Cette analyse contraste avec les conclusions du Fonds monétaire international (Fmi) pour qui le Cameroun présente désormais un risque de surendettement élevé. Le gouvernement et l’institution financière internationale sont en désaccord sur les hypothèses et les résultats, d’après l’analyse produite par le Comité national de la dette publique. Pour le Fmi, le Cameroun n’exportera pas assez dans les années à venir pour rentabiliser son endettement.
Or le gouvernement pense le contraire. Ainsi, ses projections situent à 24% la moyenne des exportations sur le Pib entre 2016 et 2035, pour un taux de croissance de 9,5%. Or le Fmi situe à 17% le niveau des exportations camerounaises sur le Pib, induisant une croissance de 4,3% tout juste. Sur le taux de croissance du Pib en luimême, il y a encore discordance sur les projections. L’Etat du Cameroun situe cette croissance à 6,7% en moyenne sur 20 ans, à partir de 2016. Or le Fmi ne voit pas plus de 4,9%.
Dans tous les cas, la réalité n’a encore donné raison à aucune des parties. En effet, la croissance réelle du Cameroun pour l’année 2016 devrait se situer entre 5,6% et 6%, selon le Comité monétaire financier national. On est au-dessus des prévisions du Fmi, mais en dessous de la performance envisagée par le gouvernement. En 2017, le Cameroun sera toujours en deçà des 6,7%, car la croissance réelle a été située à 6% selon la circulaire du chef de l’Etat adressée aux membres du gouvernement.
Qualité de la dette
Le débat sur le risque de surendettement peut être mené à n’en plus finir, chaque camp ayant des arguments à faire valoir. Mais le plus important, semble-t-il, réside dans la manière donc on s’endette et dans l’utilisation des fonds empruntés par l’Etat. Le ministre des Finances fait bien de reprendre l’adage populaire qui dit : « endettez-vous prudemment et dépensez avec sagesse ».
Là réside la pertinence du séminaire atelier d’hier, 30 août, visant à donner aux agents de l’Etat les clés pour mieux maîtriser l’endettement et son utilisation. Le ministre Ousmane Mey n’ignore pas que « la dette constitue un élément de risque en matière de surendettement et d’incapacité à rembourser ». Mais il faut y aller quand même, réitère-t-il : « Nous comptons poursuivre notre processus de développement en réalisant des projets structurants qui feront l’objet de financements extérieurs ».
Le plus important dans l’endettement sera de s’assurer que les financements garantissent « la soutenabilité et la viabilité de l’endettement public », prescrit le ministre. « Il faut une gestion saine de cet endettement. L’objectif assigné au Comité national d’endettement public est d’élaborer la stratégie d’endettement, veiller à sa mise en oeuvre conforme. Que ces missions soient réalisées par tous les acteurs, et que chacun apporte du sien dans la discipline, dans la rigueur afin que les générations futures puissent être à même de payer cet endettement parce qu’on aura investi dans les secteurs productifs », explique le Minfi.