La start-up camerounaise Vairified a mis au point une application dont le premier service, nommé Taxi Vairified, a pour but de renforcer la sécurité des usagers à bord des taxis. Quelque 600 véhicules participent au lancement de l’opération dans les villes de Douala et de Yaoundé ce mercredi.
Afin de diminuer le nombre d’agressions dans les taxis, la start-up camerounaise Vairified a créé une application du même nom, mise en service au début du mois d’avril. Disponible sur Google play et sur l’App Store, cette nouvelle plateforme propose un premier service appelé Taxi Vairified qui est officiellement lancé, mercredi 20 avril, avec 600 taxis partenaires à Douala et Yaoundé. Celui-ci permet le partage d’informations, sous la forme de publications approuvées et validées par la majorité des membres de la communauté, et le référencement des véhicules utilisés.
« Chaque taxi participant va disposer d’un numéro affiché dans la voiture. L’usager peut ensuite le retrouver pour commenter ses services, le recontacter, etc. Ce numéro est aussi un gage de sécurité car il permet de retrouver des informations telles que le numéro de permis du chauffeur principal propriétaire, son nom, son numéro de syndicat ou de téléphone, et l’immatriculation de la voiture », annonce Patrick Ehode, dirigeant de la start-up.
L’idée est que chaque usager puisse noter et suivre les taxis qu’il emprunte. Ces derniers sont alors recommandés s’ils ont reçu des avis favorables. Concernant les coûts, le communiqué de presse de l’entreprise indique que les « Taxis Vairified ne se différencient guère des taxis ordinaires en termes de tarifs, il n’y aura donc aucune augmentation de prix à relever ».
Qui va utiliser Taxi Vairified ?
Pour Patrick Ehode, Taxi Vairified va permettre de rendre accessible au plus grand nombre des services non destinés à des revenus modestes. Chaque usager pourra par exemple bénéficier de services généralement dispensés par des véhicules loués avec chauffeur. Mais encore faut-il être connecté, et disposer de l’application.
Même si les technologies de l’information sont de plus en plus utilisées en Afrique et que le taux de pénétration d’Internet sur le continent est en hausse, certains demeurent sceptiques quant à l’utilisation des nouvelles applications mobiles. Frank William Batchou, journaliste-blogueur basé à Douala, met l’accent sur le fait que « peu de personnes téléchargent des applications, surtout quand elles ne sont pas encore à la mode comme c’est le cas pour Facebook, Twitter, Instagram, ou encore Whatsapp ».
De plus, le journaliste indique que la promotion de Taxi Vairified se fait surtout en ligne. Ce qui pourrait privilégier une certaine catégorie de la population : la plus connectée certes, mais aussi sûrement la plus aisée financièrement. Dès lors, il se montre peu enthousiaste : « Ce sera un peu compliqué parce qu’on a assez de taxis, et à tout bout de champ, on peut prendre un taxi course sans avoir recours à une application ! ». Même bémol concernant le renforcement de la sécurité à bord des taxis : « Je cherche encore où sera la sécurité quand on sait que la majorité des taxis à Douala sont conduits par deux, voire trois chauffeurs. En cas d’agression, qui arrêtera-t-on ? ».
La start-up Vairified pionnière au Cameroun
Installée dans le centre-ville de Douala, la start-up Vairified a été créée par Patrick Ehode en 2014. Formé en génie logiciel et en finance, il dirige une équipe d’une dizaine de jeunes Camerounais. Avant de lancer Taxi Vairified, il a mené une période test de deux semaines à Douala sur vingt taxis. « Les retours sont excellents ! », s’exclame-t-il. « On ne s’attendait pas à une telle popularité et un tel engouement, surtout de la part de la profession des taxis ». Il poursuit en expliquant que « cela leur permet de montrer leur bonne foi au client qui avait peur d’emprunter des taxis, ainsi que d’entrer dans le marché des courses jusque là réservé à certaines compagnies de luxe ».
Patrick Ehode annonce aujourd’hui avoir atteint le chiffre de 3 000 téléchargements de l’application Vairified. Et se fixe un objectif : dépasser le cap des 10 000 dans le mois du lancement. Alors qu’aucun service de la sorte n’existe au Cameroun, remportera-t-il son défi ?
avec jeuneafrique