Le Bénin a célébré ce mardi 1er août 2017, le 57ème anniversaire de son accession à l’indépendance. Contrairement à 2016, l’ancien Chef d’Etat, Boni Yayi n’était pas de la partie. Une absence diversement appréciée dans l’opinion nationale, mais dont les raisons pourraient épouser le prisme politique.
La place de l’Etoile rouge a connu cette année, la présence de nombreuses personnalités politiques venues marquer de leur présence, la commémoration du Bénin à la souveraineté nationale. Si l’opposition était très peu représentée, puisque l’absence de certaines figures a été observée, à l’instar de Candide Azannaï, Sébastien Ajavon et Léhady Soglo, le mutisme de Boni Yayi n’est pas passé inaperçu. Contrairement à l’ancien Président de la République, Nicéphore Soglo actuellement en froid avec Patrice Talon, Boni Yayi a brillé par son absence. Il y a pourtant un an, c’est dans une liesse populaire que son apparition a été célébrée sur cette même place.
A l’époque, commente un analyste politique à Cotonou, les personnalités au niveau de la tribune officielle avaient salué l’acte posé par l’ancien Président Boni Yayi qui était l’invité surprise de cette commémoration. Douze mois plus tard, il faut remarquer que le fossé s’est creusé davantage entre les deux hommes. A l’analyse, l’état de grâce dont jouissait le pouvoir Talon avait facilité la présence de Boni Yayi. Mais six mois après sa prise de pouvoir, Patrice Talon a engagé de grandes réformes qui, selon plusieurs observateurs, ont dangereusement remis en cause le pouvoir et la gestion des dix années de Boni Yayi. Le nom de l’ancien président et de certains de ses proches se sont constamment retrouvés mêlés dans diverses affaires de malversations à Cotonou. L’affaire SEGUB qui a défrayé la chronique avait même été présentée comme la caisse noire qui alimentait le populisme exacerbé auquel se livrait Boni Yayi. Plusieurs actions de grandes portées initiées par Boni Yayi ont été suspendues et pour la première fois, depuis son départ du pouvoir, l’ancien président s’est présenté sur le terrain politique au début de l’année 2017, pour s’opposer à la révision de la Constitution sans pour autant l’affirmer clairement. Ses nombreux déplacements à travers le pays et au milieu des antis révisionnistes étaient assez illustratifs.
Un timide succès qui fâche…
Mais la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, à en croire un Député proche de l’opposition, reste la remise en selle du programme microcrédit amélioré, qui à Cotonou dans la conscience collective, reste une trouvaille de Boni Yayi. Ses derniers lieutenants, ont d’ailleurs dans le septentrion, boudé le lancement de ce programme par le gouvernement du Nouveau Départ, en improvisant une tournée à l’intérieur du pays. Somme toute, seize mois après l’arrivée de Patrice Talon, la tension sociale, à son comble, il y a encore quelques mois, semble s’estomper après la mise en place de certaines mesures, qui ne sont rien d’autres que la continuité, dans une certaine mesure des actions de Boni Yayi.
L’ancien président est-il jaloux du succès de son successeur, qui en réalité surfe en grande partie sur l’héritage de la refondation ? Rien n’est moins sûr, mais la brouille qui a divisé les deux complices, il y a bientôt cinq ans, ne s’est pas encore totalement dissipée.
Avec lespharaons