Tous les indicateurs confirment désormais que le Cameroun n’atteindra pas ses objectifs de production de 600 000 tonnes de fèves de cacao en 2020, comme prévu dans le plan de relance des filières cacao-café, adopté par le gouvernement en 2014.
Selon Fitch Solutions, filiale de Fitch Group au même titre que l’agence de notation financière Fitch Ratings, la production cacaoyère du Cameroun culminera à seulement 330 000 tonnes en 2023, soit un peu plus de la moitié des prévisions du plan de relance pour 2020, année au cours de laquelle elle ne dépassera pas 285 000 tonnes.
A en croire les analystes de Fitch Solutions, ce n’est qu’en 2021 que la production cacaoyère du Cameroun atteindra la barre des 300 000 tonnes, avant de croître progressivement de 15 000 tonnes par an, jusqu’en 2023.
Ces projections sont d’autant plus plausibles qu’en dépit de la crise dans les régions anglophones du Cameroun, qui prive le pays d’une bonne partie de sa production cacaoyère, de nouvelles plantations aux rendements améliorés entrent progressivement en production sur le territoire camerounais, à la faveur d’un programme de rajeunissement et de création des plantations lancé en 2012 par l’interprofession cacao-café.
Baptisé « New Generation », ce programme a déjà permis de créer 1 533 hectares de cacaoyers dans le pays, selon les pointages effectués par ses initiateurs.
Concrètement, ce programme, qui découle d’une étude révélant que la moyenne d’âge des producteurs dépassait 60 ans dans certains bassins de production, s’articule autour du recrutement de jeunes intéressés par la cacaoculture, pour une formation étalée sur 3 ans.
Au sortir de ce cursus, les recrues qui auront préalablement pris l’engagement de créer au moins 3 hectares de cacaoyères, reçoivent de l’interprofession cacao-café tout le nécessaire (sauf la terre et la main-d’œuvre) et le suivi adéquat, pour devenir des entrepreneurs agricoles, spécialisés dans la production du cacao.
Au demeurant, l’intéressement des jeunes à la culture du cacao et la création des plantations nouvelles à rendements élevés n’auront pas suffi pour réaliser le rêve des concepteurs du plan de relance des filières cacao-café au Cameroun.
Jugé irréaliste dès le départ par certains experts, ce plan n’a pas été implémenté de manière efficace, à cause principalement des difficultés à pouvoir mobiliser l’enveloppe pharaonique de 600 milliards FCFA requise.
Même la revalorisation de près de 300 % de la redevance sur les exportations des fèves, au début de la campagne cacaoyère 2014-2015, dans l’optique de financer le plan de relance des filières cacao-café, n’a pas permis de mobiliser les fonds escomptés.
Au cours de la campagne cacaoyère 2017-2018, afin de ne point décourager les producteurs face à la baisse des cours mondiaux, le gouvernement camerounais a même dû consentir une réduction de 50 % sur cette redevance, afin que les exportateurs puissent acheter les fèves auprès des producteurs, à des prix attractifs.