Les activités économiques au Cameroun sont impactées par la crise dans la partie anglophone du pays. Dans ces territoires, les plus importants en termes de production de pétrole et d’exploitations agro-industrielles, les blocus récurrents entravent les échanges commerciaux entre les deux parties du pays.
La crise politique dans la partie anglophone du Cameroun impacte profondément l’économie du pays. La baisse de moral était palpable cette semaine dans les regards des commerçants et des entrepreneurs. D’après le syndicat des transporteurs de la gare routière de Bonabéri à Douala, un site de liaison entre le Cameroun francophone et anglophone, les activités ont chuté de 75%.
« Avant, nous avions 35 véhicules de Kumba à Douala, tous les matins… Maintenant, nous sommes tombés à 15 véhicules, voire 10. Les gens ont peur de mettre leur argent dans les affaires parce qu’ils ne savent pas de quoi demain sera fait », indique un transporteur.
L’impact est effectivement national. Le scénario de Bonabéri est le même au marché Kolouloun. « Cette période est très difficile. Si on veut parler clair, c’est aussi à cause des problèmes du côté anglophone que le Cameroun est en train de traverser. Parce que les anglophones aussi sont très actifs dans les activités commerciales, surtout ici, au marché Kolouloun. Du coup, quand ils ne sont pas là, on est vraiment freiné », relève un commerçant avec regret.
En effet, compte tenu de l’importance des régions anglophones, les blocus pèsent lourdement. L’approvisionnement des usines de Douala en cacao s’effectue au ralenti. « C’est une réalité qui est implacable. L’impact va grandissant. Ces régions nourrissent en partie des villes comme Douala. La région de Buea est une des plus actives et innovantes en matière de startup. Forcément, c’est le pays qui y perd », souligne Protais Ayangma, président d’ECam, une association d’entreprises. Un point de vue partagé par l’économiste Dieudonné Essomba qui souligne :
« le Sud-Ouest (anglophone .ndlr) est incontestablement la région la plus importante par sa production de pétrole et ses exploitations agro-industrielles telles que la CDC, Pamol, etc. Cette région représente à elle seule pratiquement 45 % des recettes en devises ».
D’après lui, l’économie nationale est menacée alors qu’on sait que 1.511 entreprises ont été créées dans les deux régions anglophones depuis 2011.
Les revendications
La crise dans la partie anglophone du Cameroun a commencé il y a un peu plus d’un an en novembre 2016. Des enseignants et des avocats de la région se considérant marginalisés, avaient commencé à réclamer de meilleurs traitements. D’après la presse locale, une grande partie de leurs revendications ont été jugées légitimes, non seulement par les organisations de la société civile, mais également par les pouvoirs publics, qui ont pu en satisfaire quelques-unes. Mais alors que la situation a dégénéré dernièrement, les officiels soupçonnent une manipulation de la part de la diaspora en Europe avec d’autres revendications à la clé : la séparation des régions anglophones du reste du pays ou au moins le retour au fédéralisme.
Face au refus catégorique du régime de Paul Biya, la crise ne cesse de s’emballer. Les régions ont connu des manifestations et des affrontements parfois mortels entre les activistes et les forces de l’ordre, des journées villes mortes, des couvre-feux et autres décisions telle que la suspension d’internet en début de cette année avant sa remise en service en avril 2017. Malgré son importance dans l’économie du pays, la partie anglophone ne compte que 17,5% de la population qui s’attend à de meilleurs attentions compte tenu de son poids économique et financier.
Avec latribuneafrique