Le chef de file de l’opposition guinéenne a désapprouvé le contrat signé entre le gouvernement guinéen et la société turque vendredi dernier pour la réhabilitation, l’exploitation, l’extension et la gestion du Port autonome de Conakry pendant les 25 prochaines années. Cellou Dalein Diallo qui s’exprimait ce jeudi dans l’émission Espace Expression de la radio Espace fm n’est pas du tout d’accord avec la procédure. Pour lui, ce marché a été passé dans l’opacité totale.
“J’ai appris la nouvelle par la presse que le port a été concédé à une société qui s’appelle Albayrak et qui va gérer pendant 25 ans notre port autonome. Ce dont je vais parler surtout, c’est la procédure. Je n’ai pas eu encore entre les mains, la convention qui a été signée mais j’ai les éléments historiques de ce dossier sulfureux dans la mesure où encore une fois, c’est dans l’opacité totale, sans aucune étude préalable, sans aucun appel à concurrence, sans aucun cahier de charge digne de ce nom. Monsieur le Président a envoyé son conseiller conduire une mission d’expertise au port autonome en décembre dernier pour leur donner des instructions de livrer tous les documents et de faire visiter l’ensemble des installations du port. Ces gens sont venus, ils ont eu accès à tous les documents, ils ont visité tous les sites et évalué toutes les machines et après, ils ont fait une offre. Le 20 mai 2018, lorsque le Président est rentré de la Turquie, il a ordonné à titre conservatoire le transfert de tous les montants détenus par le port dans les banques commerciales à la banque centrale de la République de Guinée. Alors de manière très directive, ces comptes ont été transférés à l’insu même pratiquement du port autonome et le 9 août dernier, Monsieur Alpha Condé a organisé la signature sans délai par le port, du contrat de concession du port à Albayrak. Et le 10 août donc, 24 heures après, sous ses (le président Alpha Condé, ndlr) instructions, à 15 heures sans aucun examen préalable par les services du port, le contrat a été signé. Ce que je déplore, c’est cette manière opaque, c’est dans les mêmes conditions que le contrat Asperbras a été passé, c’est dans les mêmes conditions que beaucoup d’autres contrats dans le secteur de l’énergie ont été passés. Ce sont des instructions qu’on donne et les marchés sont passés, sans aucun appel d’offre, sans aucune transparence”, a expliqué l’ancien ministre des transports tout en rappelant les règles de passation de marché.
“Si j’étais aux commandes, je fais d’abord une étude de notre port autonome pour évaluer ses performances en terme de tarif, en terme de coût, en terme d’équipement et on définit les objectifs. Je ne suis pas contre la concession dans le cadre d’un partenariat public-privée à une société privée pour la gestion du port mais il faut sélectionner dans la transparence en fonction de ses compétences, en fonction de son professionnalisme et non en fonction de ses relations avec une autorité quelconque. C’est dans ce cas qu’une fois on connaît les faiblesses du port, on va élaborer un cahier de charge, faire un appel à la concurrence, on connait ceux qui ont les aptitudes et les capacités de gérer les ports, ils vont soumissionner, on leur demande d’élaborer un contrat programme dans lequel ils s’engagent à améliorer de façon mesurable les prestations du port pour qu’il soit compétitifs par rapport aux ports de la sous-région qui ont à peu près la même taille et en ce moment on choisit la meilleure offre en tenant compte de la qualité du soumissionnaires mais également des tarifs qu’ils pourraient proposer aussi bien pour les importateurs que pour les redevance qui devraient être payées à l’État guinéen”, a-t-il ajouté.
Avec mediaguinee