Etats de la Cemac subissent la cure d’austérité imposée par l’institution de Bretton Woods. Evocation…
23 décembre 2016 à Yaoundé. La crise économique due à la chute des cours des matières premières bat son plein en Afrique centrale. La situation est grave pour cinq des six pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Cemac). Il s’agit du Gabon, la République du Congo, la Guinée Equatoriale du Tchad et le Cameroun dont l’essentiel des recettes d’exportations proviennent du pétrole. A la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), les réserves de change de la communauté sont en baisse d’un peu plus de 9 milliards de dollars par rapport à 2014. Il faut stopper la saignée. Dans l’urgence un sommet des chefs d’Etats de la Cemac est convoqué à Yaoundé à la demande de Paul Biya et en présence de Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI). C’est le retour au FMI à travers un programme économique triennal. A l’exception de la République centrafricaine, des mesures d’austérité sont imposées aux Etats de la Cemac. 14 mois après le sommet de Yaoundé, chaque pays s’emploie comme il peut pour la mise en œuvre de ce train de mesures.
Congo : ministres et députés… sans primes
Au Congo l’heure est à la réduction du train de vie de l’État. Les déplacements des membres du gouvernement à l’étranger sont désormais restreints au pays de Denis Sassou Nguesso. Exit les délégations pléthoriques! Pas plus de trois personnes par mission. Aux ministres, l’utilisation de jets privés à l’intérieur du pays est interdite. Pis, les primes à eux reversées, ainsi qu’aux membres de leur cabinet et aux députés, ont été supprimées. Même les partis politiques sont passés à la trappe. Leurs subventions « trop généreuses» ont subi des coupes franches. Toujours dans le sens de l’amélioration de la dépense publique, une opération de nettoyage du fichier solde de la fonction publique vise à déloger les agents fictifs qui grèvent le budget.
Exit la démesure au gabonaise !
Libreville essaye de tourner la page de la démesure. Les salaires des membres du gouvernement ont été réduits de 10%, en même temps que ceux des responsables des institutions constitutionnelles et des présidents des conseils d’administration des sociétés d’Etats. Au Gabon, les achats de véhicules sont dorénavant gelés jusqu’à nouvel ordre, les recrutements à la fonction publique également. Avec un effectif de 100 000 fonctionnaires et agents publics, la masse salariale du Gabon est passée de 732 milliards FCFA à 710 milliards FCFA entre 2015 et 2017. Cette réduction de la dépense devrait s’accentuer malgré le balbutiement du toilettage du fichier solde de l’Etat.
Le cas tchadien
Ses réserves de change sont quasiment épuisées à la banque centrale. Le Tchad s’est pourtant soumis à la cure d’austérité du FMI, mais sa situation reste préoccupante. Des mois avant le sommet de Yaoundé, Idriss Deby avait adopté 16 mesures de réforme dites « d’urgence ». Nonobstant la pression des mouvements syndicaux, le pays a fait le douloureux choix de baisser les salaires de ses agents publics. Dans la foulée, les avantages et primes des fonctionnaires ont été réduits de façon drastique. On parle de 5% de réduction pour les gagne-petits et jusqu’à 35% de coupe chez les gros salariés. Par ailleurs, les bourses des étudiants ont été suspendues.
De nouveaux hommes… en Guinée Equatoriale
«Nous avons décidé de réduire le nombre des membres de l’équipe en raison de la situation d’austérité », a déclaré Theodoro Obiang Nguema en début février 2018. C’était au lendemain de la constitution du nouvel exécutif équato-guinéen formé en pleine crise économique et politique. Ce gouvernent compte 25 ministres, 10 ministres délégués et 30 secrétaires d’Etat. Pour se tirer d’affaire, Obiang Nguema semble cette fois parier sur le changement d’homme. D’où la nomination de Lucas Abaga Nchama au poste de ministre des finances. Après 7 ans passés à la tête de la Beac, c’est à cet originaire d’Ebebiyin que revient d’implémenter le plan de sauvetage de la Guinée Equatoriale frappée de plein fouet par la chute des prix de l’or noir.