Dans les portefeuilles des étrangers de Côte d’Ivoire, la fameuse carte plastifiée va laisser place à une carte biométrique. Au pilotage de ce remplacement, l’office national de l’identification (ONI) qui a lancé le processus, ce lundi 9 octobre. Une carte moins encombrante, valable pendant cinq ans mais dont le coût fait jaser. Les Africains étrangers –hors CEDEAO- devront débourser le double de ce que les ressortissants français vont payer pour cette carte. Un coup porté à l’intégration africaine.
Plus de sécurité et moins d’aller-retour chaque année. Les résidents étrangers en Côte d’Ivoire vont désormais troquer leurs cartes de résident numériques pour des cartes biométriques dotées d’une puce électronique enregistrant toutes les informations. Une innovation majeure pour remplacer les anciennes cartes instaurées en 2002 à titre provisoire.
Le coût de la carte de résident, discriminatoire pour les Africains?
Désormais, les nouvelles cartes dont la délivrance est pilotée par l’Office national d’identification (ONI), un organe du ministère de l’Intérieur, vont avoir une validité de cinq ans contre 12 mois pour les anciennes cartes. Si les résidents issus des 16 pays de la CEDEAO sont exemptés de cartes au nom de leur intégration dans leur ensemble régionale, les ressortissants des autres aires régionales vont devoir mettre la main à la poche.
Seulement, le coût d’établissement de la carte introduit une inégalité, voire une discrimination, dans le traitement entre les étrangers. C’est ainsi que pour l’établissement de la carte, un résident français en Côte d’Ivoire, le coût de la carte pour les cinq ans est de 150.000 Fcfa. Pour les ressortissants des autres pays d’Afrique, il faudra prévoir un budget de 300.000 Fcfa pour obtenir le précieux sésame pour cinq ans, soit le double du prix pour les ressortissants français.
A décharge pour les autorités sécuritaires ivoiriennes, le gouvernement ivoirien a signé en 2002, un décret spécifique pour la communauté française de Côte d’Ivoire pour l’application d’une mesure de réciprocité sur la carte de résident, sur proposition de la commission mixte ivoiro-française. Une mesure qui gagnerait à être conduite avec les chancelleries africaines concernées.
Quid de l’intégration africaine ?
« C’est un coût qui a été bien étudié par le gouvernement en son temps parce qu’en comparaison avec des pays de la sous- région et également certains pays européens, nous sommes dans la moyenne de 70.000 à 90 000 Fcfa l’année. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, [le coût mensuel moyen de la carte] est de 60 000 Fcfa l’année », justifie Diakalidia Konaté, le Directeur général de l’Office national d’identification (ONI) lors d’une présentation de la carte devant des membres de la Chambre de commerce et d’industrie française en Côte d’Ivoire (CCIFCI).
Néanmoins, en l’absence de réaction des chancelleries africaines accréditées en Côte d’Ivoire ou du Bureau de la Représentation de l’Union africaine qui n’ont pas encore réagi sur le coût de la carte pour leurs ressortissants, la question du tarif ne manquera pas de susciter la controverse. Au-delà, c’est l’intégration africaine et le principe de libre circulation des personnes sur le Continent, si chers à la feuille de route de l’Union africaine, qui en prennent un sérieux coup !
Avec latribuneafrique