Masse salariale, achat de matériels, bourses et stages, ainsi que les acquisitions de véhicules, sont les points à surveiller de près.
La réduction du train de vie de l’Etat est une actualité permanente depuis plusieurs années au Cameroun. Au point où le président de la République ne rate pas une occasion pour rappeler les directives sur ce sujet à ses collaborateurs. Le dernier rappel a été fait en juin 2017, lorsque Paul Biya donnait les pistes à suivre pour la préparation du budget 2018. Lequel budget a pris ces orientations en compte, tant pour les dépenses dites courantes (salaires et autres dépenses de personnel, dépenses de matériels des administrations, subventions, bourses et stages) que pour les dépenses de capital (achat de véhicules, carburant et missions).
Salaires et autres dépenses de personnel
Selon une analyse réalisée par les responsables du ministère des Finances (Minfi), la masse salariale au Cameroun, évaluée à environ 70 milliards de F par mois, est en augmentation depuis 2013, du fait de la prise en charge des nouvelles recrues à la fonction publique et dans les forces de défense et de sécurité. Une hausse, selon les données disponibles, de l’ordre de 30% en cinq ans. Un constat qui aurait été réjouissant si le ratio entre les salaires et les recettes fiscales respectait les normes (seuil de convergence) qui est de 35%. Mais heureusement, on n’est pas très loin, avec un ratio de 36,7% projeté en 2018.
Mais il faut déjà connaître les efforts menés, puisqu’entre 2013 et 2015, ce ratio était de 40,6%. Vu le contexte, les pouvoirs font tout pour ramener la masse salariale à sa plus juste expression. C’est pourquoi cette année, plusieurs mesures sont envisagées pour assainir les effectifs et surtout encadrer tous les recrutements. Ces mesures sont contenues dans les directives du chef de l’Etat en rapport avec la préparation du budget de l’Etat 2018. Il s’agit notamment de la conduite d’une opération de comptage physique des personnels de l’Etat. L’objectif ici est sans doute de combattre le phénomène de personnels fantômes, ces agents qui émargent dans les caisses de l’Etat sans être en service nulle part. L’autre visage est celui de personnes qui se font recruter dans la Fonction publique mais travaillent ailleurs, notamment à l’étranger, mais qui sont payées chaque fin de mois.
A ceux-là, s’ajoutent les autres qui, parfois avec la complicité de leurs supérieurs et d’autres personnes introduites dans le système, se font établir de faux documents pouvant leur permettre de toucher trois, voire quatre salaires, au cours du même mois. L’autre mesure d’assainissement est la révision des textes disciplinaires de la Fonction publique, en vue de mieux sanctionner les abandons de postes et de bien définir les délais de prescription. Mais aussi, la rationalisation des nouveaux recrutements, le redéploiement et le renforcement des capacités des effectifs disponibles. Tout ceci pour maintenir la masse salariale en deçà de 1000 milliards.
Les autres dépenses de personnels
Entre 2013 et 2016, l’Etat a dépensé en moyenne 64 milliards par an en termes d’indemnités, primes et autres gratifications pour les agents. Mais en 2017, cette tendance a baissé d’environ 10 milliards de F. Pour au moins maintenir le cap, en attendant de pouvoir baisser davantage, les différentes administrations doivent faire de gros efforts pour rationaliser ce poste de dépenses.
Bourses et stages
Entre 2015 et 2016, l’Etat a stabilisé l’enveloppe destinée aux bourses et stages à 30 milliards de F, après une augmentation les années antérieures. Mais en 2017, cette dotation a baissé de huit milliards de F, pour traduire les efforts de réduction du train de vie de l’Etat. Cette année, ce plafond sera maintenu. Pour y arriver, les frais de stages des agents de l’Etat, à l’intérieur et hors de nos frontières, l’organisations des séminaires, colloques et autres fora ont été diminués. Toutefois, les lignes budgétaires dédiées aux bourses des étudiants des universités d’Etat et élèves des grandes écoles sont préservées
Carburant et missions
Pour ce qui est du carburant et des missions tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, aucune donnée chiffrée n’a filtré. Mais quelques graphiques laissent voir que les dépenses de l’Etat pour ces postes tendent à diminuer. « Les dotations constituées dans le budget pour ces natures de dépenses par rapport à l’enveloppe globale des biens et services restent bien maîtrisée », affirme une source bien introduite. A titre d’illustration, l’enveloppe du carburant tourne autour de 5% du budget des biens et services, alors les missions représentent respectivement 4% pour l’intérieur du pays et 1% pour l’étranger. D’ailleurs sur ce volet, Cyrill Edou Alo’o, directeur général du budget au ministère des Finances assure qu’au niveau des missions, « on a opté pour la programmation de sorte qu’au mois de février, chaque administration doit déjà connaître le nombre de missions à effectuer tout au long de l’année pour que nous ayons une lisibilité dans cette catégorie de dépenses. Les missions à l’international doivent également être réduites, tant au niveau du nombre que de la taille des équipes ».
Achat des véhicules
Ici aussi, les montants chiffrés ne sont pas précisés. Toutefois, il est facile de remarquer, sur la base d’un tableau comparatif au fil des ans, que les allocations budgétaires pour l’achat des véhicules au sein de l’administration ont considérablement baissé. Ainsi, de 2,6% du budget d’investissement public global en 2013, l’enveloppe des voitures est descendue sous la barre de 0,5% depuis 2016. Et cela est maintenu en 2018.
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