De nombreux écarts ont été constatés dans le fonctionnement de l’entreprise de transport aérien qui indique tout de même avoir déjà enclenché son processus de réintégration.
La Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co) a été suspendue pour un an par l’Association internationale du transport aérien (IATA) pour plusieurs cas de non-conformité aux normes d’exploitation de l’aviation civile, selon une note du régulateur du transport aérien datant d’octobre 2018. Entrée en vigueur en 2001, la certification IOSA est un programme d’audit de la sécurité opérationnelle développé par l’IATA pour évaluer les systèmes de gestion et de contrôle opérationnels des compagnies aériennes. Cet audit est conduit par des auditeurs désignés par l’IATA. La certification est délivrée pour une validité de deux ans et est renouvelée à l’issue d’un nouvel audit concluant.
Camair-Co explique
Plus clairement, avec le retrait de la certification IOSA, la compagnie camerounaise perd automatiquement sa qualité de membre de l’Association et est, également, suspendue du réseau de certaines agences de voyages à travers le monde qui n’écouleront plus ses billets. De même, Camair-Co cesse, le temps de ladite suspension, d’opérer sur l’espace européen et sur certaines destinations régionales, continentales et intercontinentales. Lundi pourtant, le site de l’entreprise continuait de proposer ses tarifs «spécial fêtes de fin d’année» pour les vols domestiques, mais également ses «tarifs exceptionnels» vers Abidjan, Bangui, Lagos et Libreville.
Comment en est-on arrivé là ? Dans l’après midi d’hier 04 décembre 2018, Le Jour a contacté le service de communication de Camair-co qui nous a fait tenir une mise au point de l’entreprise à ce sujet. Il ressort de cette note managériale que Camair-Co a déclenché, dès le mois de novembre 2017, le processus de renouvellement de sa certification. Mais si l’entreprise en vient être suspendue c’est bien parce que ledit processus n’a jusqu’ici pas été mené à son terme. Camair-Co explique : « Au terme de l’audit en fin août 2018, des écarts ont été relevés et un calendrier de la phase post-audit a été élaboré. Il convient de relever que l’identification et la fermeture des écarts constituent un passage obligé pour toutes les compagnies aériennes qui effectuent des programmes IOSA ».
Selon Camair-Co, ce temps consacré à la fermeture des écarts et à la mise en œuvre du calendrier post-audit IOSA de la compagnie a coïncidé avec la date d’expiration de sa précédente certification qui était le 28 novembre 2018. « Camair-Co dispose de 120 jours calendaires à compter de cette date pour clore son audit, afin d’être réintégrée dans le registre IOSA, conformément aux dispositions du chapitre 7 du Manuel du Programme IOSA. Les progrès accomplis dans ce sens sont rassurants pour la suite », indique la note de la compagnie aérienne. Si on s’en tient à ce calendrier, Camair-Co devrait être réintégré avant la fin de ce mois puisque l’entreprise rassure de ce que « à ce jour, le système INTELEX n’affiche aucun élément négatif susceptible de mettre en péril le renouvellement de sa certification E-IOSA 2018 ». Suffisant pour que l’entreprise s’inscrive « en faux contre les rumeurs malveillantes sur le processus de renouvellement de sa certification IOSA, lesquelles sont propagées depuis quelques jours sur les réseaux sociaux et par certains individus mal intentionnés, avec la volonté manifeste de nuire à sa bonne réputation ».
Audit et contre-audit ?
Il convient toutefois de préciser qu’une note préoccupante signée d’un «Collectif des 53 employés Camair-Co abusivement mis à la retraite» vient d’être adressée au président Paul Biya. Dans ce document dont Le Jour a pu tenir copie, les concernés affirment que le dernier audit de renouvellement de la certification IOSA de la Camair-Co «a relevé 76 écarts de sécurité, alors que celui relatif à la certification initiale, réalisé en décembre 2015, n’en avait relevé que 8».Cet accroissement, selon les signataires du mémorandum, démontre un gros relâchement dans le suivi quotidien des questions de sécurité au sein de la compagnie, alors que les écarts auraient plutôt dû s’inscrire à la baisse au fur et à mesure des audits et non l’inverse.
Plus grave, indique le Collectif, l’IATA s’apprêterait «à dépêcher une mission pour reprendre l’audit et s’assurer de la véracité des justificatifs de Camair-Co, qu’elle suspecte d’avoir été fabriqués».Pour les 53 employés «abusivement mis à la retraite», au regard des rapports de la première mission des inspecteurs de l’institution de certification, si le résultat du contre-audit relevait de fausses déclarations, une suspension supplémentaire, pouvant aller jusqu’à deux ans, pourrait être prononcée contre la compagnie aérienne nationale.
Avec 237 online