C’est une situation douloureuse pour les finances du Cameroun. Les pertes de recettes douanières accumulées par ce pays d’Afrique Centrale depuis la signature en 2016 des Accords de partenariat économique (APE) avec les pays de l’Union européenne sont estimées par la Direction générale des douanes (DGD) à plus de dix milliards de Fcfa. Et le manque à gagner risque de s’alourdir car les APE s’étalent sur 15 ans.
Cela a tout d’un mauvais deal. Les Accords de partenariat économique (APE) entre le Cameroun et les pays de l’Union européenne, entrés en vigueur en 2016 après un accord d’étape sept ans plutôt, ne déboucheraient que sur des pertes de recettes douanières énormes pour le Cameroun.
Au premier trimestre de l’année en cours, la Douane camerounaise a enregistré une baisse de recettes estimée à plus de dix milliards de Fcfa. La Direction générale des douanes (DGD) impute principalement le manque à gagner à l’accord bilatéral entre les pays de l’UE et l’Etat camerounais. Et ce n’est que le début d’un long voyage au bout de l’enfer pour ce pays d’Afrique Centrale dans la mesure où le démantèlement des barrières douanières camerounaises au profit des pays de l’UE s’étalera sur 15 années.
Pire encore, les pertes pour le Cameroun risquent de s’accumuler pour les années à venir car l’UE a bien l’intention d’augmenter son volume d’échanges avec le pays de Paul Biya. Environ 1800 produits européens sont concernés. Ils bénéficient d’un abattement douanier de 25%, sur une période de quatre ans. L’accord prévoit une libéralisation de 80% des importations venant de l’Union européenne d’ici à 2032.
Le déficit budgétaire du pays reste béant
Un autre désavantage pour le pays africain : l’accord permet au Cameroun d’exporter des produits agricoles et pétroliers vers le marché européen mais la valeur marchande des ananas et cacao camerounais n’est rien comparée à celle des produits manufacturés des pays de l’Europe. De plus, le secteur des hydrocarbures au Cameroun affiche depuis le début de l’année en cours des contre-performances avec un impact cumulé sur la balance commerciale. D’après la Société nationale des hydrocarbures, la production du pays a chuté de 20,8% entre janvier et avril 2017. Or, les recettes tirées de la vente de l’or noir occupent une part importante dans le budget de l’Etat camerounais.
Résultat : le pays qui s’est vu accordé un crédit de près de 700 millions de dollars par le Fonds monétaire international (FMI) au mois de juillet dernier, en échange d’un programme économique sur trois ans pour compenser la baisse des cours du baril de pétrole brut sur le marché international, a cruellement besoin d’améliorer ses recettes douanières. Yaoundé mise sur le renforcement des contrôles, la lutte contre la fraude et la contrebande, entre autres mesures, pour amasser près de 600 milliards de Fcfa de recettes afin d’établir son équilibre budgétaire qui devra se contracter à 4,3% à partir de 2017 contre 6,9% l’année précédente.
Avec latribuneafrique