Au Cameroun, Paul Biya joue l’apaisement. Le président camerounais a décrété l’arrêt des poursuites contre certains leaders et activistes anglophones. Ils étaient jugés par un tribunal militaire de Yaoundé après les violences qui ont secoué en décembre 2016 les deux régions anglophones du pays.
Les autorités camerounaises assurent que les trois principaux concernés sont déjà sortis de prison ou sur le point d’être libérés. Deux d’entre eux devaient comparaître justement ce jeudi matin : l’avocat Agbor Balla et l’universitaire Fontem Neba étaient jugés pour terrorisme et incitation à la sécession.
La troisième personnalité concernée est un ancien magistrat à la Cour suprême, mis à la retraite pendant sa détention et qui n’a d’ailleurs jamais été jugé. Il est détenu au secrétariat d’Etat à la Défense depuis plus de sept mois et il est rentré chez lui ce matin.
Près de 70 personnes concernées
Les autorités camerounaises précisent qu’entre 60 et 70 autres personnes doivent être libérées ce jeudi, comme le confirme le porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary : « 60 à 70 autres personnes impliquées dans cette même opération pourraient donc également retrouver la liberté conformément au communiqué de la présidence ».
La liste n’est pas complètement définitive, les juges et les avocats sont en train de régler les derniers détails. Les autorités précisent que les seuls qui resteront en prison seront ceux qu’elles appellent des criminels, c’est-à-dire qui auraient été arrêtées en possession d’armes. Le gouvernement explique avoir affrété deux bus, pour que les ex-détenus puissent être reconduits dans les deux grandes villes anglophones, Bamenda et Buea.
La libération des leaders, c’était l’une des principales revendications des populations anglophones. Le président a donc voulu faire baisser la pression, quelques jours avant la rentrée scolaire. La date n’est sans doute pas un hasard. L’année dernière, les élèves des régions anglophones n’ont pas eu de cours pendant des mois et les autorités semblent vouloir éviter un scénario similaire. D’ailleurs, la presse camerounaise rapporte que des renforts militaires ont été récemment envoyés dans ces régions pour s’assurer que les écoles rouvriraient bien leurs portes lundi prochain.
Avec RFI