Au Cameroun, la gestion locale des terres provoque des conflits non seulement entre locaux mais aussi entre autochtones et grands exploitants forestiers ou industriels, qui s’accaparent de vastes terres.
La société civile se penche sur la question depuis le début de cette semaine. Près de 400 personnes sont réunies à Yaoundé, dans le cadre de la “semaine du foncier au Cameroun“.
Les organisateurs se donnent cinq jours pour trouver des solutions pérennes à la gestion des terres au niveau local.
Cela a été l’occasion pour certains participants d’égrener les problèmes fonciers rencontrés au niveau local.
“On n’a pas là où cultiver, et où habiter”, confie à VOA afrique, Alphonsine Mefoumane, une pygmée qui réside à Djoum,à plus de 276 km de Yaoundé. Alphonsine lors de la semaine du foncier au Cameroun, dénonce la marginalisation des pygmées.
“Les Bantous nous disent que nous n’avons pas accès au terrain parce que nos parents n’ont pas travaillé comme les leurs. Et cela pose un problème, puisqu’on nous chasse”, dit -elle.
La rencontre d’échanges, a aussi permis d’écouter le malaise foncier de la région de l’Est, la principale zone forestière du Cameroun où l’on enregistre aussi des désagréments sur la gestion locale de la terre.
“A l’Est la pression sur la terre est occasionnée par les mieux nantis, qui viennent des grandes villes”, déclare Angèle Ango, membre d’une ONG de protection de l’environnement à Lomié, dans la région de l’Est.
“Ils achètent des grandes espaces, à vil prix, contre des pots de vin et s’approprient des milliers d’hectares pour mettre en valeur et mettre des plantations de palmeraie ou cacaoyère, c’est la menace qu’on a au niveau locale”, ajoute t-elle.
La situation est encore plus inquiétante pour les Mbororos du Cameroun, une population d’éleveurs nomades. Ils font eux aussi face aux défis de la gestion locale du foncier. On les retrouve par exemple dans la localité de Balamba, région du centre. Mais leur présence ici a souvent générer des conflits avec des agriculteurs.
“Quelques fois les Mbororos ont été dépossédés des terres qu’ils ont occupées ou exploitées pendant des centaines d’années”, déplore Moussa Usman Ndamba, Vice-président de l’association pour le développement social et culturel des mbororo.
“Nous insistons sur une réforme de la loi foncière qui prend en considération, les utilisateurs des terres communautaires, qu’ils soient éleveurs ou agriculteurs”,espère M. Moussa Usman Ndamba.
Mais le plus grand défi de la gestion foncière au Cameroun, est la disponibilité d’une liste de tous les projets qui ont une emprise sur la terre. Pour la société civile, cela passe par la mise sur pied de l’observatoire du foncier au Cameroun.
“On pourra plus facilement visualiser l’emprise réelle de ces projets et leur localisation sur une carte”, rassure Samuel Nguiffo, secrétaire général du centre pour l’environnement et le développement.
“On pourra également voir quels sont les chevauchements éventuels de droit entre les différentes affectations par l’Etat. Le deuxième intérêt de voir les chevauchements entre les droits concédés par l’Etat d’une part et d’autre part les droits revendiqués par les communautés”, argumente t-il.
Le Cameroun a une législation foncière obsolète. La dernière grande réforme foncière a eu lieu en 1974, des décennies avant la pression démographique actuelle.
Avec VOA