Plus d’un mois après la mort mystérieuse d’un évêque au Cameroun le 2 juin, le procureur a annoncé mardi 4 juillet les résultats de l’autopsie. Le corps de Jean-Marie Benoît Bala avait été retrouvé dans une rivière dans le centre du pays, grâce à une étrange note laissée dans sa voiture, disant : «Je suis dans l’eau.» L’enquête se poursuit, mais selon le procureur, la cause la plus probable du décès est la noyade. Une conclusion remise en cause par l’Eglise catholique.
Après plus d’un mois d’incertitude, le procureur a enfin présenté les conclusions de l’autopsie mardi dans un communiqué lu à la radio mardi. Une série d’expertises ont été pratiquées sur le cadavre de Mgr Jean-Marie Benoît Bala, les 2 et 22 juin, par des médecins camerounais, a-t-il expliqué. Précisant qu’il avait fait ensuite appel à des experts d’Interpol pour participer aux examens médico-légaux. Sont donc arrivés le 29 juin dernier deux médecins légistes, dont l’un directeur de médecine légale de Berlin.
Les conclusions sont claires : « La noyade est la cause la plus probable du décès de l’évêque », indique le communiqué.
Des résultats qui surprennent l’Eglise catholique parce qu’ils contredisent les premières observations. Immédiatement après la découverte du corps de l’évêque dans le fleuve Sanaga à une centaine de kilomètres Yaoundé, plusieurs médecins avaient fait les premiers constats, les premières analyses. Et l’Eglise disposait d’un représentant.
Une source au sein de l’Eglise catholique assure qu’à ce moment-là, l’hypothèse d’une noyade était totalement écartée, car l’évêque Bala n’avait pas d’eau dans les poumons. Selon cette source, les médecins avaient même estimé que le corps n’avait pas passé plus de 4 heures dans l’eau.
Le procureur ne dit pas en revanche s’il s’agit d’un suicide ou d’un assassinat. Depuis des semaines, les évêques expriment des doutes sur ce décès mystérieux. Sur la note retrouvée dans la voiture de Jean-Marie Benoît Bala, quatre mots écrits à la main sur un papier à en-tête du diocèse. : « Je suis dans l’eau ».
« Aucune trace de violence »
Contrairement à ce que dit le procureur, qui assure n’avoir relevé « aucune trace de violence », cette source au sein de l’Eglise rapporte que les premières conclusions étaient bien différentes. Qu’elles faisaient état de multiples fractures aux jambes et aux bras, d’une blessure au front et de traces d’électrocution au niveau du sexe.
Pour cette source, les conclusions de l’autopsie ne sont donc tout simplement pas crédibles. Le 13 juin, la Conférence épiscopale du Cameroun avait affirmé que l’évêque avait été « brutalement assassiné par des forces obscures et diaboliques qui visent l’Eglise catholique. »
La conférence épiscopale n’a toujours pas reçu de copie du rapport d’autopsie et attend des explications officielles. Et certains critiquent déjà les conclusions du procureur.
Les constatations médico-légales achevées, la dépouille de Mgr Bala a aussitôt, précise le communiqué, été remise aux autorités de l’Eglise catholique en vue de son inhumation.
Avec RFI