Dévoilé en grande pompe en novembre dernier, le camion électrique développé par Tesla et baptisé « Semi » a déjà de la concurrence de la part de Thor Trucks, jeune pousse originaire de Los Angeles, qui propose un modèle susceptible de rivaliser avec celui produit par le groupe d’Elon Musk.
Rêver plus grand. Un slogan bien connu des aficionados du Paris-Saint-Germain depuis l’arrivée des dirigeants qataris à sa tête mais qui pourrait également parfaitement correspondre aux doléances de la start-up californienne Thor Trucks qui souhaite marcher sur les plates-bandes du mastodonte Tesla. Rien que ça. La jeune pousse, sortie de terre en 2016 et dirigée par le tandem Dakota Semler et Giordano Sordoni, propose en effet l’ET-One : un camion électrique ayant vocation à rivaliser avec le « Semi » de Tesla. Dès lors, une petite comparaison s’impose. Première de cordée : l’épineuse question de l’autonomie, vertu cardinale s’il en est de tout véhicule électrique. Celle de l’ET-One serait de 480 kilomètres, ce qui est (déjà) bien moindre par rapport à ce que propose Tesla puisque le « Semi » «chargé à son poids maximum et à vitesse d’autoroute» disposera d’une autonomie allant de 500 kilomètres, pour le modèle de base, à 800 kilomètres, pour la gamme la plus onéreuse (180 000 dollars contre 150 000 pour la version basique). Les modèles estampillés Thor Trucks devraient se vendre entre 150 000 et 200 000 dollars.
«Comme 80% des trajets font moins de 400 km (250 miles), ça veut dire qu’on peut aller à sa destination et revenir sans recharger », avait défendu Elon Musk lors de la présentation du prototype. Les deux « rivaux » ont annoncé vouloir commercialiser leurs projets respectifs dès 2019. Mais là encore beaucoup d’incertitudes planent au-dessus de Thor Trucks. La start-up et ses 17 salariés vont devoir déployer des trésors d’ingéniosité et de persuasion pour convaincre les investisseurs de se lancer corps et âme dans cette aventure et ce même si, comme le rappelle Bloomberg, les deux dirigeants ont déjà réussi à débaucher plusieurs employés issus d’entités tout aussi prestigieuses que Boeing, BYD ou encore Faraday Future. Autre « réalité », Thor Trucks n’est pas un constructeur automobile stricto sensu – doux euphémisme – puisque le service proposé par la start-up se limite actuellement à remplacer des moteurs Diesel par des batteries sur demande.
A la recherche d’un partenaire
A ce sujet, la batterie de l’ET-One sera pleinement rechargée en seulement 90 minutes (contre « seulement » 30 pour Tesla). En outre, le coût de maintenance par kilomètre sera 60% moins élevé que pour un camion standard. De belles promesses, certes, mais difficile, au regard des conditions évoquées, d’imaginer Thor Trucks damer le pion au mastodonte Tesla alors que la société ne dispose même pas de tout le soutien matériel et humain indispensable à un tel dessein.
Mais la start-up prospecterait activement à la recherche d’un partenaire susceptible de l’aider à produire ses camions électriques afin que ceux-ci puissent (un jour) véritablement prendre la route. De plus, Tesla n’est pas le seul à avoir mis en branle son modèle de camion électrique. Daimler (propriétaire de Mercedes) et Mitsubishi Fuso Trucks and Bus Corporation lorgnent également ce marché. Diverses interrogations à des années-lumière des préoccupations de Tesla. L’entreprise d’Elon Musk a enregistré, le 12 décembre dernier, une commande de PepsiCo pour 100 semi-remorques électriques Semi, soit la plus importante précommande de ce modèle à ce jour.
267 réservations pour le “Semi” de Tesla
Une nouvelle « moisson » qui s’ajoute aux commandes déjà passées par une douzaine de groupes américains comme Wal-Mart Stores, l’opérateur de flotte J.B. Hunt Transport Services et la société de distribution alimentaire Sysco. Selon un décompte Reuters, Tesla a enregistré à ce jour 267 réservations pour son camion Semi, qui devrait donc entrer en production d’ici 2019. Fort de tous ces éléments, difficile pour ne pas dire inconcevable d’imaginer, une fois de plus, David terrasser Goliath. L’histoire n’est pas toujours un éternel recommencement.
Avec forbes