Après les festivités de la prestation de serment marquée par une liesse populaire dans le camp de ses militants, il importe à présent de s’interroger sur l’équipe que compte diriger Paul Biya pour son mandat des « Grandes opportunités ».
Le président camerounais Paul Biya vient de prêter serment pour un septième mandat à la tête du pays. Bien que le chef d’Etat reste le même, de profonds changements sont annoncés dans la gouvernance que le président veut impulser pour venir à bout des difficultés auxquelles le pays est confronté. Pour y arriver, le chef de l’Etat réélu a besoin d’opérer plusieurs ajustements dans l’appareil de l’Etat au vu des enjeux évoqués le 6 novembre dans son discours inaugural. Trois options s’offrent à lui.
Un gouvernement de technocrates pour rapidement implémenter le plan directeur d’industrialisation dont il dispose déjà, afin de renverser la balance commerciale qui est chroniquement déficitaire selon ses propres termes.
Il pourrait tout aussi privilégier un gouvernement politique pour mieux préparer les élections de 2019 qui s’annoncent rudes au vu du visage que le corps électoral camerounais a présenté, celui des citoyens qui ont (re)pris goût à la chose politique. Paul Biya sait pertinemment qu’il ne peut aisément implémenter son programme que s’il a la majorité absolue au Parlement à savoir 91 députés au moins.
Cela n’est pas chose facile. Bien qu’ayant gagné la présidentielle avec un grand écart, le taux d’abstention avoisinait les 50%. Pour ce faire, les partis d’oppositions qui ont montré leur détermination peuvent rééditer le scénario de 92 qui a permis à l’opposition d’avoir la majorité à l’Assemblée nationale du pays. Il a fallu coaliser avec certains partis de cette époque, notamment le MDR de Dakole Daissala pour avoir la majorité et pouvoir former un gouvernement. Il peut tout aussi faire un gouvernement mixte pour parer aux deux éventualités.
Si pour le président réélu, le temps est au choix d’un plan de gouvernance, pour ses collaborateurs de l’ancienne mandature, ses camarades de parti et ses soutiens de l’opposition, le temps des manœuvres de positionnement est arrivé. Plusieurs opérations de charme de certains, campagne de dénigrement pour d’autres via les journaux et télévisions à gage sont déjà utilisés pour la circonstance. Pour ceux-là, la nuit aux longs couteaux venait de commencer. Elle ne s’achèvera qu’après formation du nouveau gouvernement.
De même, il faut noter que Paul Biya pourrait davantage offrir la chance à ses plus jeunes compatriotes. « (…) J’ai aussi compris votre désir de mieux participer à la prise de décision qui engage notre pays. J’en tiendrai compte ayant à l’esprit que le Cameroun de demain se fera avec vous (…) », a-t-il lancé. Après avoir formé plus de 33 gouvernements en 36 ans de pouvoir, Paul Biya saura certainement composer entre, jeunes et moins jeunes, technocrates et politiques, francophones et anglophones pour l’émergence du Cameroun.
Avec afriqueorient