En ballotage défavorable dans leur base électorale, Philemon Yang, Atanga Nji, Mafany Musonge, Niat Njifenji, Jean Nkueté et Cavaye ont perdu le sommeil.
Premier ministre sans discontinuer depuis le 30 juin 2009, Philemon Yang qui n’a jamais véritablement tiré sa légitimité d’une certaine base électorale dans son Nord- Ouest natal, est plus que jamais confus. En plus de n’avoir pas réussi à ramener la sérénité dans la région après moult tentatives, l’ancien ambassadeur du Cameroun au Canada est hanté par la sévère déconvenue du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) à l’élection sénatoriale de mars dernier.
En pleine pré-campagne électorale en vue de la présidentielle du 07 octobre prochain, le Social Democratic Front (SDF), qui a raflé les sept sièges de sénateurs en jeu dans cette région, a recommencé à donner des insomnies à Paul Atanga Nji, le truculent ministre de l’Administration territoriale (Minat), à qui il revient la gloire d’avoir fragilisé l’assise du parti de Ni John Fru Ndi dans le département de la Mezam (Bamenda) en particulier, et d’avoir permis au Rdpc de contrôler aujourd’hui 19 mairies sur les 34 que compte la région. Mais le contexte de 2007 ou de 2013 est bien différent de celui de 2018.
Si dans son ensemble l’élite politique du Nord-Ouest bat en ce moment les records d’impopularité, ce qui signifie que les recettes mises sur pied par le pouvoir pour glaner des voix vont s’avérer inopérantes, un visage comme Akere Muna, qui brigue la présidence de la République sous la bannière du Front populaire pour le développement (Fpd), pourrait constituer une excellente alternative pour une majorité d’électeurs décidée à matérialiser le divorce avec le Rdpc.
L’ouverture sur le Cameroun. Fils de la région – il est de Mbengwi dans le département de la Momo -, le célèbre avocat aura sans doute pour principal challenger dans cette circonscription électorale le candidat du SDF à la présidentielle du 07 octobre prochain. Bien que du Sud-Ouest, Joshua Osih, qui bénéficie de l’adoubement du chairman John Fru Ndi et de la base électorale du parti, se positionne déjà comme principal bénéficiaire d’un vote sanction programmé contre le parti au pouvoir et ses barons locaux.
Manoeuvres
Dans le Sud-Ouest, le président de la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme et non moins chef de la délégation permanente du Rdpc pour le Sud- Ouest, Peter Mafany Musonge, semble avoir perdu toute légitimité. A l’Ouest, Maurice Kamto embarrasse sérieusement le gratin local du Rdpc dont le président du Sénat, Niat Njifenji, et le secrétaire général du Comité central du Rdpc, Jean Nkueté, originaire comme lui du département des Hauts-Plateaux.
Le président et candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) apparaît en effet comme le candidat le plus sérieux originaire des Grass-Fields depuis John Fru Ndi en 1992. «vote identitaire » dont il pourrait bénéficier de la part des siens – c’est généralement le cas pour tous les candidats -, l’ « enfant du village » peut notamment compter sur une partie de la diaspora et l’intelligentsia jeune de la région, qui lui est favorable.
En dehors du Noun où le candidat de l’Union démocratique du Cameroun (Udc), Adamou Ndam Njoya a les pieds solides, il n’est pas utopique d’imaginer que l’Ouest penche à l’occasion de la prochaine présidentielle pour le Mrc. Majoritairement acquis au Rdpc quand ce n’est pas à ses partis satellites à l’instar de l’Alliance nationale pour la démocratie et le progrès (Andp) ou du Mouvement démocratique pour la défense de la République (Mdr), l’Extrême-Nord fait désormais partie des cibles privilégiées de certains partis de l’opposition à l’instar du Mrc (confère interview).
Le président de l’Assemblée nationale, Cavaye Yeguié Dibril, voit d’un mauvais oeil la pénétration de ce parti politique dans son fief. Le 14 juin dernier, sous son regard bienveillant, des effigies du Mrc ont été brulées à Maroua, alors que son président, Maurice Kamto, était en tournée dans la région.
Avec actucameroun