Cela fait des mois que politiques, intellectuels et chefs d’entreprises au Cameroun réclament le rétablissement d’internet dans les régions anglophones, sevrées depuis près de trois mois. A ces voix vient s’ajouter celle de l’ONU, mais de façon très tempérée.
« C’est une situation déplorable. Mais je suis persuadé que cet important outil de développement, de communication et d’épanouissement collectif sera progressivement rétabli sur l’ensemble du territoire camerounais. »
« J’encourage le gouvernement camerounais à prendre toutes les mesures qu’il jugerait appropriées, dans les meilleurs délais et dans le cadre de la loi, afin de créer des conditions favorables au renforcement de la confiance nécessaire à la sortie de crise ».
Ces mots sont ceux prononcés par le Représentant spécial du Secrétaire général et chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA), M. François Louncény Fall, en conférence de presse hier, mercredi 13 avril, avant de quitter le Cameroun où il a passé quatre jours de visite officielle. Il était venu toucher du doigt, pour la deuxième fois consécutive, l’évolution de la crise au Nord-Ouest et Sud-Ouest, où le Cameroun a privé ces population d’internet depuis près de trois mois.
Mais selon le rapport de cette visite par M. Fall, pas d’atteinte aux droits de l’homme déclarée, pas d’indignation, pas de condamnation de cette situation qui perdure, mettant à la mal la situation économique dans ces régions du Cameroun. Le Représentant spécial et chef de l’UNOCA fait état de ses « échanges fructueux et pleins d’espoir » avec les membres du gouvernement, la société civile, des leaders de l’opposition, des membres du corps diplomatique et ceux du Système des Nations Unies. Il a également appelé les autorités camerounaises à examiner « avec diligence » les difficultés des populations et des entrepreneurs. Une démarche qui commence à faire réagir sur les réseaux sociaux.
Pourtant, les appels du pied et les réclamations se multiplient via différents canaux de communication dont les réseaux sociaux. Le Hashtag #Bringbackourinternet sur Twitter ne cesse d’être alimenté. A Buéa, à Limbé ou ailleurs dans les régions anglophones, les populations comptent les jours, obligés de se résoudre à des gymnastiques sans nom pour poursuivre leurs activités et rester en communication avec le reste du monde.
Après un séjour officiel en Italie qui a duré trois semaines, le président de la République, Paul Biya, est de retour avec son épouse ce jeudi 13 avril. Depuis, lui aussi est muet sur cette coupure d’internet et ses conséquences sur l’économie.