La production de cacao a chuté de près de 38 000 tonnes entre la saison 2015-2016 et la campagne 2016-2017 finissante. Une baisse qui s’explique par la contrebande, favorisée par la chute des cours. Les exportations ont, elles, progressé de 5% sur la même période.
Une campagne 2016-2017 en demi-teinte. C’est ce que n’a pas manqué de relever le ministre camerounais du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, le 19 août, dans la localité de Ntui, au centre du pays, en lançant la saison 2017-2018. Car le cinquième producteur mondial de cacao a subi la chute des cours mondiaux, de l’ordre de 40%.
« En valeur FOB (Free on Board, « franco à bord » en français, ndlr), la moyenne à Douala était de 1 423 F CFA le kilogramme contre 1 895 F CFA lors de la campagne précédente », reconnaît Michael Ndoping, le directeur général de l’Office national du cacao et du café (ONCC).
Cette baisse du prix a encouragé la contrebande. La production commercialisée en a été affectée, puisqu’elle se situe à 231 642 tonnes, en baisse de 37 853 tonnes (-14%) par rapport à celle de la campagne 2015-2016, confirmant l’évolution en dents de scie observée depuis une décennie. « Cette baisse résulte de la sortie non maîtrisée du cacao vers le Nigeria voisin et des sorties frauduleuses grandissantes au niveau du port de Douala », confirme Michael Ndoping.
Prime à la qualité
Plus de 95% de la production est constituée de cacao de grade 2 (moyennement fermenté) qui contribue à tirer la qualité vers le bas et provoque une décote de l’ordre de 200 à 250 livres sterling (227 à 283 euros) par tonne de l’origine Cameroun à Londres. C’est la raison pour laquelle les autorités camerounaises entendent instaurer une prime de qualité à l’achat et à l’exportation.
Quant aux exportations, elles ont progressé de 5% par rapport à la saison précédente, s’élevant à 197 365 tonnes. Avec 35,29% des quantités exportées, Telcar Cocoa (Cargill) maintient son leadership, en devançant Olam (24,10%). La Hollande demeure le premier importateur de l’origine Cameroun en absorbant 68% de des quantités, loin devant l’Indonésie (13,5%) et la Malaisie (8,7%).
Baisse de la redevance à l’exportation
Essentiellement boostée par le broyeur Sic Cacaos (Barry Callebaut) et le chocolatier Chococam (Tigre Brands), la transformation locale progresse légèrement pour culminer à 33 023 tonnes.
Pour atténuer l’impact de la baisse des cours mondiaux, le gouvernement a fait un geste le 11 août dernier, en réduisant de moitié la redevance à l’exportation, qui est ramenée à 75 F CFA par kilogramme. Celle liée à la transformation est de 15 F CFA. Yaoundé espère que les exportateurs répercuteront cette baisse aux producteurs qui ont perçu entre 60% et 72% du prix FOB du kilogramme de la fève.
Avec jeuneafrique